Le Festival de Cannes, dont la 71e édition qui débute mardi est la première depuis le scandale Weinstein, accueillera samedi une montée des marches 100% féminine, a annoncé lundi son délégué général Thierry Frémaux.
“Ce sera une montée dédiée aux femmes du cinéma, une centaine”, a précisé le sélectionneur du Festival lors d’une conférence de presse, sans donner aucun nom des actrices ou réalisatrices qui y participeront.
Thierry Frémaux a été longuement interrogé sur la place accordée aux femmes dans cette édition cannoise, en cette ère #MeToo déclenchée par les accusations de viols et de harcèlement sexuel contre le producteur hollywoodien Harvey Weinstein.
L’occasion pour lui de réfuter l’idée que Cate Blanchett ait été choisie comme présidente de jury uniquement parce qu’elle serait une femme: “Elle est d’abord présidente parce que c’est une grande actrice”, a-t-il insisté, en citant les deux premières femmes présidentes du jury cannois, Olivia de Havilland et Sofia Loren.
Quant à la présence de seulement trois femmes parmi les 21 réalisateurs en compétition, alors qu’elles sont cinq sur neuf dans le jury, Thierry Frémaux a indiqué que “s’il était pour la discrimination positive comme citoyen, dans la société”, il ne pouvait le faire dans la sélection.
Rappelant que le festival de Cannes a eu des sélections sans femmes, il a souligné qu’à Cannes, à travers toutes les sections en compétition, il y a 23 à 25% de réalisatrices, contre 7% dans l’industrie du cinéma en général.
Par ailleurs interrogé sur l’Iranien Jafar Panahi et le Russe Kirill Serebrennikov, deux réalisateurs en lice pour la Palme d’or mais interdits de voyage par leurs pays, le délégué général du festival a été clair: “Je ne suis pas très optimiste (sur leur présence à Cannes, ndlr), pourtant l’ironie veut que ces deux films-là ne sont pas des films politiques, ce sont des films d’artistes”.
Autre cinéaste de renom dans l’actualité, le Danois Lars von Trier, de retour dans la sélection officielle, hors compétition, après ses propos polémiques sur sa “sympathie” pour le nazisme en 2011: il s’était permis “une série de plaisanteries, mais celles-ci ne font en aucun cas de lui un antisémite ou un nazi”, a insisté Thierry Frémaux, pour justifier ce retour.
Enfin, sur le thème des selfies, interdits cette année sur le tapis rouge, il a estimé “grotesque” l’importance accordée à cette histoire: “On ne vient pas à Cannes pour se voir, mais pour voir”, a-t-il asséné, soulignant qu’à Berlin, Venise, ou aux Oscars, le public n’a pas accès au tapis rouge.