La salle était bondée. Le show s’est achevé par une standing ovation pour le mec de Bref. Bref, Kyan Khojandi était à la Kufa, hier soir. Et nous aussi.
Voilà quatre ans que ses aventures sur Canal+ se sont achevées. Kyan Khojandi a pris son temps pour son premier spectacle: Pulsions, né de longues heures passées à s’ennuyer avec son acolyte de toujours, Navo (Bruno Muschio). Entre temps, il y aura eu la mort de son père, un moment très difficile. Evénement qui suggère cette réflexion à Navo: «puisqu’on est tous en train de mourir, autant faire des blagues.» Alors Kyan a décidé de prendre tous les trucs pas marrants de sa vie et d’en faire un spectacle.
Si vous l’imaginiez comme le trentenaire cool qui pourrait être votre meilleur pote, et bien vous aviez raison. A peine sur scène, sa bonhommie envahit la salle. Kyan Khojandi n’est pas là pour faire son show, mais pour partager un moment avec son public. Lui transmettre les conseils de son père, évoquer plusieurs anecdotes de sa vie. Et le faire marrer, accessoirement. Enfin, principalement, parce qu’il faut l’avouer, on a ri de la première à la dernière minute. Running joke, apartés, comique de répétition, imitations – il est parfait dans le rôle de Donald Duck et d’Homer Simpson – et dédicaces pour son public luxembourgeois: «quand tu es ado, qu’est ce qui te fait te mettre à boire des bières et fumer des joints. Ah non, désolé, j’avais oublié qu’on était au Luxembourg. A snifer de la coke et boire du champagne!» Il nous égratigne, mais, ça fonctionne très bien et le public en redemande.
Parcourant les différentes pulsions qui nous animent, nous les humains, il explique comment la masturbation lui permet de rester fidèle à sa copine – tout en précisant qu’il est actuellement célibataire! –, comment il a perdu du poids tout en assouvissant ses pulsions de bouffe grâce au sport. L’occasion de faire une digression sur le running, la sécrétion d’endorphines et l’âge d’or de l’enfance, seul moment de vrai bonheur. Pourquoi on était heureux quand on était gosse? «Parce qu’on courrait tout le temps! On était tout le temps défoncés!». Puis vient l’adolescence: «un mec rentre dans ta vie, c’est le regard des autres.» Fin de l’insouciance. Mais pas une raison pour s’arrêter de rire.
Arrive ensuite le moment où Kyan évoque la mort de son père, mais il promet de réussir à nous faire rire. Comme son paternel qui, une semaine avant de succomber à sa maladie, faisait encore des blagues sur son lit d’hôpital. Le rire, une pulsion familiale chez le Khojandi? Sans doute. Un drame qui lui permet de parler de la pulsion de violence, en évoquant un couple d’amis de son père qui ne sont pas venus le voir à l’hôpital pour garder un bon souvenir de lui. Mais c’est sur la pulsion de vie qu’il achève son spectacle, à grand renfort de boîte à kiffs et de petits trucs pour être heureux, et comment il a récemment failli mourir, en s’étouffant avec un morceau de pizza, un samedi soir alors qu’il passait la soirée avec sa mère. Ou comment vivre à 100 à l’heure quand tu as 34 ans.
Parce que le mec de Bref, c’est bien à ça qu’il aspire. Être heureux et faire le bien autour de lui. Prodiguer des conseils, et transmettre des préceptes à ses futurs enfants, comme son père qui lui disait «des fois, tu parles à des gens, tu crois que c’est les bons gens mais c’est pas les bons gens». Il leur apprendrait aussi à observer les personnes autour d’eux, pour ne jamais s’ennuyer. Et sans doute s’en inspirer.
Pulsions évoque toutes ces petites choses qui font la vie, nos forces, nos faiblesses, nos joies, nos peines. Kyan Khojandi est drôle, sincère, touchant. On a envie de lui faire un câlin, et on ne s’est pas gênés pour lui en faire un, après le spectacle, quand il est longuement resté pour rencontrer son public. Bref, le mec de Bref est très cool.