À 26 ans, Zoé Lurkin impose déjà sa signature. Portée par une quête de sens et d’authenticité, la designer originaire de la province de Namur a toujours cherché à sortir des sentiers battus, transformant épreuves et obstacles en tremplins pour nourrir sa créativité. Ses collections, dévoilées lors de la Lux Fashion Week, incarnent une mode résolument libre et personnelle, où chaque détail reflète une histoire et une volonté de réinventer les codes. À suivre de près…

Interview réalisée par Alina Golovkova / Photos Mélanie Meinbach

Vous avez présenté votre collection L’Initiale qui a été remarquée à la Lux Fashion Week en septembre dernier, racontez-nous.

L’idée de cette collection est née d’une création réalisée pendant mes premières années d’études, une pièce dont j’étais particulièrement fière et qui a marqué le début de mon aventure dans la mode. Cette pièce a servi de fil conducteur pour L’Initiale.

Chaque vêtement est une réinterprétation moderne de cette œuvre initiale, alliant mes souvenirs à des innovations stylistiques contemporaines.

Nous aimerions vous connaître davantage. Quelle enfant étiez-vous ?

Enfant, j’étais curieuse et débordante de créativité, toujours avide de vivre de nouvelles expériences. J’ai découvert la couture vers mes quinze ans en suivant les cours d’une femme de mon village et ce fut une véritable révélation.

Où avez-vous étudié ?

J’ai réalisé un bachelier en stylisme à HELMO Mode, à Liège. C’est là que j’ai réellement développé mes compétences en design et en couture.

Comment vous est venue la passion pour la mode ?

Lorsque j’ai pris mes premiers cours de couture, j’ai découvert le plaisir de transformer une simple idée en une pièce tangible. Un moment clé a sans doute été ma participation à Miss Belgique, où j’ai réalisé une robe de mariée entièrement en plastique et papier. Sans le savoir, j’explorais déjà des concepts créatifs et originaux, ce qui reflète aujourd’hui ma vision de la mode.

Où tirez-vous votre inspiration ?

Principalement de mon état d’esprit au moment où je commence à travailler sur une collection. Ce qui m’inspire le plus, ce sont les petits détails du quotidien : une forme particulière, comme celle d’un vase, une photo, un souvenir ou la beauté brute de la nature.

Une citation mode ?

« Quand on se sent bien dans un vêtement, tout peut arriver. Un bon vêtement, c’est un passeport pour le bonheur. » de Yves Saint-Laurent. Pour moi, un vêtement est bien plus qu’un simple objet fonctionnel : c’est une extension de soi, un outil puissant pour se sentir confiant et aligné avec sa personnalité.

Parlez-nous de vos projets.

Pour cette année, j’ai plusieurs ambitions : créer de nouvelles pièces qui reflètent toujours plus ma vision de la mode et développer mon activité de conseil en image. J’ai récemment obtenu mon diplôme dans ce domaine, car j’adore aider les personnes à se sublimer. Conseiller sur la morphologie, la colorimétrie et surtout le style, c’est une manière pour moi de mettre mes compétences au service des autres et de les aider à se sentir bien dans leur peau.

Comment créez-vous ?

Je crée de manière spontanée. Mon point de départ est souvent une idée de base qui germe dans mon esprit, et au lieu de passer par une longue phase préparatoire, je préfère directement poser cette idée sur le tissu. Si la pièce correspond à ma vision, je continue dans cette direction. Ce processus intuitif éveille ma créativité et fait naître une multitude de nouvelles idées que je note rapidement sur papier pour ne rien oublier.

Et pour qui ?

Je crée des vêtements pour femmes et aussi des pièces unisexes, pour des individus qui aiment affirmer leur personnalité à travers leur style.

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Je suis en pleine élaboration de nouvelles pièces qui reflètent toujours davantage ma vision de la mode. Pour l’avenir, je rêve de créer un showroom, un espace qui ne serait pas seulement dédié à la mode, mais aussi à l’accompagnement personnalisé. Je souhaite y proposer mes services de conseillère en image.

Un designer avec qui vous aimeriez collaborer ?

Jacquemus. Il a commencé de zéro et s’est construit seul.

Un vêtement iconique pour vous ?

Sans hésitation, la petite robe noire de Coco Chanel. Lorsque Coco Chanel a créé cette robe, elle a brisé les codes de l’époque et offert aux femmes une silhouette plus libre, plus moderne et accessible. Elle a traversé les décennies sans jamais se démoder, car elle incarne l’idée que l’élégance ne réside pas dans l’extravagance, mais dans la simplicité et la justesse.

Un souvenir mode mémorable ?

Mes premières participations à la Lux Fashion Week… C’était un moment particulier, où j’ai réalisé que la mode était bien plus qu’une simple passion, mais un véritable moyen de m’exprimer et de partager mon univers avec d’autres. Ce qui m’a frappée, c’était l’émotion ressentie juste avant de monter sur scène, en voyant mes modèles défiler avec mes vêtements.

Ce moment où tout le travail acharné se concrétisait devant un public, c’était une sensation indescriptible. Cela m’a vraiment poussée à croire encore plus fort en mon projet et en ma vision de la mode.

Zoé Lurkin – Créatrice de mode

Quels sont vos envies et vos rêves ?

Mon rêve serait de voir ma marque, Zoé Lurkin, devenir une véritable maison, un lieu où la mode et la créativité se rencontrent à chaque coin. J’aimerais pouvoir vivre pleinement de ma passion, avoir la liberté de créer sans limite et pouvoir participer aux Fashion Weeks de manière régulière, avec des collections qui touchent et inspirent les autres.

Qui aimeriez-vous habiller ?

Des artistes comme Angèle ou Stromae sont des figures que j’admire et que j’aimerais voir porter mes créations. Ou encore des personnalités publiques passionnées par la mode, comme Léna Situations. L’idée, c’est de créer pour des personnes qui non seulement ont un impact dans leur domaine, mais qui sont également attentives à la mode et au message que leurs tenues véhiculent.

Que peut-on vous souhaiter ?

De rester fidèle à ma passion, de ne jamais arrêter de créer et de voir mon univers se déployer à son plein potentiel.

Article initialement publié dans Femmes Magazine n°263 édition de février 2025, à retrouver ici.