Notre société n’est plus imaginable sans le cancer des drogues les plus diverses. Au-delà de ce constat banal de santé et de morale civique, il y a les cartels tentaculaires, brutaux, efficaces, une menace réelle au cœur même de nos sociétés.
Par Cadfael
Une économie en croissance
La cocaïne et les drogues de synthèse sont une marchandise aux marges bénéficiaires colossales. En 2013 le journaliste Roberto Saviano analysait :« La cocaïne est une valeur refuge. La cocaïne est un bien anticyclique. La cocaïne est un bien qui ne craint ni l’épuisement des ressources ni l’inflation. De nombreux endroits du monde vivent sans hôpitaux, sans internet ni eau courante mais pas sans coke/…/ Les dépenses sont minimes, la vente est immédiate, les marges réalisées énormes ». Malgré les efforts de plus en plus sophistiqués de coopération des agences policières européennes et internationales il semble que la situation empire. Rien qu’au port d’Anvers 121 tonnes de coke ont été saisies l’année dernière. Pour l’ensemble de l’Europe le chiffre d’affaires est estimé à plus de 30 milliards d’euros par an. Le marché de la drogue est « remarquablement résilient face aux crises internationales, l’instabilité et les changements politiques et économiques ».
Les réseaux criminels s’adaptent, changent leurs logistiques et diversifient leurs méthodes. Une enquête diffusée par la RTBF en novembre de l’année dernière constatait : « des preuves indiscutables que la Belgique et les Pays-Bas occupent une position centrale dans le commerce mondial de la drogue et des armes ». Anvers et Rotterdam sont les centres névralgiques des réseaux. Hambourg vient s’y rajouter. Selon Europol : « “La violence liée à la drogue a commencé lentement mais sûrement il y a 10 ou 15 ansautour du marché du cannabis en Europe” » Les affrontements entre groupes criminels rivaux et les fusillades liées au commerce de la drogue sont des réalités quotidiennes dans certaines métropoles européennes. La France paye l’addition de son laisser-faire en matière de criminalité et de trafics de drogues dans les quartiers socialement oubliés de ses métropoles. Aux Pays-Bas Il y a quelques années un responsable syndical de la police déclarait qu’ils avaient un narco état en leur sein, autrement dit l’économie du narco trafic « exerce une influence croissante sur la société. »
La Mocro
Une nébuleuse mafieuse aux nombreuses ramifications revient souvent dans les gros titres et les analyses d’experts : La mocro belgo néerlandaise devenue leader de la distribution de mort en poudre ou de synthèse sur l’Europe. Elle est Issue de l’immigration marocaine en Belgique des année 60. Fonctionnant autour de clans berbères du Rif marocain, extrêmement structurés et bien organisés, ils blanchissent via l’Espagne, Dubaï, le Maroc grâce à des schémas sophistiqués et sont difficiles à appréhender par les agences anti-drogue. Ce qui a débuté avec le haschich est devenu un marché en gros où les drogues de synthèse deviennent des bestsellers aux cotés de la coke. Comme toute multinationale qui se respecte les divers clans de la Mocro ont des relations d’affaires avec d’autres mafias internationales, comme les irlandaises, les israéliennes, les italiennes ou les colombiennes. Certains travailleraient même avec les services secrets de nations islamistes, le trafic de drogue étant un outil efficace de financement d’opérations clandestines.
Un défi à l’état
En cas de besoin ils assassinent, kidnappent, torturent ceux qui les dérangent, journalistes, hommes politiques, concurrents comme le montrent les exemples néerlandais. En 2019 il y aurait eu le plan de kidnapper l’héritier de la couronne de Norvège et de l’échanger contre la libération d’un baron de la drogue albano-kossovar. Fin 2022 des menaces concernant la sécurité de la princesse Amalia des Pays-Bas de la part du milieu narco ont été prises très au sérieux. Il y a une semaine un juge espagnol a relâché l’un des gros bonnets les plus recherchés de la Mocro « par erreur ». Arrêté à Marbella après une enquête internationale de plus de cinq ans, il devait être extradé vers les Pays Bas. La caution de 50.000 euros a été réglée et le gros bonnet a sagement remis son passeport aux autorités et depuis il a disparu. Il ira probablement gérer ses affaires à Dubaï comme d’autres de ses collègues recherchés.
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