Si l’intolérance au gluten est un vrai problème de santé – à savoir la maladie cœliaque qui attaque la paroi de l’intestin grêle – le régime sans gluten, ou «no glu» est rapidement devenu la nouvelle obsession de healthy girl. Bonne ou mauvaise idée ?
Le gluten, c’est quoi?
Le gluten est une petite protéine contenue dans plusieurs céréales comme le blé, comme l’orge, le seigle, l’avoine ou encore le triticale (un mix entre le blé et le seigle). On le trouve également dans les dérivés du blé, comme le boulgour, l’engrain, l’épeautre ou encore le kamut. Enfin, le gluten est souvent présent dans les plats transformés, donc lire les étiquettes est recommandé, car on peut trouver des traces dans la charcuterie, les yaourts, le fromage, certaines épices… Il y a également du gluten dans la bière ou le whisky. Il se cache donc (presque) partout. D’où un besoin de vigilance accrue.
Chez les vrais intolérants, les allergiques ou les personnes atteintes de la maladie coéliaque, le gluten provoque, entre autres, de nombreux troubles digestifs, et peut aller, dans les cas les plus sévères, jusqu’à détruire les parois de l’intestin grêle. L’intolérance au gluten entraine également d’autres symptômes, tels que des œdèmes, des migraines, des affections cutanées diverses, troublerait le sommeil et serait à l’origine d’une prise de poids.
Le gluten vraiment nocif?
Sitôt le gluten mis sous le feu des projecteurs, les healthy girls se sont très vite emparées du phénomène, dénonçant la nocivité de la petite protéine sur la santé et la ligne, pour le bannir aussitôt de leur alimentation. Et l’on ne compte plus les hashtags #noglu qui abondent sur les réseaux sociaux. Lubie ou réel problème de santé?
N’en déplaise à certaines, si l’on ne souffre d’aucune intolérance, le gluten n’est absolument pas nocif pour notre santé. Pire, le régime sans gluten sur qui n’y est pas sensible entraînerait une prise de poids car le corps privé d’un aliment aura tendance à le stocker pour peu qu’on lui en redonne à nouveau.
Régime sans gluten ou non?
Quant au régime sans gluten, lui non plus ne présente aucune contre-indication et demande de jongler pour compenser. Et d’être vigilant : non les aliments estampillés «no glu» ne sont pas moins caloriques que leurs homologues avec du gluten. Et sont souvent enrichis en sucres, entrainant des pics de glycémie. Enfin, le gluten étant très satiogène, les aliments qui en sont dépourvus le sont forcément moins: le risque de fringale est donc plus grand. Au final, il apparaît que le seul avantage du régime sans gluten est d’avoir un ventre plat, car le gluten aurait tendance à faire gonfler…
Trois questions à Marie-Laure Moreau, blogueuse, auteure du blog Marielolfashionglutenfree
Comment votre intolérance a-t-elle été diagnostiquée?
Au tout début, je me suis rendu compte par moi-même que j’avais un souci avec le blé, et plus globalement le gluten. La maladie n’était pas encore très répandue à l’époque, les médecins généralistes n’y pensaient pas toujours. C’était donc il y a cinq ans après une intoxication alimentaire au saumon cru. Après avoir reçu un traitement, des douleurs au même endroit (estomac) sont réapparues. Le second traitement n’ayant pas fait disparaître les symptômes, je me suis alors tournée vers internet pour chercher la cause de mes maux: douleurs permanente à l’estomac, diarrhées, fatigue intense, gonflement du ventre, ballonnements, etc.
En parallèle j’en ai parlé à mon médecin qui m’a prescrit des tests, dont l’un s’est révélé concluant. Dès lors, j’ai supprimé tous les produits à base de blé, et d’une manière générale, les produits transformés industriellement. Le gluten étant utilisé comme liant ou épaississant, on en retrouve presque partout, même dans des aliments insoupçonnés (jambon blanc, cube de bouillon, sauce soja, sachets de poêlée de légumes, crème dessert, chocolat à boire en poudre etc.).
Est-ce contraignant au quotidien? Avez-vous des «trucs» pour compenser?
Au début oui, c’est très contraignant, car on a l’impression que tout nous est interdit, mais en fait non. Il faut faire attention, très attention, car malgré mon extrême prudence, je me fais encore avoir (très rarement, j’avoue)! Le plus dur reste le restaurant, car il faut tout checker et ceci passe par le fait de poser parfois de nombreuses questions et de remettre en question les dires du serveur… A la maison, c’est plus simple à gérer et on apprend très vite à remplacer la farine de blé par celle de coco, de châtaigne, de millet ou de riz, par exemple. On se rend régulièrement au rayon sans gluten des supermarchés ou dans les boutiques bio qui proposent aussi pas mal de produits adaptés et surtout, on lit TOUTES les étiquettes (rires)! Honnêtement, après une phase (courte) de déprime, pendant laquelle je me suis dit que je ne pourrai plus rien manger, j’ai vite remonté la pente en voyant qu’on pouvait être intolérant au gluten et quand même se faire plaisir en mangeant!
Que pensez-vous de la tendance du «no glu» que les healthy girls se sont appropriée?
Pour être vraiment honnête, je suis un peu agacée de tout ça! La conséquence est surtout que les ‘vrais ‘malades ne sont pas pris au sérieux, cela passe pour une lubie! L’intolérance au gluten peut, dans certains cas, être une vraie maladie (maladie cœliaque) qui met en jeu la vie des personnes étant touchée – ce qui est mon cas, d’ailleurs. On distingue ainsi les sensibles ou hyper-sensibles, les intolérants et les cœliaques. Dans tous les cas, les désagréments sont bien handicapants… Au restaurant on a déjà pris à la rigolade mes demandes au niveau des plats et on a fini par me demander si c’était juste pour «faire style» ou si c’était véritablement pour une vraie autre raison que je mangeais sans gluten! C’est incroyable, non? A cet instant, j’avoue que je maudis toutes ces filles qui ne connaissent pas les douleurs endurées lors de l’ingestion de ne serait-ce qu’une poussière de gluten! J’entends les bénéfices santé vantés de l’alimentation sans gluten, mais les conséquences pour les millions de malades sont désastreuses!