Pétillante, passionnée mais surtout humaniste. Ce sont les trois adjectifs qui correspondent à Elisabeth Koltz. Diplômée en conservation-restauration de tableaux et d’œuvres peintes de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels de la Cambre de Bruxelles, Elisabeth a créé sa propre plateforme avec son mari, tailleur de pierres formé chez les Compagnons du Devoir. Services d’artisans et de spécialistes, gravure, dorure, conservation ou encore restauration, c’est à Bourglinster dans une vieille bâtisse qu’ils se sont installés.
Aller chez les gens, les rencontrer, entendre les histoires, c’est ce qui fait vibrer Elisabeth Koltz. Rencontre avec une femme profondément transportée par ce qu’elle fait et par ceux pour qui elle le fait.
S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de votre parcours, ce serait…
Ce n’est pas facile pour une première question (rires). La passion ! C’est une histoire assez longue, mon milieu familial m’a poussée aussi vers ce chemin mais je suis aussi énormément passionnée par les êtres humains que je rencontre à travers mon travail.
Qu’est-ce qui vous a poussé à créer cette plateforme ?
Pendant 12 ans j’ai travaillé dans le pays de la Loire et depuis quelques années je revenais travailler au Luxembourg. J’ai senti qu’il y avait un manque dans ce domaine et c’est ce qui m’a donnée l’idée de créer cette plateforme.
Être une femme cheffe d’entreprise dans ce milieu, est-ce difficile ?
C’est un domaine où je n’ai pas l’impression qu’il y ait beaucoup de différences par rapport aux hommes, même au niveau salarial. Mes confrères conservateurs ne sont pas mieux payés que moi. On a peut-être même plus d’atouts en étant une femme.
SI vous pouviez revenir en arrière, changeriez-vous quelque chose ?
Peut-être que j’aurais travaillé dans plus d’ateliers, fait plus de stages, avec des restaurateurs confirmés avant de me lancer. La vie en a fait ainsi mais j’ai pu développer d’autre chose grâce à cela.
Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat ?
De ne pas avoir peur, d’être dynamique, de croire en soi. Les femmes sont plus en contact avec leur intuition… La peur fait qu’on se stoppe à un moment, on peut se dire mais comment faire avec un enfant ? Je fais partie de la Fédération des femmes chefs d’entreprises au Luxembourg et je trouve que justement, nous les femmes, nous avons développé une certaine énergie : parce que nous sommes maman et que nous devons gérer beaucoup de choses en même temps ! Je vais peut-être me faire lyncher par les hommes en disant cela (rires).
Quel a été votre plus gros projet ? (À part Louxor en 2004, temple de Karnak)
Le projet de rénovation du temple de Karnak à Louxor en Egypte n’était pas seulement un projet professionnel mais un projet de vie. J’ai vécu pendant 9 mois là-bas en 2004, c’était mon seul projet à l’étranger. C’était évidemment une découverte extraordinaire. Mais je pense que nous pouvons aussi avoir des découvertes fantastiques dans les petites choses. J’ai découvert des choses incroyables ici aussi, au Luxembourg.
Si vous pouviez choisir un tableau à restaurer, ce serait lequel ?
J’ai toujours adoré les Primitifs flamands du XV, XVIe siècle. J’adore Jan Van Eyck, qui vivait pendant cette période. À l’époque, ils avaient un grand savoir-faire, également dans la préparation. J’aimais beaucoup quand les peintres préparaient leurs matériaux, broyaient leurs pigments… Mais un tableau à choisir, je n’arrive pas à me décider !
Quel est votre peintre « favori » ?
C’est difficile, il y a beaucoup de peintres que j’aime. Je peux vibrer aussi pour certains peu connus ou lors d’une visite d’un musée. Mais j’ai beaucoup été plongée dans la peinture ancienne donc j’aime les natures mortes et les portraits.
Avez-vous un rêve ?
J’en ai plein ! Je pense que c’est grâce à eux que nous avançons dans la vie. Je suis sur un projet de conférence-spectacle en ce moment, j’ai envie d’écrire aussi. Je viens d’une famille très artistique, ce sont des choses distillées dans nos veines. Mais mon rêve principal ce serait que les Ateliers du Luxembourg se développe bien pour devenir une grande plateforme et d’avoir une équipe autour de moi. Tout revient énormément à l’être humain, je dis souvent que si j’étais seule dans mon atelier avec beaucoup de commandes, je serais malheureuse.