Cette monarchie constitutionnelle qui règne sur 208 hectares de rocher, une concentration de fortunes diverses et variées, soigne une image de marque mélangeant allègrement uniformes chamarrés, princes et princesses, yachts et autres luxes, et serait dans la tourmente.
Cadfael
L’administrateur congédié dégaine.
Le rocher est en effervescence depuis quelques mois. L’administrateur des biens particuliers du prince s’est vu congédier le 6 juin dernier comme un malpropre. Claude Palmero, issu d’une vieille famille monégasque, avait pris la succession de son père en l’an 2000. S’est-il trop approché du soleil, en l’occurrence « du mirifique marché immobilier monégasque, sur lequel règne le multimilliardaire Patrice Pastor » comme le pensent des observateurs ? Les 88 appartements neufs qui se sont vendus en 2022 à Monaco ont généré un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros. Y aurait-il eu des irrégularités ? Toujours est-il que des fonctionnaires ont eu droit à une descente de police dans leurs locaux suite à une plainte collective à laquelle Palmero est partie prenante. Une enquête préliminaire pour corruption serait lancée au vu de certains marchés très juteux qui se seraient faits de gré à gré. On assiste à un échange de coups en public relayé par la presse people, la presse quotidienne et financière et le très parisien « Le Monde ».
Le fourrier du Rocher.
On y découvre les dépenses de la famille régnante et leurs dérapages : Jazmin Grimaldi, fille illégitime, se voit gratifiée de 79 000 EUR par trimestre et d’un appartement à New York pour 3 millions de dollars. Alexandre Grimaldi, d’extraction analogue, a droit à une assurance anti-kidnapping et sa mère à l’installation d’une boutique à Londres pour 350 000 euros ainsi qu’un pied-à-terre acheté discrètement par Palmero au nom du jeune homme. Stéphanie aura droit également à un appartement pour 30 millions d’euros et pour sa sœur, un rappel à l’ordre pour des travaux dispendieux faits dans une propriété de famille dans l’Aisne. Palmero semble être le fourrier du clan Grimaldi, financé par le prince. Charlène dépasse également les limites car sa dotation de 1,5 million en 2023 ne suffit guère. Sean, le frère de Charlène, se voit gratifié d’un million d’euros par an. Caroline avec 900 000 annuels et Stéphanie avec 800 000 ont également des problèmes de fin de mois. Cela dérape dans tous les sens. Il faudra débourser 1 million d’euros pour deux mois de location d’une villa à Calvi pour Caroline. Dans ce contexte, les 450 000 pour les nounous et instituteurs des enfants de Charlène en 2020 ou la location d’un appartement discret font figure de bricole. Congédier de façon si peu cavalière celui qui récupère des photos compromettantes et gère les finances les plus discrètes n’était guère intelligent. Selon RFI, Palmero a su garder à l’abri des regards et faire fructifier la fortune des Grimaldi (plus de 1 milliard d’euros) à travers une myriade de sociétés dont il fut, de son propre aveu, le prête-nom. Cerise sur le gâteau, les neveux du prince, les Casiraghi, fils de Caroline, font l’objet d’une enquête pénale. Il serait question de projets immobiliers de luxe obtenus avec l’aide de tonton, « des projets publics les plus importants de la principauté ». C’est l’exclusivité sur la ligne d’hélicoptères reliant Monaco à l’aéroport de Nice qui a généré une plainte en justice sur fond de hacking et de fuite de documents et d’e-mails.
Les organes anti-blanchiment s’y mettent également.
En septembre de l’année dernière, la monarchie a subitement remplacé son ministre des Finances suite aux pressions de la part du Conseil de l’Europe et de ses organes, Moneyval : son « Comité d’experts sur l’évaluation des mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme » et le GRECO. Selon la presse financière, il y aurait eu des années d’inertie par rapport aux recommandations faites. D’autres institutions ont le mauvais goût de s’y mettre, comme le GAFI, la structure anti-blanchiment issue du G7. Le dernier rapport de Moneyval daté du 23 janvier épinglait Monaco en mentionnant que les efforts en la matière étaient modérément efficaces et que les moyens mis en œuvre étaient insuffisants, avec une coopération judiciaire peu enthousiaste. On soulignait les obstacles aux demandes d’entraide internationale et le rejet de demandes d’extradition, selon Bloomberg. Un rocher sur une future liste grise, cela ferait désordre. Comme Monaco est lié à la France par un traité d’amitié protectrice, ce qui en fait une sorte de protectorat de la République, Macron serait intervenu personnellement pour qu’Albert fasse le ménage dans ce « lieu ensoleillé pour gens de l’ombre », selon l’expression de l’écrivain Somerset Maugham.
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