À l’heure où le prix de l’énergie s’envole, nombreux sont les particuliers à s’interroger quant à l’intérêt d’équiper leur maison en panneaux solaires photovoltaïques. Est-ce rentable ? Est-ce écolo ? Est-ce que c’est opportun dans un pays où le soleil n’est pas particulièrement généreux ? Les questions fusent. Voici quelques éclairages utiles pour alimenter sa réflexion.
Par Fabrice Barbian
De quoi parle-t-on ?
Le principe de l’énergie solaire consiste à produire de l’électricité ou de la chaleur, à partir de la lumière du soleil. Pour ce faire, il faut utiliser des panneaux photovoltaïques ou des panneaux solaires thermiques. Le panneau solaire (thermique) désigne généralement celui destiné à transformer le rayonnement solaire en chaleur afin de produire de l’eau chaude sanitaire et éventuellement du chauffage. Le panneau (solaire) photovoltaïque, dont il est question ici, transforme la lumière du rayonnement solaire en électricité.
Comment ça fonctionne ?
Les panneaux photovoltaïques qui sont installés sur un toit, au sol ou bien encore en ombrières, sont dotés de cellules de silicium qui captent les rayons du soleil pour transformer cette « énergie » en courant continu. Pour exploiter ce courant, il est nécessaire d’associer aux panneaux, un onduleur photovoltaïque qui permet de le transformer en courant alternatif. Ce faisant, l’énergie solaire devient exploitable et peut être utilisée pour alimenter les différents équipements électriques de la maison.
Quelle est la durée de vie d’une installation ?
Certains fabricants garantissent 80 % de la puissance initiale à 25 ans. Comprendre qu’elle s’essouffle (très sérieusement) après 30 ans. En revanche, les onduleurs ont une durée de vie peu plus courte, une dizaine d’années environ.
Autoconsommer ou revendre ?
Lorsque l’électricité produite par les panneaux photovoltaïques est « consommée » par la maison qui les accueille, on parle d’autoconsommation. L’électricité produite peut aussi, intégralement ou partiellement, être injectée dans le réseau. Il y a en la matière une « obligation d’achat » de l’énergie produite par Creos, dès lors que différents critères sont respectés, bien évidemment, à un prix fixé par un règlement grand-ducal et pour une durée de 15 ans. Le prix de rachat est plutôt attractif et les revenus tirés d’installations photovoltaïques dont la puissance est inférieure ou égale à 10 kWc ne sont pas imposés.
L’énergie solaire peut-elle être stockée ?
Oui. Pour ce faire, il est nécessaire d’utiliser des batteries voire des électrolyseurs qui transforment l’électricité en hydrogène qui est stockée avant d’être « reconvertie » en électricité selon les besoins. Mais ces systèmes de stockage sont surtout utiles lorsque le bâtiment à équiper n’est pas connecté au réseau électrique.
Quel est l’impact des panneaux photovoltaïques sur l’environnement ?
Il est nul en ce qui concerne leur fonctionnement donc c’est bénéfique pour l’environnement sur ce volet. Mais le photovoltaïque n’est pas neutre en termes de bilan environnemental puisqu’il faut bien fabriquer les panneaux et les équipements associés, ce qui génère forcément des déchets. Contrairement à un téléphone mobile, ils ne consomment pas de terres rares et autres matières premières précieuses, mais ils sont tout de même constitués de silicium, un élément que l’on extrait du sable ou du quartz et dont la production n’est pas sans impact (surtout qu’elle nécessite beaucoup d’énergie). Selon les modèles et les technologies, ils contiennent aussi des matières plastiques, de l’aluminium ou du cuivre. Ils sont généralement recyclables entre 95 et 99 % pour la plupart des constructeurs. Toute une filière est en place pour assurer ce recyclage.
Combien ça coûte ?
Impossible de le dire puisque l’investissement dépend de nombreux facteurs : surface, matériels, puissance des panneaux, travaux complémentaires, aides financières… Mais en moyenne, les spécialistes avancent des montants de l’ordre de 2 200 à 2 800 € par kWc. Les frais d’entretien sont, en revanche, légers : un petit nettoyage régulier et une révision complète tous les 5 ans.
Est-ce « rentable » ?
À lire la littérature dédiée, l’installation de panneaux solaires photovoltaïques s’avère rentable entre 12 et 18 ans en moyenne, en autoconsommation. Par « rentable », il faut comprendre qu’à l’issue de cette période, l’installation va commencer à rapporter de l’argent pendant de nombreuses années, la durée de vie des panneaux solaires étant de 30 à 40 ans. Des investissements sont néanmoins à prévoir pour remplacer l’onduleur. La production va aussi se réduire significativement après 25 ans d’usage. Deux points à prendre en considération. Primo, le coût des équipements a tendance à se réduire même si pour l’heure avec la hausse des prix des matières premières et la (forte) demande, cela reste à vérifier. Secundo, le prix de l’électricité ne fait qu’augmenter depuis des années et tout laisse à penser que cela va continuer. Lorsque la production est intégralement injectée dans le réseau, la bascule est forcément plus rapide, sur le papier en tout cas. À noter qu’il est possible de choisir de réinjecter la production dans le réseau et de changer pour l’autoconsommation par la suite. En ce qui concerne la rentabilité, pas inutile non plus de prendre en considération le fait qu’une maison partiellement ou totalement indépendante sur le plan énergétique, prend de la valeur. Mieux vaut donc sortir sa calculette pour déterminer les options les plus pertinentes pour le portefeuille.
Est-ce opportun sous nos latitudes ?
Les panneaux solaires ayant besoin de soleil pour produire de l’énergie, le rendement est meilleur dans les régions où il se montre généreux. Le grand-duché n’en fait pas vraiment partie. Cela dit, il faut savoir que par temps nuageux, les rayons du soleil percent tout de même les nuages, ce qui permet aux panneaux photovoltaïques de fonctionner de 25% à 60% de leur capacité, selon l’épaisseur de la couche nuageuse. L’alternance de soleil et des nuages peut aussi être bénéfique, car cela permet aux panneaux de se refroidir, ce qui les rend plus efficients que sous un soleil de plomb, en plein été. Les panneaux « aiment » le soleil, mais pas les grosses chaleurs. Pour rappel, en Europe, le leader du photovoltaïque est l’Allemagne.