Texte par Cadfael

Qui dit pandémie, dit contagion et en conséquence limitation de la diffusion du virus. L’Union européenne travaille à des certificats de vaccination qui à terme deviendront obligatoires.

Les Commissaires sortent des bois

La semaine dernière le commissaire grec Margaritis Schinas, a proposé la mise en place de certificats de vaccination ou passeports de vaccination destinés à « faciliter » les voyages intraeuropéens. Ce vice-président grec, issu de la nea-democratia, parti libéral-conservateur, a fait toute sa carrière politique et administrative dans les couloirs de Bruxelles. En charge « des questions migratoires » et «de la promotion du mode de vie européen » il est sorti de l’ombre la semaine dernière, en proposant la mise en place de passeports de vaccination ou certificats de vaccination.

En cela il suit, selon la presse anglo-américaine, une demande formulée par la Grèce, le Portugal et Chypre. La Grande-Bretagne compte également mettre en place ce genre de document. Les Polonais ont déclaré qu’ils en délivreraient à ceux qui auront reçu le second vaccin. Le Danemark va suivre dans cette lignée, car selon les autorités du pays cela devra permettre de voyager librement. La commissaire chypriote, Stella Kiriakides, en charge de la santé et de la sécurité alimentaire pousse également à cette démarche. Psychologue de formation, Anglaise et membre du parti conservateur, elle a fait presque toute sa carrière comme membre du parlement chypriote.

Une démarche bien entamée

Selon les documents publiés par « eHealth Network », structure communautaire, des travaux en ce sens ont été entamés en décembre de l’année dernière.

AFP précise que la semaine dernière les membres de l’Union européenne se sont mis d’accord sur une série de principes visant à « harmoniser ces certificats entre les divers pays ». D’après France Info les critères adoptés début janvier de cette année n’auraient pas (encore ?) de caractère contraignant. Ce qui est recherché est une sorte d’interopérabilité permettant une lecture et une reconnaissance par tous les partenaires européens. Pour l’instant on se contente de définir un minimum de données considérées comme strictement nécessaires par Bruxelles.

Actuellement les états membres doivent définir une sorte de prototype virtuel commun, sans caractère contraignant pour janvier / février de cette année. Cette étude se fera en relation avec des organismes comme l’OMS et d’autres non spécifiés.

Ce qui ressort de ces guidelines est que les certificats devraient être rédigés de telle manière à ce que le détenteur puisse contrôler l’usage fait des nombreuses données utilisées pour l’émission du certificat. L’identifiant du détenteur se fera selon les règles en vigueur dans chaque pays, comme par exemple le numéro d’identification nationale ou le numéro de sécurité sociale. Il y aurait 11 pays de la communauté qui se seraient déclarés en principe prêt à les mettre en place.

Un débat difficile aux solutions délicates

La question de la vaccination obligatoire de fait ou de droit touche à des notions essentielles comme le droit au respect de l’intégrité de la personne physique ou à l’autonomie de la personne.

Il y va de la liberté de se faire vacciner ou non et de la protection de la santé individuelle mise en rapport avec la santé d’une collectivité. Sont mis au défi les visions de santé publique nationale et européenne ainsi de la confiance que celles-ci doivent générer vis-à-vis des citoyens dans une démocratie, qui est avant tout une liberté de penser, de dire, d’écrire et d’agir dans le respect des libertés constitutionnelles.

Il y a des craintes légitimes comme avec celles de parents qui demandent une exemption le temps que des recherches indépendantes soient menées sur les effets du vaccin et de ses composantes. L’application du principe de prudence par l’État est de mise. Peut-on vacciner des enfants contre la volonté des parents ? Quid des groupes qui refusent la vaccination pour des motifs religieux ? Y aura-t-il deux castes de citoyens, les purs et les impurs ?  Il y va des valeurs fondamentales de nos sociétés et des réponses qui seront faites par nos responsables politiques nationaux ainsi que de leur capacité à porter les visions d’une santé publique respectueuse à Bruxelles.

La France et l’Allemagne ne sont pas en faveur d’un certificat de vaccination. Dans ces deux pays, l’opposition politique qui se servirait de ce prétexte pour descendre dans la rue est très forte. De plus l’Allemagne traine avec elle un historique médical national-socialiste, qui bien que n’ayant rien à voir avec la situation présente, impose aux pouvoirs politiques un doigté solide au niveau de ses décisions. À Luxembourg nous avons depuis longtemps une carte de vaccination nationale ainsi que sur demande un certificat de vaccination international.

Un potentiel énorme d’abus

Les données de vaccination du citoyen peuvent par exemple s’enregistrer sur un support, idéalement un support mobile comme un téléphone ou sur des cartes à puce de type carte d’identité permettant une lecture par système optique. Mais voilà, ce système peut être complété de manière presque infinie avec une identification biométrique, des algorithmes d’intelligence artificielle, des reconnaissances faciales, le tout géré centralement sur des gros calculateurs. Et ils ne sont pas à l’abri d’un gigantesque hacking comme le démontrent les dernières attaques hypersophistiquées en décembre dernier aux États-Unis (cf : FireEye, SolarWinds sur le web)

Les technologies existent, elles ont d’application aux États-Unis et en Angleterre ou en France et bien sûr en Chine.  La plupart des pays européens ont des entreprises qui travaillent sur ces technologies et les font évoluer très rapidement, car le marché est énorme. Notre liberté et la libre circulation, base des traités européens sont limités au quotidien par la plupart des pays membres sous prétextes sanitaires. Il faut espérer que nos dirigeants luxembourgeois garderont toujours le respect des droits de l’homme et de l’indépendance de leur pays tout près de leur cœur.

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