Présentée comme l’un des nez les plus talentueux de l’ère moderne de la parfumerie, Mathilde Laurent a couché ses pensées dans un ouvrage, à lire dans l’ordre ou le désordre. Dans Sentir le sens, elle se raconte et met en lumière une industrie secrète, l’univers de la parfumerie, dans un seul but : la moderniser et l’ouvrir au monde.
Depuis 2005, Mathilde Laurent imagine des fragrances inédites et intemporelles pour la maison Cartier, comme autant d’histoires olfactives. Sa parfumerie fuit l’ennui du consens et apporte un supplément de sens et de poésie, d’imagination et d’inventivité dans un domaine souvent trop normatif. « À mes débuts, j’ai dû m’approprier l’histoire de la Maison. De nombreuses grandes figures m’ont inspirées comme Jeanne Toussaint, qui représente l’élégance à la Cartier », se souvient Mathilde Laurent. Elle qui s’imaginait un temps photographe, a donc fini par embrasser une carrière dans la parfumerie. Elle voit d’ailleurs quelques ressemblances entre les deux milieux. « À l’image d’une photo, les ingrédients d’un parfum captent le réel et sont intrinsèquement liés aux souvenirs », explique Mathilde Laurent.
Rendre l’univers du parfum accessible
De la collection des Heures à La Panthère, de Carat à L’Envol, Mathilde Laurent a dores et déjà signé 58 parfums pour la maison Cartier. « Des bombes olfactives » qu’elles aiment décrire et expliquer autant que possible. Le nez de Cartier souhaite que l’univers du parfum devienne accessible pour que chacun puisse y trouver du plaisir et se l’approprier. Mathilde Laurent entend également le moderniser en bousculant certains diktats qui collent à la peau de l’univers de la parfumerie. « Le parfum n’aurait jamais dû avoir de genre. Lorsque je crée un parfum, j’adresse un message à tous qu’ils soient hommes ou femmes. De plus, il ne reflète pas la personnalité. Par le plaisir qu’il vous procure, le parfum saura créer une aura olfactive autour de vous », souffle Mathilde Laurent.
Une créativité sans limite
Pour raconter son parcours et exposer ses convictions, l’ancien nez chez Guerlain a écrit un manifeste intitulé Sentir le sens (aux éditions Nez). Dans cet ouvrage, à lire dans l’ordre ou le désordre, elle défend une vision « parfumistique » de la profession et pousse ses lecteurs à contempler le monde par le biais de l’odorat. « Parce qu’il est directement lié au souffle vital qui nous anime ; parce qu’il possède cette connexion intrinsèque à notre existence même, l’odorat est pour moi le sens roi. Le sens de la vie », écrit-elle. Comble pour un nez comme elle, Mathilde Laurent avoue ne pas mettre de parfum « pour mieux sentir » son travail. Elle a d’ailleurs été temporairement privé de son outil de travail pour cause de Covid-19, une période qui l’a hautement perturbée. Outre des parfums d’exception, Mathilde Laurent a également imaginé, pour la maison Cartier, des bougies et des thés. Elle présente ces derniers comme « des parfums qui se boivent ».