Parmi ses derniers projets, il y a la Maison Rouge, à Pétange. Architecte depuis plus de 20 ans, Tatiana Fabeck est aussi une cheffe d’entreprise, à la tête de 26 employés.
Un beau succès, que nous avons évoqué avec elle.
Quel est votre parcours?
J’ai quitté Luxembourg après mon baccalauréat au Lycée Michel Rodange, en 1989, pour intégrer l’école Spéciale d’Architecture à Paris. J’ai eu ensuite la chance de pouvoir faire un semestre aux États-Unis à l’University of Wisconsin; School of Architecture and Urban Planning à Milwaukee. En 1994, j’ai obtenu le prix du meilleur diplôme sous la présidence de Christian de Portzamparc, avant de poursuivre chez Cuno Brullmann s.a., toujours à Paris, deux années durant.
En 1997, je suis revenue au Grand-Duché, pour m’y établir en tant qu’architecte indépendante. En 2012, j’ai créé le bureau Fabeck Architectes, société à responsabilité limitée, pour laquelle trois associés m’épaulent désormais dans la Vita du bureau.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans le métier d’architecte?
Le métier d’architecte, tel que je peux l’exercer, offre un spectre très large qui touche à de nombreux domaines. Nous participons notamment au développement des villes et villages. Nous sommes constamment challengés par l’évolution de notre société. L’architecte travaille tant la petite échelle, que la grande. C’est un métier très varié, aucun jour ne ressemble à un autre. C’est très stimulant.
Pourquoi avoir décidé de créer votre société?
Cela apporte une autre liberté d’agir et d’intervenir. On est plus libre dans l’emploi de son temps. J’ai toujours beaucoup apprécié le travail en équipe, tant au sein de mon propre bureau – où nous sommes maintenant 26 personnes –, mais également en collaboration avec d’autres disciplines.
Le milieu de l’architecture est encore largement masculin. N’a-t-il pas été difficile d’y trouver votre place?
C’est vrai que l’on pense, à tort, que l’architecture est un domaine particulièrement masculin. Ce n’est pas forcément vrai: il existe en effet un grand nombre de femmes architectes et ingénieurs exerçant leur profession au sein de cabinets d’architecture.
En quoi pensez-vous qu’être une femme apporte une valeur ajoutée à votre métier?
Je ne pense pas qu’il y ait une plus-value à être femme. Certes, on évoque souvent une plus grande sensibilité, etc. Ce sont pour moi des clichés, et je ne partage pas cette position. La seule plus-value que j’y vois serait peut-être dans le fait que les femmes sont sélectionnées plus facilement pour participer à des projets de concours, car elles appartiennent à la minorité.
Le plus difficile pour tout architecte est l’accès à la commande. De manière constante, la participation à des concours demande une grande énergie et engendre des coûts non négligeables. Il est difficile également de prévoir le futur. Chaque projet est unique en soi, nous nous devons, homme ou femme, d’être toujours être curieux, passionné et rigoureux pour développer et mener un projet à bonne fin.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans votre parcours? Être une femme a-t-il été un frein?
Être femme n’est pas un frein, je pense qu’il faudrait arrêter de se poser ce type de question par rapport à notre profession. Il est vrai que, dans d’autres métiers de la construction, être femme peut être un frein. Ainsi on ne voit pas d’ouvrières dans les chantiers ou de charpentiers femmes pour des raisons logiques liées à la force et la résistance.
Où puisez-vous votre force?
En profitant des belles choses de la vie, de mes enfants, de la nature. Et je fais en sorte de passer la plupart de mon temps avec des gens avec lesquels je partage des valeurs communes.
Y a-t-il une personne qui vous inspire, avez-vous un modèle?
Les gens qui m’inspirent sont nombreux, mais par-dessus tout j’apprécie les gens qui ont de l’humour!
Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’aventure de l’entrepreunariat?
Foncez si vous êtes sûres de votre choix! Et, surtout, soyez toujours prêtes à rebondir.