Du rigide corset à la petite culotte en nylon, l’exposition Underwear (Dessous), au Victoria and Albert Museum de Londres explore trois siècles d’histoire des sous-vêtements en Europe, et plus particulièrement au Royaume-Uni, et leur relation intime avec la mode de chaque époque.
“La mode et les dessous sont intrinsèquement liés, un peu comme l’œuf et la poule ( …) et nous voulions explorer cela”, a expliqué Susanna Cordner, l’une des conceptrices de l’exposition qui présente quelque 200 pièces.
L’exposition, qui ouvre ses portes samedi et ce jusqu’au 12 mars 2017, démarre au XVIIIe siècle. Les femmes ne portent alors ni culotte ni caleçon mais, à même la peau, des chemises fluides réalisées en fibres naturelles, ce qui permet un lavage à haute température, question d’hygiène. Ces tuniques sont enserrées dans des corsets destinés à soutenir la poitrine et sculpter la silhouette, tout en constituant une sorte de base pour les robes. Et comme le montre l’une des pièces majeures de l’exposition, un corset réalisé main par une femme de condition modeste qui vivait à Whitby, sur la côte nord-est de l’Angleterre, le corset n’était pas l’apanage de la haute société mais se devait d’être porté par les femmes de toutes conditions, sous peine sinon de heurter les bonnes mœurs.
L’exposition révèle que certains hommes revêtaient aussi des corsets ou de larges ceintures pour modifier leur silhouette ou soutenir leur dos pendant des activités sportives, sans toutefois atteindre les extrémités constatées chez les femmes à la fin du XIXe.
Un exemplaire de corset en soie de 1890 présente un tour de taille de 48 centimètres, loin de la norme de 71 centimètres en cours aujourd’hui au Royaume-Uni, entraînant des mises en garde des médecins et des appels à la révolte contre cet objet de contrainte.
Tandis que la taille est comprimée, les hanches et les fesses sont, elles, largement mises en valeur par des crinolines qui présentent la fâcheuse tendance d’entraver les mouvements et de prendre feu.
Les hommes profitent aussi de produits qui mettent en avant leurs attributs comme le “Jockstraps”, un slip introduit aux États-Unis en 1887 d’abord à destination des cyclistes.
Avec le XXe siècle arrivent de nouveaux tissus et de nouvelles technologies qui permettent de réaliser des produits plus légers, plus faciles à entretenir et libèrent les mouvements des femmes. Ils s’adaptent aux nouveaux idéaux de la silhouette féminine, plus longiligne et fluide.
Mais la deuxième partie de l’exposition montre que les corsets, en version légère, ont toujours la cote auprès des créateurs, comme chez Agent Provocateur qui joue sur l’aspect érotique des dessous. Vivienne Westwood ou Jean-Paul Gaultier en font eux des vêtements comme les autres, à porter dessus.