Obnubilée par le désir de créer des robes blanches, Sidonie Floret reçoit, depuis 2015, des futures mariées dans son atelier. Chez Maison Floret, l’amour du détail et des lignes épurées cohabitent et donnent naissance à des robes, travaillées avec des matières nobles et délicates, que l’on garde en tête longtemps. Les créations sur mesure de la griffe parisienne, qui disent tout sans fioritures, subliment le charisme et la beauté naturelle des femmes qui les portent. Rencontre avec une passionnée, dont le talent accompagne les femmes à l’un des moments les plus importants de leur vie.
Avant d’ouvrir Maison Floret, vous étiez styliste pour diverses maisons comme Bonpoint ou Martine Sitbon, qu’est-ce que ces expériences professionnelles vous ont appris ?
Je retiens de ces expériences professionnelles le goût de l’exigence et l’amour du travail bien fait. Elles m’ont également appris l’importance du travail d’équipe. Dans ces maisons, surtout chez Bonpoint puisque j’y suis restée pendant cinq ans, j’ai gardé l’amour du produit. Ce sentiment rassemblait toute l’équipe et nous permettait d’aller au bout de tous nos projets. Cela ne m’a jamais quittée. Je me souviens qu’il existait une vraie passion de chaque employé pour son métier, chaque individu pouvait ainsi s’enrichir au contact des autres.
Vous avez ensuite, créé quelques robes pour des connaissances, avant le lancement officiel de Maison Floret, qu’est-ce qui vous a attirée dans l’univers du mariage ?
Je n’ai pas été attirée tout de suite par l’univers du mariage, mais plutôt par le fait de créer des robes blanches. Alors vous me direz, les robes blanches appartiennent forcément à l’univers du mariage. Mais à la base, c’est bien au-delà de cet événement. Je voyais avant tout l’intérêt de fabriquer, plastiquement, un vêtement blanc. C’est quelque chose de très noble et de très pur, mais aussi de très rassurant d’imaginer une pièce de cette couleur. J’ai aussi fait beaucoup de recherches sur la symbolique du blanc, j’étais donc loin du mariage. En tant que styliste, il y a aussi le côté sur-mesure qui m’importe énormément.
Faire un vêtement pour une seule personne reste tout à fait incroyable. Forcément, le mariage se prête aussi à cette création unique. Au fur et à mesure, je me suis aperçue que mes envies, celle de travailler le blanc et de faire du sur-mesure, me permettaient d’intervenir à l’un des moments les plus importants de la vie d’une femme. Le mariage est un carrefour de plein de choses dans sa vie. Nous l’aidons à s’exprimer, le Jour J, avec ce vêtement. Il y a énormément de facteurs qui rentrent en compte dans le choix de la robe, c’est très humain et intéressant. Cela me plaît beaucoup.
D’où vient votre goût pour la mode ? Quel est le créateur/créatrice que vous vénérez ?
J’ai grandi dans une famille assez nombreuse, j’étais enfant dans les années 80. Toutes les femmes de mon entourage étaient très élégantes et portaient des bijoux qui faisaient du bruit. Elles sentaient bon le parfum. J’ai toujours été très admirative de leur élégance. Elles m’ont beaucoup inspirée. J’adore aussi particulièrement le travail d’Yves Saint Laurent. J’ai une passion pour ses créations dont je ne me lasserai jamais.
Comment tout a commencé pour la marque ?
J’ai commencé à travailler sur ce projet lorsque j’étais encore au style chez Bonpoint. Cela m’a pris quelques années avant de mettre en forme toutes mes idées. J’ai testé des créations, j’ai fait de nombreux salons. Tout a réellement commencé lorsque j’ai rencontré mon associée, Sarah Abid. Ce fut le déclic. Nous avons lancé Maison Floret, en 2015.
Comment se déroule votre processus créatif ? Comment vos idées prennent-elles vie ?
C’est difficile à dire… J’oscille entre des phases de construction et des phases de déconstruction, des phases de découverte et d’essais suivies par des phases de doutes. J’enchaîne ensuite avec des phases de production et des moments où je jette tous mes dessins. J’avance comme cela, jusqu’à un stade où le timing m’oblige à fixer l’identité de la collection. À ce moment-là, je garde seulement ce qui reste obsessionnel. J’ai une base d’inspiration, j’observe énormément les créations des grands couturiers. Je peux aussi être inspirée par une allure d’une femme dans la rue, un détail, une attitude ou même juste une forme.
