Arrivée en 2004 à la Fondation Maison de la porte ouverte, Sandra Weis est devenue coordinatrice du département réservé aux femmes en détresse et aux jeunes mamans en 2016. Depuis lors, elle épaule et accompagne quotidiennement, avec l’aide d’une équipe dévouée, des personnes en difficulté, dans un seul but : essayer de les rendre à nouveau heureuses.
Depuis quand la Fondation Maison de la porte ouverte existe-t-elle et quel est son rôle ?
La Fondation Maison de la porte ouverte (FMPO) existe depuis 1971. C’est une fondation qui s’occupe de deux départements : celui de l’enfance et de la jeunesse et un autre réservé aux femmes, dont je m’occupe. Nous avons un centre de consultations pour jeunes mamans et femmes en détresse. Nous avons également plusieurs foyers dont la Maison Edith Stein qui se trouve dans le nord du Luxembourg. Celle-ci accueille «seulement » des femmes en détresse. Quant à la Maison Sichem (Walferdange) et la Maison Paul Bové, située à Luxembourg, elles accueillent à la fois des femmes en détresse et des jeunes mamans rencontrant des difficultés. Des éducatrices sont présentes 24h/24 pour les accompagner.
Quelle est votre fonction dans cette structure ?
Ayant une formation d’assistante sociale, je suis la coordinatrice du service infoFemmes depuis 2016. L’équipe de ce département se compose de six personnes (des assistantes sociales, des éducatrices graduées et une psychologue), que des femmes ! Les personnes dans le besoin prennent rendez-vous directement chez nous. Lors du premier entretien, après avoir identifié la situation et le problème, nous étudions avec elles la meilleure façon de les accompagner et de les soutenir. Nous pouvons éventuellement les orienter vers un autre service plus adapté ou faire la demande pour un séjour dans une de nos maisons d’accueil. Nous travaillons également en collaboration avec d’autres associations qui ont aussi des foyers pour femmes. Nous faisons également des entretiens d’information pour permettre à la femme de connaître ses droits ou les aides dont elle peut bénéficier en cas de séparation ou de violences conjugales. Nous avons aussi un volet suivi pour les femmes, dont la situation n’est pas encore totalement réglée, qui quittent l’un de nos foyers pour rejoindre un logement encadré en milieu ouvert pour une durée de trois ans. Nous continuons à les aider et à les accompagner pour faciliter la transition et répondre à leurs éventuelles demandes. Nous mettons tout en œuvre pour que leurs différents projets aboutissent. Nous offrons également un suivi à toute femme qui en ressent le besoin tant sur le point administratif que psychologique.
Nous recevons beaucoup de femmes qui ont vécu de la violence conjugale. Pour elle, le volet psychologique est essentiel. Il leur permet de reprendre confiance, force et énergie pour la vie future. Ces femmes oublient à quel point elles sont courageuses et compétentes. Elles ont survécu à l’impensable. Dans le même temps, nous offrons une consultation éducative afin de construire une relation positive entre parents et enfants. Tous les ans, nous accompagnons entre 300 et 400 femmes. En tant que voisins, famille, amis, il ne faut pas fermer les yeux face à la violence. Il faut oser en parler.
Quand avez-vous rejoint la FMPO ? Quel est votre parcours ?
J’ai rejoint la FMPO en 2004. J’ai fait mes études à Louvain-la-Neuve, en Belgique. J’ai bossé pour différentes structures avant d’arriver à la fondation. J’ai toujours voulu travailler auprès des gens, des enfants. Au départ, je voulais devenir institutrice ou éducatrice. Et puis, finalement, j’ai découvert le métier d’assistante sociale. Avec ce travail, je pouvais soutenir et aider les personnes à reprendre leur vie en main et à redevenir heureux dans le meilleur des cas. Je me bats quotidiennement aux côtés des femmes et je leur apporte mon soutien pour les aider à sortir de la violence. C’est aussi très gratifiant d’observer le fruit de notre travail. Les jeunes mamans, que nous accompagnons, ont vécu elles aussi une enfance difficile. Elles n’ont pas connu une vie familiale chaleureuse. Cela complique la relation avec leurs enfants. C’est donc un vrai challenge de les aider, ce n’est pas toujours évident. Cet aspect m’anime. J’apprécie tout particulièrement les challenges. Lorsque j’arrive au travail, je ne sais pas ce qu’il va m’attendre. Nous devons parfois réagir dans l’urgence lorsque la police nous appelle pour apporter protection à la mère et son enfant.
Quels sont les futurs projets de votre département ?
Nous espérons ouvrir un autre foyer pour femmes, car malheureusement, il y a des listes d’attente de plusieurs mois. Nous essayons toujours de trouver une solution pour ne pas laisser la femme dans la violence, en les plaçant dans la famille ou en auberge de jeunesse. Mais ce n’est pas une solution pérenne. Nous faisons face à une autre problématique, les logements au Luxembourg sont de plus en plus onéreux. C’est une vraie catastrophe puisque les femmes sont comme bloquées par ce frein financier. Dans la plupart des cas, les familles monoparentales ne peuvent pas louer un appartement. Nous rencontrons de plus en plus de femmes qui n’arrivent pas à payer leur loyer, car leur salaire n’est pas assez élevé. Il y a de plus en plus de working poor, ce sont des travailleurs qui n’ont pas assez d’argent pour vivre. Nous essayons de trouver des propriétaires qui accepteraient de louer leur logement à un loyer abordable. Nous mettons alors en place un bail glissant.