Exit les robes de mariée à usage unique, place à l’upcycling et ses nombreux avantages pour la planète. Tout comme les acteurs du prêt-à-porter et du luxe, l’industrie de la mode nuptiale expérimente doucement – mais sûrement – tout le potentiel de cette pratique pour tenter de rallonger la durée de vie de l’une des pièces les moins exploitées de la garde-robe.

Les marques de mode se succèdent depuis plusieurs mois pour lancer des collections ‘durables’ articulées autour de l’upcycling. Cette pratique, qui consiste à offrir une plus-value à des matières et objets non utilisés, ou voués à la déchetterie, permet aux acteurs du secteur de transformer leurs chutes de tissus et autres matériaux, mais également d’anciens modèles, voire des maillots de football, en des pièces de mode stylées, réduisant au passage déchets et gaspillage.

C’est le processus qu’a embrassé Nadia Manjarrez Studio Bridal. Fondé par la créatrice Nadia Manjarrez, l’atelier basé au Mexique s’inspire du kintsugi, une technique japonaise qui vise à réparer des porcelaines ou céramiques brisées en les rendant encore plus belles. Une leçon d’upcycling ancestral, en somme, qu’elle applique d’ailleurs tel un mode de vie. Car la créatrice, qui a fait ses armes chez Badgley Mischka et Marchesa, a créé son studio à la suite de la disparition de son père des suites du Covid, souhaitant se lancer dans une aventure qui avait du sens.

“Le kintsugi est l’art japonais qui consiste à réparer la porcelaine avec du métal, souvent de l’or ou de l’argent. Les pièces brisées sont considérées comme plus belles parce qu’elles ont été brisées. Après avoir perdu mon père à cause du Covid, j’ai senti que c’était la représentation parfaite de la vie imitant l’art. En ramassant les morceaux cassés, j’ai tout mis en œuvre pour créer quelque chose de beau”, explique-t-elle sur le site officiel de son atelier. Un art qu’elle a également mis au service de ses collections, qui font la part belle à ce que l’on pourrait appeler des robes ‘convertibles’, qui passent sans difficulté de robes de mariée à robes de soirée ou du quotidien.

Des pièces facilement modulables

A travers ses deux premières collections, Nadia Manjarrez s’est attachée à imaginer des robes polyvalentes et modulables, qui pourraient se métamorphoser en un clin d’œil – ou presque – en des tenues plus casual. L’initiative, qui se traduit par la présence de détails – traînes, jupes, capes, manches – détachables, offre non seulement à la mariée la possibilité de transformer sa tenue entre la cérémonie et la réception (et donc de ne pas en acheter plusieurs), mais aussi de réutiliser sa robe de mariée après le jour J. Une petite révolution dans l’univers de la mode nuptiale. Fabriquées à la main dans l’atelier de la marque basé à Culiacán, les pièces sont entièrement personnalisables, et favorisent les matériaux recyclés.

Une pratique en plein boom

Si la mode nuptiale a mis du temps à embrasser des pratiques plus responsables, comme le recyclage, l’upcycling, ou encore l’utilisation de matières durables, elle met aujourd’hui tout en œuvre pour rattraper son retard. Il faut dire que ce que beaucoup considèrent comme ‘la robe de toute une vie’ se doit par essence d’être unique, et réalisée spécialement pour le jour J. Reste que face à la demande croissante des consommateurs, les acteurs du secteur s’engouffrent progressivement dans la brèche du surcyclage.

Au début de l’année, c’est Pronovias qui s’est distingué en proposant le service “Second Life”. Désormais, la maison catalane met toute une collection nuptiale transformable à disposition de ses clientes. Les futures mariées disposent d’un large choix de robes – plus d’une cinquantaine à ce jour – pensées pour se métamorphoser en vêtements plus ‘classiques’ après l’événement. S’il ne s’agit pas de porter ladite tenue au travail dès la semaine suivant le jour J, elle peut toutefois s’offrir une seconde vie lors de soirées ou occasions spéciales.

Pour en profiter, il suffit de choisir l’un des modèles proposés par Pronovias, puis de le faire retoucher gratuitement après le mariage. Une initiative qui permet aux ‘bride to be’ d’investir dans une robe qui ne finira pas sa vie dissimulée dans une housse suspendue au bout d’un cintre.

Redonner vie à des tissus oubliés

Dans un autre registre, la marque Lorafolk et Leboncoin ont uni leurs forces pour proposer une capsule de robes de mariée upcyclées. La créatrice Laura Foulquier s’est livrée à une véritable chasse au trésor sur la plateforme pour y dénicher les tissus de cette mini-collection, partant pour la première fois non pas d’un croquis mais de la matière première. Linge de maison ancien, dentelle, napperons, mouchoirs brodés à la
main, plumetis, bas de jupon, ou empiècement en crochet ont été réutilisés pour donner vie à une collection qui sublimera les silhouettes de nombreuses femmes pour le plus beau jour de leur vie.

“Le défi était de taille mais absolument passionnant. J’ai toujours aimé le linge d’époque et les jolies broderies. Cette collaboration avec Leboncoin sur le thème de la récupération était l’occasion rêvée de trouver des trésors oubliés et de leur donner une nouvelle vie en les sublimant”, confie la créatrice. Au total, ce sont sept modèles uniques qui ont été confectionnés pour Leboncoin. Le tout conçu de bout en bout par le même ouvrier au cœur de Paris.

Proposés dans des tailles allant du 36 au 40, les six robes et l’ensemble jupe sont disponibles dès avril sur Leboncoin, à des prix compris entre 820 et 990 euros. Pour couronner le tout, ces modèles longs et courts qui allient upcycling et savoir-faire artisanal peuvent tout à fait être portés lors de nouvelles occasions. Et pour ne rien gâcher, le produit de la vente de ces créations nuptiales sera reversé à la Fondation des Femmes. 

La multiplication des initiatives de nombreux acteurs du secteur tend à confirmer l’engouement des consommateurs pour une mode plus responsable – et durable – et ce, jusque sur le créneau des robes de mariée, pourtant convoitées pour leur caractère unique et ultra personnalisé. Aujourd’hui, la mode nuptiale est prête à se réinventer au profit de la santé de la planète.