Juste la fin du monde… mais de quel monde au juste ? Pour le savoir, rendez vous au Kinneksbond découvrir la pièce, actuellement jouée, Juste la fin du monde, écrite par Jean-Luc Lagarce et mise en scène par Myriam Muller, assistée d’Antoine Colla.
Par Karin Santer / © Bohumil Kostohryz
Cette pièce (production théâtre du Centaure) s’ouvre sur un monologue de Louis, magistralement interprété par Tristan Schotte, 34 ans, qui est de retour dans son village natal après 12 ans d’absence ! Louis nous fait découvrir son monde, à savoir son univers, sa famille, son environnement, pour nous faire comprendre, à Nous Spectateurs, qu’il s’agit en fait de la fin de son monde, alors que se sachant condamné, il décide de revenir pour annoncer sa mort prochaine.
Mais cela ne va pas se passer comme il le pense…
En effet, son retour dans la maison familiale faisant revivre de multiples souvenirs, provoque tensions et règlements de compte au sein de cette famille où la parole de chacun se libère ! En retrouvant sa mère, sa soeur Suzanne, son frère Antoine ainsi que sa belle-soeur Catherine, Louis qui pensait pouvoir revenir comme si rien ne s’était passé, s’aperçoit qu’il ne peut pas communiquer avec eux et va prendre cher en reproches….Car le retour de Louis va venir bousculer le quotidien banal et traditionnel de chacun, réveillant leurs souffrances et révélant des rapports tendus, voire cruels au sein de cette famille qui est loin d’être idyllique !
Pour sa mère, jouée par Nadine Ledru, c’est le retour de son fils, l’Ecrivain, dont elle ne sait même plus l’âge. Elle évoque la vie familiale avant la mort de son mari et se rend compte que Louis ne connait pas Catherine, la femme de son fils Antoine… Catherine, interprétée par Isabelle Sueur, parle alors de ses deux enfants que Louis n’a jamais rencontrés, et du choix du prénom de son fils « Louis », en précisant que ce n’est pas en son honneur à lui mais en l’honneur de celui du grand-père que ce prénom a été donné à son neveu… elle décrit également la vie banale de son époux, Antoine…
Quant à Suzanne, incarnée par Eugénie Asselin, , la petite soeur, elle lui reproche non seulement son départ, mais également le fait de ne pas l’avoir informée de sa venue, pour ensuite le rendre responsable du vide de sa vie aujourd’hui… Antoine, joué par Jules Werner, est celui qui parle le moins…Il va pourtant s’emporter et se déchaîner contre son frère Louis, notamment et surtout lorsque son épouse, Catherine, affirme qu’il est brutal…
La réapparition de Louis réveille douleurs et complexes de chacun, comme chez Antoine, où la rivalité avec son frère renait, faisant ressurgir passions, jalousies et haines spectaculaires, l’amenant à hurler « Tu me touches, je te tue » ! Car ce retour de Louis n’est dû qu’à une crise personnelle, en raison de sa disparition prochaine, qui entraîne une crise familiale, chacun s’apercevant de la petitesse, de la médiocrité de leur vie face à un Louis devenu écrivain, voyageant, appartenant à un autre monde….
Tout oppose les deux frères ennemis, tout oppose Louis à sa famille… Louis étant celui qu’on montre du doigt et que l’on doit sacrifier, Louis ce mal aimé, seul contre tous ! Et Louis qui voulait parler, annoncer la raison de son retour écoute chacun, se tait et encaisse sans rien dire… Face à cette intolérance, il ne peut plus rien… C’est son procès alors qu’il doit affronter le jugement de chacun… Il est accusé, accablé, coupable…
Les comédiens, incroyablement talentueux avec leurs monologues respectifs, nous transportent et nous bouleversent ! La mise ne scène de Myriam Muller et la scénographie de Christian Klein renforcent nos émotions ! Un moment de théâtre intense et poignant !
Cette pièce sera encore jouée au Kinneksbond les 07, 08 et 11 mars à 20.00 heures, puis le dimanche 12 mars à 17.00 heures.