Directrice de l’entrepreneuriat à la Chambre de Commerce, la Luxembourgeoise Stéphanie Damgé qui a été, pendant 10 ans, à la tête de Jonk Entrepreneuren – est engagée de longue date dans ce domaine. Si elle n’a pas encore lancé sa propre entreprise, elle n’exclut rien car « on ne connaît pas les imprévus de la vie ». Longtemps passionnée de danse, c’est la musique qui accompagne aujourd’hui au quotidien cette maman qui rêve de grands voyages avec son fils, lorgnant vers l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Rencontre à la House of Entrepreneurship avec une quarantenaire qui se réjouit de l’arrivée des beaux jours, « je fonctionne avec le soleil » dit-elle en souriant.

Rédaction : Karine Sitarz / Photos : Gaël Lesure

Dans quel environnement avez-vous grandi ? Jeune fille, quelles étaient vos préoccupations ?

À la maison, on était trois filles, j’ai une sœur de 12 ans de plus que moi, une autre de 7, ma mère, enseignante, nous a élevées. Vers 5-6 ans, j’ai commencé la danse classique et pendant 12 ans cette passion, qui m’a appris la discipline et la concentration, m’a fait rêver d’être professeure et d’avoir ma propre école. Enfant, j’étais sensible, timide, mais j’aimais être entourée et très tôt j’ai été attentive à la cause des femmes grâce à ma grand-mère très engagée pour leurs droits. Les miens m’ont toujours dit de choisir une formation qui me permette d’être indépendante, mais de garder les deux pieds sur terre.

Qu’est-ce qui vous a poussée vers des études en sociologie du travail ?

Après un cursus classique au lycée Robert-Schuman, je voulais faire quelque chose dans le social et au fil de mes recherches, je suis tombée sur la sociologie du travail, un domaine qui me correspondait. J’ai fait une licence à Strasbourg puis une maîtrise à Aix-en-Provence avant d’enchaîner avec un diplôme en gestion d’entreprises à Innsbruck, en Autriche.

Puis vous êtes revenue au pays…

Oui, à 25 ans, je suis entrée chez KPMG où je suis restée 7 ans, c’était intense mais ce fut une bonne école. Je travaillais dans les ressources humaines, me suis occupée de recrutement, de gestion des talents, du droit du travail. J’ai remarqué qu’il y avait des fossés entre les générations, que les jeunes n’étaient souvent pas préparés au monde du travail et qu’il y avait peu d’empathie à leur égard.

Puis vous avez rejoint l’ASBL Jonk Entrepreneuren et la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise (FJD) dont vous êtes aujourd’hui présidente. Si je comprends bien, être au service des jeunes est important pour vous.

L’orientation des jeunes m’a toujours intéressée mais c’est par hasard, une annonce dans le journal, que j’ai rejoint Jonk Entrepreneuren et j’y suis restée 10 ans. Il y avait là une toute petite équipe, j’ai tout pris en main, un peu comme si c’était mon entreprise. J’étais convaincue par la mission. J’ai fait grandir l’ASBL, le budget a doublé, il y a eu plus de programmes, plus de jeunes, 5 000 à mon arrivée, 16 000 quand je suis partie… En ce qui concerne la FJD, où on est tous bénévoles, c’est un réseau très actif de partage d’expériences et de soutien professionnel et personnel. Là encore, c’est un engagement par passion, j’en ai été membre avant d’en être présidente pour un an. À ce titre, j’ai choisi le thème de l’année, « faire face aux extrêmes ».

Après Jonk Entrepreneuren, quelle a été la suite de votre parcours ?

Après les jeunes, je suis allée chez les grands, dans la maison juste à côté (rires). Je voulais un nouveau défi, j’ai postulé en 2023 pour le poste de directrice de l’entrepreneuriat à la Chambre de Commerce. Mon job à la House of Entrepreneurship en fait partie. Avec une équipe de 43 personnes, on informe et accompagne les entrepreneur(e)s. Je vois l’impact qu’on peut avoir, c’est vraiment motivant.

J’aime être sur le terrain, rencontrer et écouter les gens, découvrir la diversité des entreprises
et des profils” –
Stéphanie Damgé, directrice de l’entrepreneuriat à la Chambre de Commerce

Les femmes y ont-elles toute leur place ?

Oui, il y a 44 % de femmes, c’est plutôt positif. C’est important pour elles de parler à d’autres femmes entrepreneures. Le mentorat aussi peut aider tout comme bénéficier des réseaux qui existent. Il est essentiel de ne pas rester seule dans son coin. Les premiers pas sont souvent les plus difficiles, mais beaucoup de gens sont à l’écoute et dans la bienveillance.

Auriez-vous un conseil pour une jeune femme qui désirerait se lancer dans l’entrepreneuriat aujourd’hui ?

Il faut avoir une vision, oser, bien s’entourer, se laisser aider par des experts car il y a des hauts et des bas et il convient de ne pas se laisser décourager. C’est l’expérience qui compte.

Pouvez-vous nous dire deux mots de vos autres engagements ?

Je suis administratrice d’Idea et de Lux-innovation, c’est lié à mon travail, par contre à la Fondation PWC que j’ai rejointe il y a un an (ndlr : elle en est présidente), mon engagement est plus personnel. On s’occupe de projets philanthropiques au niveau de la Grande Région mais aussi à l’international.

Parvenez-vous à trouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle ? Comment vous ressourcez-vous ?

C’est un grand défi (rires), mais j’ai compris qu’il faut aussi penser à soi pour pouvoir bien penser aux autres. Mon fils est ma priorité, il y a aussi mes bons amis. Pour me ressourcer, je fais du yoga, un peu de course et de la natation et j’aime prendre un grand bol d’air frais.

Questions à la volée

  • Une musique : Depuis des années, le groupe The Killers, plus récemment la musique relaxante du pianiste Tony Ann que j’écoute même en cuisinant.
  • Une destination : Le Portugal, où je vais de temps en temps, pour la gentillesse des gens, l’accueil chaleureux, l’ambiance simple, les paysages variés et préservés.
  • Une philosophie de vie : Rester soi-même, évoluer tout en restant authentique, se faire confiance et être ouvert aux autres, en toute situation.

Interview initialement publiée dans le Femmes Magazine numéro 266 de mai 2025.