Cumulant près de 850 000 abonnés sur Instagram, la Parisienne Sabina Socol s’est finalement décidée à lancer une marque de prêt-à-porter haut de gamme, en 2021, après en avoir rêvé pendant des années. Celle-ci se nomme Pujka, en référence à son jeu de cartes préféré. Pujka c’est une griffe mode ultraféminine un peu espiègle, à l’image de sa créatrice, mais surtout profondément rétro qui rappelle la mode des années 90.

Photos : Gladys Tan / Nathaniel Goldberg

Qu’est-ce qui vous a donné envie de lancer Pujka ?

Pour être tout à fait franche, c’est un désir que j’avais depuis plusieurs années. Lorsque je me suis lancée à mon compte en tant que créatrice de contenu sur les réseaux sociaux, cette envie a pris davantage de place dans mon esprit. Ce travail m’a permis d’accéder au monde de la mode et m’a offert de nombreuses opportunités. J’ai pris conscience que cela était possible de créer sa propre marque, le fait d’avoir ma communauté allait me faciliter le processus. J’ai mis assez longtemps à trouver le bon partenaire pour sauter le pas. Cette recherche fut assez confuse. Mais j’ai fini par rencontrer la bonne personne et nous avons démarré la machine, en 2021, il y a un an et demi. Il était impensable pour moi de me lancer seule. Le déclic a donc été la prise de contact avec mon partenaire actuel.

Pourquoi ce nom, Pujka ?

Pujka n’a pas de signification à proprement parler, c’est le nom d’un jeu de cartes inventé par des amis. Mon mari et moi y jouons très souvent. Mais au-delà de notre affection pour ce jeu de cartes, je trouvais le terme très sympa. Il évoque un côté fédérateur, amusant et pas prise de tête qui me plaisait beaucoup. Je trouvais aussi que c’était un mot assez court et facile à retenir, le logo était aussi très joli. J’ai donc décidé de prendre ce nom pour toutes ces raisons, mais aussi pour des raisons purement pragmatiques. Ce n’est pas un nom propre donc j’ai pu en faire un peu ce que je voulais !

Comment décririez-vous votre marque ?

C’est une marque citadine, féminine avec une touche de sexy. Les vêtements de ma griffe sont intemporels et ne suivent pas forcément les tendances. Ils sont là pour durer, rester et être portés encore et encore.

Vous vous inspirez énormément des années 90 pour créer vos collections, est-ce une période dont vous êtes nostalgique ?

Je suis complètement nostalgique des années 90. Je m’inspire énormément de cette période lorsque je choisis mes habits depuis des années. Cette époque m’a vue grandir, j’ai évolué et je me suis construite avec des figures féminines de la pop culture des années 90. J’ai été grandement inspirée par des séries telles que Friends ou encore Sex and the City, mais aussi par ma maman. Elle a toujours adoré la mode et bien s’habiller. Ce sont des repères qui continuent de m’animer puisqu’ils ont été fondateurs dans ma construction mode. Cela déteint sur Pujka. Je trouve d’ailleurs qu’il y avait beaucoup de minimalisme et des pièces qui ne sont jamais vraiment passées de mode. C’est ce que j’ai envie de véhiculer avec Pujka, une marque qui traverse les saisons sans prendre une seule ride.

Quel rapport entretenez-vous avec la mode ?  

J’ai toujours été intéressée par la mode et tout ce qui gravite autour. J’aime tout particulièrement l’histoire de la mode et des créateurs.

À quoi ressemble la femme Pujka selon vous ?

La femme Pujka est une femme active, citadine et très féminine. Elle s’assume, s’habille pour elle et se fiche un peu du regard des autres. J’apprécie énormément le corps de la femme, je souhaite le mettre en valeur le mieux possible.

Quel est votre processus créatif ? Où fabriquez-vous vos pièces ?

Je m’occupe de toute la direction artistique, je vais donner l’impulsion créative des collections. Je suis bien évidemment accompagnée d’une équipe. Concrètement, ce sont une styliste et une modéliste qui dessinent les modèles que je leur propose. La grande majorité des pièces sont fabriquées en Europe.

Avez-vous impliqué votre communauté dans le lancement de votre marque ?

C’est une question que je me suis posée, mais j’ai préféré ne pas le faire. L’entrepreneuriat est un monde assez fragile et fluctuant. Il se peut qu’un projet bien ficelé tombe à l’eau dans les derniers instants pour une raison saugrenue. J’ai donc choisi de cacher les prémices de Pujka pour ne lui montrer qu’un produit fait et finalisé. J’avais déjà fait quelques cocréations de collections de vêtements et d’accessoires auparavant, je savais donc plus ou moins ce qui lui plaisait. Désormais, je pose régulièrement des questions à ma communauté pour connaître ses désirs et ses attentes. Ce retour est primordial.  

Qu’est-ce qui vous a poussée à devenir créatrice de contenu sur les réseaux sociaux ?

J’ai toujours été attirée par ce milieu-là. Lorsque j’étais au lycée, j’avais un Skyblog. Ce dernier fonctionnait très bien et avait de fidèles lectrices. Ensuite, j’ai eu tous les blogs qui existaient : Myspace, Blogspot… J’adorais et j’aime encore diffuser ma créativité sur internet. Cela combine mon affection pour l’image, pour la création et mon côté un peu geek. En parallèle, j’ai fait des études de journalisme et de communication. Au cours de mon cursus, et ce dès 2009, j’ai commencé à écrire pour des rédactions web. J’ai évolué pendant quelque temps dans le milieu du journalisme et des magazines de mode. Ces expériences m’ont permis de me créer un réseau. Dès le lancement d’Instagram, je me suis inscrite sur la plateforme. La communauté que j’avais créée au fil du temps via mes (trop) nombreux blogs m’a suivie. Ils n’étaient pas nombreux, mais c’était une poignée de fidèles qui aimait me suivre quotidiennement. Ma communauté a ensuite accueilli de nouveaux membres et ainsi de suite…

Est-ce que vous vous souvenez de votre premier post Instagram ?

C’est une photo en noir et blanc de mes parents lorsqu’ils étaient jeunes. Parfois, je l’update en changeant la légende. Cela me permet de voir qui stalk mon Instagram (rires).

Quelle est votre pièce favorite de votre collection printemps/été 2022 ?

Pour avoir (beaucoup) porté tous les modèles, ma pièce préférée est la robe Gardette réglable à rayures. Je l’adore, je la mets très souvent. Elle fait une très jolie silhouette et elle est confortable. C’est vraiment une robe estivale par excellence avec laquelle on se sent à l’aise. On adore la mettre lorsqu’il fait chaud.

Quels sont les projets de la marque ?

Je travaille actuellement sur la collection automne/hiver, celle-ci sortira à l’automne. Nous avons également ouvert un pop-up store parisien avec d’autres marques le 29 juillet. L’idée est de pérenniser ce magasin éphémère.