Alors que le Luxembourg se remet doucement en marche après trois mois de confinement, le secteur de l’entreprise continue de s’adapter, lui qui n’a pas été épargné. Entre communication digitale et nouvelle organisation, Pétillances, l’organisme de formation dédié au développement des compétences comportementales, a également dû composer avec une situation inédite. L’occasion pour l’entreprise d’entrevoir de nouveaux enjeux et de “penser l’après”. Rencontre avec Tom Girardin, Managing Partner au sein de Pétillances.
Comment avez-vous vécu le confinement au sein de Pétillances ?
L’annonce du confinement fut une expérience peu plaisante, car nous avons été submergés par des annulations de la part de nos clients en à peine quelques heures. L’équipe a su gérer ce flux d’échanges de façon professionnelle et pragmatique alors même que le stress déclenché par les conséquences que le confinement allait avoir sur l’entreprise et notre quotidien était déjà palpable.
Votre organisation a-t-elle changé ?
L’organisation du confinement a toutefois été plus aisée, d’abord parce que le télétravail partiel faisait déjà partie intégrante de nos habitudes de travail, tant d’un point de vue informatique qu’organisationnel. Ensuite, l’arrêt forcé presque complet de notre activité nous a laissé la marge de manœuvre nécessaire afin de nous adapter au travail à distance. Nous avions d’ailleurs déjà commencé à réduire volontairement les interactions au bureau une semaine avant l’annonce officielle du confinement.
Comment avez-vous adapté vos méthodes d’accompagnement ?
Après le choc initial, nous avons choisi de nous centrer sur la préparation de la reprise. Comme nos formations sont basées sur les exercices d’équipe, nous les avons repensées pour pouvoir les offrir aux clients souhaitant maintenir le développement des compétences de leurs collaborateurs, ou d’autres qui souhaitaient profiter de l’allègement de l’activité pour former leur personnel. Une partie de nos clients préfère toujours reporter les formations et ne pas avoir recours aux alternatives digitales, d’une part à cause d’un manque d’infrastructure ICT interne ou chez leurs salariés. D’autre part, nous sentons une difficulté d’intégrer ce changement dans la délivrance de formations chez certains de nos clients, bien que notre équipe de formateurs se soit très vite adaptée et adopté la délivrance digitale de formations, à tel point que nous allons maintenir cette façon d’opérer lorsque ce sera possible une fois le virus vaincu.
Pour l’accompagnement personnel et le coaching, la digitalisation est depuis de nombreuses années une option que nous offrons à nos clients. Soulignons que l’excellente infrastructure d’internet haut débit au Luxembourg nous a fortement aidé à pouvoir assurer des visio-conférences de qualité qui sont indispensables dans ce cadre.
Quels sont les enjeux aujourd’hui, dans un contexte post-confinement, pour Pétillances ?
Après à peine quelques semaines de confinement et quelques jours de déconfinement, nous entre-apercevons déjà plusieurs enjeux majeurs pour les mois à venir. Le premier d’entre eux est bien-entendu la sécurité de nos clients, des participants ainsi que de notre équipe. Nous optons pour une stratégie de prévention la plus en amont possible : dans ce cadre, tous les moyens sont mis à disposition pour que nos formateurs puissent assurer le déroulement de nos prestations dans des conditions de santé et de sécurité sans concessions possibles. Nous continuons à privilégier le télétravail et avons mis en place une équipe A et une équipe B qui ne se rencontreront pour l’instant que de façon digitale pour limiter la propagation du virus si l’un de nos collaborateurs y est exposé.
De notre point de vue, le second enjeu au niveau de Pétillances est également d’ordre national. En effet, les travailleurs résidents et frontaliers ont vécu un changement potentiellement traumatisant qui aura ou a déjà eu un impact sur leur santé physique ou mentale. Nous en observons déjà les effets à travers notre permanence psychosociale, qui est une plateforme d’appel mise à disposition de nos clients pour recueillir les maux de leurs collaborateurs et les aider à faire appel à leurs ressources pour avancer. Les appels que nous recevons depuis plusieurs semaines illustrent les difficultés liées au confinement et à la reprise, les appelants décrivent leurs inquiétudes face à la maladie, la gestion difficile de la vie familiale et professionnelle, les problématiques relationnelles qui se mettent en place avec les nouveaux modes de communication, etc.
De l’autre côté, nous observons une meilleure capacité à faire face à ce bouillon émotionnel chez les personnes qui nous ont contactées pour demander de l’aide, nous permettant ainsi de renforcer l’utilité de la permanence psychosociale.
Quelle “leçon” retirez-vous de cette période particulière ?
La leçon majeure que nous tirons de cette période est que la résilience des individus et des organisations est à son potentiel maximal lorsqu’elle ne se fait pas uniquement en réactif mais qu’elle est aussi préparée. L’exemple le plus prégnant est celui des infrastructures informatiques, mais il ne s’agissait que de la mise en place du télétravail en début de crise. Dans les mois à venir, de nombreux défis vont se présenter aux entreprises luxembourgeoises mais également du monde entier, car elles vont réintégrer des collaborateurs qui auront traversé cette période avec les ressources dont ils disposaient à ce moment, et qui vont revenir avec de nouvelles histoires de vies et peut-être d’autres besoins. Il conviendra alors de leur porter une attention particulière et de continuer à agir en prévention pour ne pas avoir à traverser une nouvelle crise qui serait cette fois d’ordre social.