Qu’est-ce qui caractérise vos créations ? Avec quelle matière aimez-vous le plus travailler ?
Ce que j’aime le plus travailler, c’est le crêpe fluide pour pouvoir le draper. J’adore le tombé de cette matière. Quand j’imagine les collections de Maison Floret, je tente de dire le plus de choses possible dans des lignes les plus simples possibles.
Parlez-nous de votre dernière collection… Quelle histoire souhaitiez-vous raconter ?
Pour la dernière collection, j’ai essayé d’être encore un peu plus minimale et plus couture. J’ai travaillé des choses qui sont moins facilement portables, mais plus saisissantes, comme cette robe avec le bustier en forme d’étoile. J’aime particulièrement cette création, elle décrit au mieux mon travail et l’histoire que j’ai voulu raconter avec ce drop. Je sens, en ce moment, que les mariées ont envie d’être sexy et moins fleur bleue. Je me suis donc employée à créer des pièces plus profondes avec moins de dentelle. J’ai imaginé des robes qui font davantage une femme qui s’assume.
Justement, Maison Floret revendique un côté minimaliste / sport chic, comment l’identité de la marque s’est-elle dessinée au fil du temps ? Quelles sont vos inspirations ?
C’est plutôt une intention qu’une identité. Selon moi, la robe doit servir la beauté naturelle d’une femme. Pour cela, elle doit être la plus efficace et la plus discrète possible. C’est-à-dire qu’elle peut être résumée en quelques lignes, mais elle doit décrire toute l’allure et le charisme de celle qui la porte. Notre côté sport chic vient, en opposition, au style un peu bohème que l’on voit parfois dans le mariage. Pour autant, j’ai besoin d’avoir, dans mes collections, une caution un peu romantique, fleur bleue ou austère. Ces nuances coexistent et font l’identité de Maison Floret.
Vous réalisez des robes sur-mesure, avez-vous toujours la même émotion lors de l’essayage ? Vous souvenez-vous de votre toute première robe ?
Ma toute première robe de mariage, c’était la mienne (rires). Aussi improbable que cela puisse paraître, je n’étais pas particulièrement stressée de créer la robe la plus importante de ma vie. J’aurais mieux fait de l’être un peu plus. Je l’ai essayée le jour même, j’ai tout fait sur le mannequin. Je n’avais pas mis de système traîne, le décollecté était trop profond… C’était drôle et tout de même réussi ! Vous savez, notre émotion lors de l’essayage dépend de l’histoire que l’on vit avec la mariée. Chaque mariée est différente. Nous ressentons beaucoup les émotions, qui sont d’ailleurs très fortes, des personnes qui viennent nous rendre visite. C’est systématique, nous ne pouvons pas nous lasser entre deux mariées, puisqu’à chaque fois c’est une rencontre.
Au-delà des collections mariage, vous proposez également des gammes de prêt-à-porter, comment ces collections cohabitent-elles au sein de votre Maison ?
Elles cohabitent plutôt harmonieusement, puisqu’elles ont des fonctions très complémentaires. Les robes de mariage civil sont forcément très différentes des robes longues sur-mesure. Ce n’est pas du tout le même achat. Les femmes, qui viennent acheter des robes colorées après leur mariage, souhaitent prolonger l’expérience. Elles veulent obtenir le même service de suivi et la même attention, pour finalement s’offrir une pièce qu’elles peuvent porter plus souvent. C’est aussi important de préserver le lien entre nous et les mariées. Nous les suivons pendant presque un an, pour l’élaboration de leur robe, et puis nous sommes plus censées les revoir… Nous sommes donc contentes de continuer l’histoire avec d’autres vêtements.
En quoi était-ce important pour vous d’habiller vos clientes une fois mariées ?
Pour l’affect, essentiellement. Nous créons des liens très forts avec nos clientes, nous sommes donc tristes de les voir partir une fois le Jour J passé. C’est aussi très important de pouvoir toucher les proches de la mariée.
Pour vous, à quoi ressemble la robe de mariée parfaite ?
Il n’y a pas de robe de mariée parfaite. La plus belle des tenues est celle que l’on veut pour soi, dans laquelle on se sent bien et qui permet d’exprimer tout ce que l’on souhaite au moment où on se marie. La robe doit se faire assez discrète, se faire oublier, elle doit simplement servir la personnalité de la mariée.