Le créateur français Bruno Sialelli a apporté mercredi un vent de fraîcheur à Lanvin, la plus ancienne maison de couture de l’Hexagone encore en activité, avec son premier défilé applaudi au musée de Cluny à Paris.
Deux tops du moment, Gigi Hadid et Kaia Gerber, fille de Cindy Crawford, ont présenté des pièces de style streetswear et d’inspiration “boho chic” (mélange d’influences bohémiennes et hippies), dans le cadre la semaine parisienne du prêt-à-porter automne-hiver. Place aux couleurs résolument printanières – jaune, rose, bleu ciel, vert tilleul – pour une maison connue surtout pour ses petites robes noires.
L’actrice italienne Asia Argento, figure de proue du mouvement “MeToo”, était parmi les invités de la maison créée en 1889 par Jeanne Lanvin et qui était en perte de vitesse après le départ en 2015 de son styliste star Alber Elbaz, après 14 ans aux commandes.
“Il fallait que cela soit fort, que cela marque”, a déclaré à la presse en coulisse Bruno Sialelli, 31 ans.
Début fabuleux
La collection est très riche en imprimés et détails comme ces bottes en cuir avec des tiges en soie imprimée, des baskets frangés, des sacs allant des minaudières en forme de poire aux immenses cabas portés avec de longues robes fluides.
Les vestes style vareuses en bleu ciel accessoirisées avec un noeud en cuir façon cravate se déclinent au masculin et au féminin comme des gros cache-cou.
Les pulls masculins sont imprimés de Babar, cet éléphant héros de la littérature pour enfants et pour jeunes, créé par Cécile de Brunhoff et illustré par Jean de Brunhoff parce que “pour tous les Français qui ont grandi avec Babar c’est un élément très touchant et très rassurant”, souligne le créateur.
L’imprimé aux visages féminins a été inspiré par le musée Cluny choisi par le défilé. “En pensant à ce monde médiéval, on a dessiné une sorte de déesse, de prêtresse dans un style manga pour la jeunesse”, a-t-il ajouté.
“Quel début fabuleux !”, s’est enthousiasmée Suzy Menkes, la doyenne des critiques de la mode sur Instagram.
Dans une interview au Figaro, mercredi, Bruno Sialelli a rendu hommage à Jeanne Lanvin qui s’est inspirée du Moyen-Âge “en matière de coupes et de graphismes” et du modèle commercial de la fondatrice de la maison, “qui ressemble à celui qui marche aujourd’hui” visant à “élargir le public” en développant “la femme, l’homme, le tailleur, le sportswear”…
Le personnage de ce défilé est “pluriel”: “nous établissons des passerelles entre les genres, par le concept des looks, les personnages, les produits”. “Cette maison a une légitimité à offrir autre chose qu’un vestiaire du soir. On imagine la femme Lanvin porter une robe floue de couleur forte ou une robe noire et dorée avec des ballerines et des bijoux”.
Inconnu du grand public, le designer français qui a commencé sa carrière à 16 ans comme costumier junior à l’opéra de Marseille, a travaillé précédemment sur les collections homme chez Loewe (groupe LVMH), ainsi que pour les collections femme chez Balenciaga, Acne Studios, et pour Paco Rabanne.
Lanvin a voulu faire appel à “son habilité avérée à évoluer de l’univers masculin à l’univers féminin (…) à l’heure où l’industrie du luxe tend à estomper les frontières entre les genres”.
La maison qui connaissait de graves difficultés financières a été reprise en 2018 par le conglomérat chinois Fosun.