Depuis 2017, Vanessa Peardon pratique l’hypnothérapie lors de séances dispensées en anglais ou en français. Grâce à cette médecine douce parfois méconnue, la thérapeute aide des personnes atteintes d’anxiété ou paralysées par des phobies. Très impliquée dans son travail, elle nous explique ce voyage fascinant vers l’inconscient qui permet de mieux comprendre ce qui se passe en soi.

Qu’est-ce que l’hypnose thérapeutique ?

L’hypnose thérapeutique permet de mettre en état hypnotique une personne, en ralentissant les ondes cérébrales. Les clients sont ainsi placés dans un état de suggestibilité plus accru qu’en temps normal. D’un point de vue technique, lorsque l’on travaille ou à d’autres moments actifs de notre journée, les ondes cérébrales bêta sont en action. Au contraire, lorsque l’on commence à se détendre, on descend dans les ondes alpha. À ce moment-là, on embarque dans un état hypnotique. Il y a des personnes qui entrent dans un état hypnotique plus profond, les ondes thêta sont alors utilisées. D’un état à l’autre, c’est le nombre de pensées par minute qui change. Du fait de ralentir le cerveau, cela laisse de la place au subconscient.

À quoi ressemble concrètement une séance ?

J’ai un protocole très rodé. Je commence par poser des questions afin de décortiquer la problématique de la personne. Aussi, je travaille toujours dans ma zone de compétences. Je ne pratique jamais sans avis médical pour des cas plus graves, notamment avec des personnes bipolaires ou traversant une période de dépression très profonde. J’ai toujours une partie médicale afin de m’assurer de l’état général de mon patient ou afin de connaître ses éventuels problèmes de santé. Il y a peu de contradictions à l’hypnose, il est seulement conseillé aux personnes ayant des pathologies lourdes (bipolarité) d’ordre psychologique de ne pas faire de séance. Pour les clients ayant de fortes migraines, je vais les mettre en hypnose différemment. La mise en hypnose, l’induction, peut varier d’une personne à l’autre.

Quels maux soignez-vous grâce à l’hypnose ?

L’anxiété, les phobies, les tocs, l’insomnie et le poids sont les sujets les plus actuels. L’anxiété prend facilement la première place. Il y a un phénomène post-covid, non négligeable. La demande, en matière de santé mentale, est beaucoup plus forte qu’avant. La pandémie a engendré une période de réflexion personnelle chez les gens. Lorsque l’on est face à soi-même, on se rend compte qu’il y a peut-être des choses que l’on a besoin de travailler.

« Il est très important de travailler sur les causes profondes pour avoir des résultats »

Quel travail faites-vous avec vos clients qui souffrent d’anxiété ?

Je chouchoute beaucoup mes clients. Avant de rentrer dans le vif du sujet, je m’obstine à trouver les causes du problème. Il y a toujours une cause. Si de manière consciente, le patient comprend très bien qu’il n’a pas de raison d’être anxieux mais qu’il y a quand même de l’anxiété, alors cela veut dire que c’est poussé par le subconscient. Il faut donc aller chercher dans le subconscient et comprendre pourquoi la personne a des crises d’anxiété. Il existe plusieurs méthodes pour le faire. J’ai une méthode qui m’est propre et que je souhaite garder secrète. Celle-ci valide l’existence du subconscient et me permet de rentrer en contact avec. Cette méthode s’adapte à la personne que j’ai en face de moi. Il est très important de travailler sur les causes profondes pour avoir des résultats.

Lorsque je demande au subconscient de montrer au patient d’où cela vient, ce sont des choses auxquelles il n’avait pas du tout pensé. J’ai eu récemment en consultation une dame avec une phobie des mouches. Selon elle, sa phobie venait d’une mauvaise expérience vécue lorsqu’elle était petite. Une mouche s’était posée sur sa cuillère lorsqu’elle prenait le petit déjeuner. Mais lorsque j’ai demandé à son subconscient de lui montrer la vraie raison, il s’est avéré que ses cousins adolescents lui avaient fait regarder le film La Mouche alors qu’elle était toute petite. Elle ne se souvenait plus du tout de cet épisode. Et puis, tout fait sens. Depuis, je ne peux pas dire qu’elle adore les mouches mais elle est désormais capable de contrôler ses émotions lorsqu’elle aperçoit ces insectes.

Est-ce que cela fonctionne à chaque fois ?

Le subconscient n’est pas obligé de révéler ces informations. Il y a tout de même un gardien qui le protège. Nous ne rentrons pas dans la tête de quelqu’un pour lui faire dire n’importe quoi. Nous gardons toujours notre libre-arbitre. Il faut aussi que la personne ait vraiment envie de changement. Dans l’anxiété, il existe des gains secondaires (si je suis anxieux, les personnes vont le faire pour moi). On peut parfois se complaire dans sa situation. Si au bout de 2-3 séances, il n’y a pas de changement, il faut remettre les choses à plat. Le résultat m’importe énormément, mon but est d’aider la personne à aller mieux. Il faut savoir se remettre en question en tant que thérapeute et cerner le fond du problème.  

« Le subconscient, véritable éponge émotionnelle, écoute tout le temps »

Depuis quand exercez-vous ?

J’exerce depuis 2017, j’entame ma sixième année. Auparavant, j’étais assistante personnelle d’un CEO dans un centre de recherche. J’ai grandi dans une famille adepte des thérapies alternatives. Lorsque ma mère a été diagnostiquée avec une tumeur au cerveau incurable, j’ai commencé à utiliser l’hypnose comme un moyen de gérer cet accompagnement de fin de vie. L’année suivante, j’ai décidé d’en faire mon métier. J’ai suivi une formation très cartésienne de cognitivo comportementale. J’ai eu la chance d’être formée par plusieurs professionnels. Chaque thérapeute doit trouver sa patte. Je suis membre du GHR (General Hypnotherapy Register), j’adhère pleinement à leur code déontologique. 

Sommes-nous tous hypnotisables ?

Oui, tout le monde est réceptif à l’hypnose. L’état hypnotique est un état naturel, c’est notre dialogue intérieur. Pour autant, le degré de suggestibilité peut varier, d’une manière assez spectaculaire, d’une personne à une autre. Le subconscient, véritable éponge émotionnelle, écoute tout le temps. Même si la personne consciemment n’a pas l’impression que cela fonctionne, le subconscient a quand même entendu ce qui a été dit. En hypnose, il n’y a pas de baguette magique, c’est pour cette raison que je ne fais pas l’arrêt du tabac. Certains clients entrent dans des transes hypnotiques très profondes. J’en ai encore eu l’exemple très récemment. J’ai posé un hypno anneau gastrique à une patiente, en février 2021, qui souhaitait perdre du poids. Elle a perdu 36 kg. J’ai effectué la même thérapie chez une autre cliente, avec un degré de suggestibilité très fort, j’ai dû desserrer son hypno anneau gastrique car elle n’arrivait plus à manger.

L’hypnose vue à la télévision, c’est du spectacle. L’hypnotiseur va choisir dans le public des personnes extraverties, ayant un degré de suggestibilité fort. Il les a repérées grâce à des tests effectués au début du show. On ne peut pas rester bloqué en hypnose. La médecine douce est déjà utilisée pour remplacer des anesthésies classiques ou pendant des accouchements. En Angleterre, l’hypnose est d’ailleurs remboursée par la sécurité sociale.

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