Le créateur français Jean-Charles de Castelbajac a été nommé lundi directeur artistique des collections hommes et femmes du groupe d’habillement italien Benetton, qui tente de se relancer après des années difficiles.
“Nous sommes heureux d’accueillir Jean-Charles de Castelbajac dans notre grande famille”, a annoncé le PDG du groupe, Luciano Benetton, dans un communiqué.
“Son expérience, son charisme et sa capacité de prévoir les tendances de demain, que ce soit dans la société ou dans la mode, seront une grande ressource pour notre griffe”, a-t-il ajouté.
Agé de 68 ans, M. de Castelbajac a une longue carrière, qui va de la peinture à la publicité, en passant par le street art et la mode. Il a notamment créé en 1978 la Maison Jean-Charles de Castelbajac, qu’il a quittée en 2016.
“United Colors of Benetton et moi avons toujours eu la même vision de la mode, caractérisée par la passion pour le tricot, et l’amour pour les couleurs arc-en-ciel et le pop”, a souligné le styliste, cité dans le communiqué.
“Visionnaire, United Colors of Benetton a imaginé le monde d’aujourd’hui: une mode pop, colorée, accessible à tous, universelle avec les images fortes d’Oliviero Toscani”, a-t-il rappelé.
Créée en 1965 dans le nord-est de l’Italie par quatre frères et soeur, Benetton, connue initialement pour ses petits pulls doux en laine déclinés en de multiples couleurs, a connu un succès grandissant, jusqu’à devenir planétaire entre 1982 et 2000 grâce à ses campagnes publicitaires provocantes.
Celles-ci mettaient en scène des photographies chocs d’Oliviero Toscani, comme une femme noire donnant le sein à un enfant blanc ou une religieuse à cornette embrassant un jeune prêtre.
Ironie et insolence
Mais, depuis le début de la décennie, la marque, qui s’est diversifiée dans l’habillement, n’a cessé de décliner.
Ceci a poussé Luciano Benetton, âgé aujourd’hui de 83 ans, à reprendre l’an passé les rênes du groupe qu’il avait laissées en 2012 à son fils Alessandro. Depuis le départ de ce dernier deux ans plus tard, la gestion était confiée à des managers extérieurs à la famille.
Benetton a terminé 2017 sur une perte de 180 millions d’euros, la plus importante de son histoire, mais espère voir en 2019 les premiers effets de sa nouvelle stratégie.
Luciano Benetton avait expliqué l’an passé qu’assister au délitement des United Colors of Benetton avait été “une douleur intolérable”. Selon lui, le “péché le plus grave” avait été de quasiment “arrêter de fabriquer des pulls”.
En passant au total look, l’entreprise a perdu ce qui faisait son ADN et a parallèlement peiné à se renouveler alors que d’autres acteurs entraient sur le marché du “fast fashion”, comme H&M, Zara ou Uniqlo.
Pour réagir, la holding de la famille Benetton, Edizione, a investi ces derniers mois, procédant notamment à une augmentation de capital de 100 millions d’euros.
La deuxième étape est désormais de redynamiser la marque côté look, avec l’arrivée de M. de Castelbajac.
“Issu d’un mélange de punk et de pop, son style se caractérise par l’utilisation de couleurs vives et d’icônes pop, mêlant l’ancien et le moderne avec une touche d’ironie et d’insolence”, a souligné Benetton.
Le groupe a dit partager avec lui “la passion de la contamination de la mode par l’art”, puisque le créateur français “a travaillé avec des artistes tels qu’Andy Warhol, Miguel Barcelo, Keith Haring, Jean Michel Basquiat, M.I.A et Lady Gaga”.
“Grâce aux réseaux sociaux, la mode d’aujourd’hui est visible par tous, tout en n’étant abordable que pour quelques-uns”, a souligné le styliste, en disant vouloir avec Benetton “créer la garde-robe de demain, en apportant beauté et style au quotidien, à des prix à la portée de tous”.