Une déclaration d’amour à la France et au journalisme: The French Dispatch de l’inclassable Wes Anderson, en salles depuis mercredi, entraîne dans sa folie douce un casting XXL, de Bill Murray à Tilda Swinton, en passant par Léa Seydoux et Timothée Chalamet.
Tourné à Angoulême avant la pandémie, ce film très attendu de l’auteur de The Grand Budapest Hotel, “La Vie aquatique” ou À bord du Darjeeling Limited, a attendu des mois pour être présenté en sélection officielle à Cannes, puis sortir enfin en salles.
The French Dispatch décline l’art de la miniature et du détail de Wes Anderson, avec une histoire en quatre chapitres, dans la ville française fictive d’Ennui-sur-Blasé. Bill Murray, fidèle entre les fidèles du cinéaste, y joue le rôle du rédacteur en chef du supplément d’un magazine américain, hommage à peine voilé au style de journalisme de reportage du New Yorker, dont il est un grand adepte.
Le spectateur y croise un reporter à vélo (Owen Wilson) un cuisinier de commissariat, Nescaffier (Stephen Park), un jeune révolutionnaire amoureux (Timothée Chalamet), une gardienne de prison (Léa Seydoux) qui pose nue pour un détenu-artiste… S’y ajoutent Benicio Del Toro, Adrien Brody, ou encore Tilda Swinton.
Le décès du patron du journal va être l’occasion, à l’heure de se réunir pour rédiger la nécrologie, de dévoiler pour chacun de ses journalistes son propre quotidien, ses sources d’inspiration ou ses faits de gloire.
France rétro et fantasmée
The French Dispatch se regarde comme à travers un kaléidoscope pointé sur la France, son cinéma et le journalisme. Zappant de façon frénétique entre références et clins d’oeil en tout genre revendiqués et ré-accommodés à la sauce Wes Anderson, de James Baldwin à Christophe en passant par Daniel Cohn-Bendit…
Tourner ce film, “c’était comme faire trois ou quatre films, je devais concevoir, faire le casting, tout était à faire (…) À chaque fois nous faisions une nouvelle histoire, et il y avait beaucoup de figurants. Il y a plus de 1.000 habitants d’Angoulême dans le film“, a raconté le réalisateur, lors de la présentation de The French Dispatch à Cannes.
Il y montre l’étendue de son savoir-faire cinématographique, n’hésitant pas à alterner couleur et noir et blanc ou faire un détour par le dessin animé, qu’il avait pratiqué dans Fantastic Mr Fox et l’Île aux Chiens.
Mais The French Dispatch pousse le patchwork encore plus loin que les précédents Wes Anderson, avec ses petites histoires enchâssées, conçues comme autant de chapitres visuels, ouvragés avec minutie, en noir et blanc, couleur ou dessin animé. L’histoire, elle, est parfois réduite au rang de prétexte.
La France que filme Wes Anderson y est représentée dans une version rétro et fantasmée, rebâtie de A à Z par ce natif du Texas installé dans l’Hexagone. “La raison pour laquelle j’ai commencé à venir en France, c’est parce que le cinéma français signifiait tellement pour moi, c’était une telle partie de ma vie que ça m’a amené là“, a expliqué le réalisateur.
“J’attendais depuis longtemps l’opportunité de faire un vrai film à part entière ici“, a-t-il ajouté. Cela permettait “de travailler avec des acteurs que j’aime et que je n’aurais pas recrutés dans des rôles anglophones“, ajoute le réalisateur citant Mathieu Amalric ou Léa Seydoux mais aussi les nouveaux venus dans sa famille de cinéma comme Cécile de France, Guillaume Gallienne ou Hippolyte Girardot.