Par Cadfael
Le président de la FIFA, Gianni Infantino, nous a gratifiés samedi dernier, avant le début du Mondial d’un long sermon où il se présentait en nouveau prophète de la morale admonestant les mondes connus et inconnus. Sa phrase la plus remarquée disait qu’il se sentait arabe, qatari, Africain, gay, etc. ! Il ne manquait plus que le Père Noël dans la défense d’une Coupe du monde à problèmes.
Les chantiers de la mort
Selon le Guardian, 6500 ouvriers sont morts sur les chantiers du Qatar spécifiquement destinés à la construction des installations pour cette compétition de jeu de ballon. Le Qatar avait gagné de manière suspicieuse le droit d’organiser la coupe de monde de foot. En 2019 déjà la presse et des ONG avaient alerté que des centaines travailleurs étrangers étaient morts du fait de la chaleur dans cet enfer artificiel bâti sur du sable. Déjà en 2017 un master fait à l’université McGill de Montréal par une chercheuse luxembourgeoise démontait le système islamique du Kafala en usage au Qatar jusqu’en 2021. Son application désastreuse aux chantiers de la coupe du monde ainsi que de la difficulté des victimes à trouver justice devant les tribunaux suisses, capitale de la FIFA n’est pas inconnue. Malgré tous les changements, les règles et contrôles mis en place par le Qatar n’étaient guère efficaces. Népalais, Indiens, Bangladeshi, Pakistanais, Philippins l’ont payé de leur vie. Les 220 milliards de dollars en stades climatisés et autres bagatelles construites par des sociétés françaises, américaines et autres ne parlent guère d’empreinte carbone et de changement climatique. Elles n’ont laissé que des miettes pour ceux qui les ont construits. À cette ambiance délétère se rajoutent les déclarations de responsables qataris cataloguant l’homosexualité comme une maladie mentale, ce qui à peu de choses près représente la position actuelle de l’Église catholique.
Infantino, le juste ?
À la tête de la FIFA depuis 2016, l’ancien bras droit de Platini vise un 4e mandat de président comme son parrain Sepp Blatter tombé lors du Fifagate, cette affaire de corruption aux dimensions mondiales. Deutsche Welle du 17 novembre décrit la FIFA comme « ayant peu de morale et beaucoup d’argent » . Le dévouement d’Infanto lui vaut selon la FIFA un salaire fixe de 2.5 millions de dollars par an plus des bonus pouvant dépasser 0,5 million par an.
En Suisse, un procureur fédéral extraordinaire a été nommé fin juin pour reprendre l’affaire du FIFAGATE remontant à 2015. Les médias suisses ont souligné la démission du chef du parquet suisse mis en cause pour sa gestion du Fifagate, et soupçonné de collusion avec Infantino. Selon France Info du 20 novembre dernier : « Gianni Infantino est visé par une procédure pénale depuis 2020 pour “incitation à l’abus d’autorité, à la violation du secret de fonction et à l’entrave à l’action pénale”, dans le cadre du Fifagate. Il est soupçonné d’avoir voulu interférer dans des enquêtes sur la FIFA et la Coupe du monde au Qatar. Il a également été cité dans les Panama Papers. Gianni Infantino est accusé d’avoir signé des contrats douteux avec une société offshore pour des droits télévisés, lorsqu’il dirigeait le département juridique de l’UEFA », la ligue européenne de football. Sur le web une ONG conseillait : « Nous lui proposons naturellement notre aide pour faire son coming out dans les rues de Doha ».
Le Qatar et son arme financière
Le Qatar et son establishment sunnite wahhabite ont financé divers groupes terroristes après printemps arabe de 2011. Depuis peu, les autorités qataries font d’énormes efforts pour redevenir présentables sur la scène internationale. Le président Biden a défini récemment le Qatar comme son plus grand allié non OTAN. Malgré cela, tout n’est pas rose au pays de la coupe du monde. En 2021, une enquête fédérale américaine soupçonnait des membres de l’establishment qatari de ne pas avoir totalement oublié les anciens amis. Le pays demeurera le « siège » du Hamas hors Iran et soutient le corps des gardiens de la révolution ou les frères musulmans.
En 2011, Luc Frieden, à l’époque ministre des Finances du Luxembourg, signait la vente de parts de Cargolux au Qatar. À la même époque, c’est également lui qui était à la manœuvre lorsque le Qatar via un groupe qualifié de « familial » a racheté la BIL. Selon RTL.lu du 16 novembre dernier: « Le reproche à l’époque visait les contrats signés avec le Qatar que de nombreux responsables considéraient comme une action “pas très transparente”, “en cavalier seul”, du ministre des Finances.» Aujourd’hui, il milite pour la République Populaire de Chine et vante les mérites d’une prise de participation majoritaire de la Chine dans la même banque via un fonds qui appartient à l’Académie des sciences chinoise, un des bras armés de Xi.