Un bal masqué, un labyrinthe: la magie imprègne la première collection de haute couture pour Dior de Maria Grazia Chiuri, qui a fait défiler lundi une série d’éblouissantes robes longues de contes de fées.
Les premières silhouettes, noires et monacales, s’accompagnent de masques légers en forme d’hirondelle, de papillon ou d’araignée. Parfois de capuches, pour ajouter au mystère. Le tailleur Bar et sa taille très marquée, emblématique du New Look de Christian Dior, est revisité, avec de longues jupes culottes.
Les mannequins zigzaguent dans un labyrinthe végétal, où flotte une odeur d’herbe fraîchement coupée, non loin d’un arbre magique où pendent des cartes de tarot, clin d’oeil à la superstition légendaire du fondateur de la maison. Le décor, spectaculaire avec ses jeux de miroirs, est installé dans le jardin du musée Rodin où la maison organise un bal masqué dans la soirée.
Dans cette collection printemps-été très “soir”, les signes astrologiques sont brodés sur des robes bustiers. Les fleurs si chères à Christian Dior sont enserrées dans le tulle d’une robe et d’une pèlerine, évoquant un herbier. Une robe de cocktail écrue à franges, sur laquelle ont été brodées des fleurs en raphia, a nécessité 1900 heures de travail. Une robe de 1949 à la jupe de pétales brodés de paillettes est réinterprétée façon 2017 avec du tulle plissé, dans des nuances de rose pastel.
Pour accompagner les robes de bal dans ce songe d’une nuit d’été, le modiste britannique Stephen Jones a imaginé des coiffes de plumes, des couronnes de fleurs et de branchages.
Aux pieds, des chaussures à petits talons pour plus d’aisance: “la haute couture doit être magique, mais aussi portable. Et confortable: si vous allez à un bal, vous voulez danser”, explique Maria Grazia Chiuri, nommée en juillet chez Dior pour succéder à Raf Simons.
Egalité des droits
L’ancienne directrice artistique de Valentino où elle travaillait en tandem avec Pierpaolo Piccioli, a dédié cette collection de haute couture à Franca Sozzani, rédactrice en chef de Vogue Italie et figure du monde de la mode décédée en décembre.
Première femme à occuper ce poste chez Dior, l’Italienne a multiplié les références aux codes du fondateur de la maison, qui fête cette année ses 70 ans d’existence. Tout en apportant sa touche personnelle, son goût pour une féminité raffinée, l’histoire et les symboles. La créatrice avait fait ses débuts chez Dior en septembre avec une collection de prêt-à-porter combative, inspirée par l’univers de l’escrime et autour du slogan “We should all be feminists”, imprimé sur des t-shirts. Un mot d’ordre reprenant le titre d’un roman de l’auteur nigériane Chimamanda Ngozi Adichie.
“Je suis contente de voir que des hommes et des femmes trouvent important de parler de l’égalité des droits, parce que nous avons probablement pensé à tort que c’était quelque chose d’acquis”, estime la créatrice, mère d’une fille et d’un garçon. “Quand j’étais jeune, je pensais que peu à peu, tout le monde comprendrait que c’est normal. Mais vous vous réveillez un jour, et vous réalisez que ce n’est pas le cas, et qu’il y a un problème, qui est mondial”, explique-t-elle.
Plus tôt dans la journée, la maison Schiaparelli a célébré une féminité flamboyante nourrie d’esthétisme pop. Le directeur artistique Bertrand Guyon a apposé sur des tenues d’une grande fluidité des motifs en forme de homard, de coeur ou de cadenas, emblématiques de cette maison au style empreint de fantaisie.
Chez la Néerlandaise Iris Van Herpen, la féminité est minérale: les robes (noires, grises ou écru) s’apparentent à des plaques de givre, des écailles de sirène ou des créatures marines. La créatrice joue de la transparence et des illusions d’optique.