Alors que l’on vient à peine de contempler l’exposition Peindre la Nuit, le centre Pompidou-Metz a présenté ce mardi ce qui composera dans les grandes lignes sa saison 2019.
Un programme placé sous le signe de la pluridisciplinarité et de sa mise en abîme à travers l’art.
Source d’inspiration majeure de l’histoire de l’art, la nuit demeure aujourd’hui encore un terrain d’expériences fécond. Revenir à un sujet aussi vaste que la nuit permet de poser des questions essentielles sur notre condition et notre place dans l’univers, comme sur le rôle de l’art. Un questionnement mis en avant à travers la dernière exposition du centre Pompidou-Metz qui nous invite depuis le mois d’octobre à comprendre les ambiguïté autour de la nuit.
À travers une approche liée à la perception de la nuit plutôt qu’à son iconographie, l’exposition se présente elle-même comme une expérience nocturne, une déambulation qui transforme le visiteur en noctambule, et qui transmet ce vertige que procure la nuit : vertige des sens, vertige intérieur, vertige cosmique. On avance dans l’exposition comme on avance dans la nuit.
Si Peindre la nuit ne vient donc de voir le jour que depuis quelques semaines, Jean-Marie Gallais, responsable du pôle Programmation, et Emma Lavigne directrice du musée, ont présenté ce mardi dans les grandes lignes la saison à venir.
L’artiste avant le collectif
Habitué à la création d’expositions thématiques et collectives, l’année prochaine sera notamment marquée par deux expositions consacrées à des artistes contemporains qui ont marqué leur époque.
À partir du 27 février 2019 une exposition monographique sera consacrée à l’artiste coréen Lee Ufan, dessinant un parcours au sein de son œuvre peint et sculpté depuis les premières réalisations de la fin des années 1960, jusqu’aux créations les plus récentes. L’exposition s’attachera à montrer la manière dont le vocabulaire de l’artiste s’est transformé et a évolué au cours des cinq dernières décennies de sa création, chaque série d’œuvres engendrant la suivante.
À partir du 8 juin ce sera au tour de Rebecca Horn d’être sur le devant de la scène à travers une collaboration entre le Centre Pompidou-Metz et le Musée Tinguely de Bâle. Deux expositions seront ainsi consacrées à Rebecca Horn : Théâtre des métamorphoses à Metz et Fantasmagories corporelles à Bâle. Présentées simultanément, elles exploreront les processus de métamorphoses, tour à tour animale, maniériste et cinématographiques à Metz et machiniste ou cinétique à Bâle. Elles offriront ainsi des perspectives complémentaires d’envergure sur l’œuvre d’une des artistes les plus singulières de sa génération, dont certains pans de création restent encore méconnus.
Sergueï Eisenstein à la croisée des arts
Du 28 septembre au 24 février 2020, le musée proposera une rétrospective de l’œuvre de Sergueï Eisenstein, réalisateur culte du cinéma russe. Cultivant l’art du montage et de la lumière au point d’inventer un nouveau langage visuel au milieu des années 1920, Eisenstein s’est toujours placé à la croisée des arts. Homme de théâtre et de littérature, dessinateur, théoricien, passionné d’archéologie et d’anthropologie, il n’a cessé de se nourrir de l’histoire de l’art tout au long de sa carrière.
Le Centre Pompidou-Metz propose une rétrospective de son œuvre en regard de l’influence de cet héritage universel. On y retrouve les grands films qui l’on fait connaître (La Grève, 1924; Le Cuirassé Potemkine, 1925; Octobre, 1927 ; La Ligne Générale, 1929 ; Que Viva Mexico !, 1932 ; Alexandre Nevski, 1938 ou encore Ivan le Terrible, 1944-46), mais aussi ses expérimentations théâtrales, ses dessins riches de symboles, tracés à la ligne claire, ou ses projets inachevés. L’exposition retrace la méthodologie et l’approche visionnaire du cinéaste, aux productions fortement liées à l’histoire russe mais aussi à ses nombreux voyages en Europe, au Mexique et aux Etats- Unis, à ses lectures et à ses rencontres.
L’opéra sur le devant de la scène
Enfin, à partir du 26 juin, l’exposition Opéra Monde témoignera de la rencontre entre les arts visuels et le genre lyrique aux 20e et 21e siècles. Plus qu’une exposition consacrée aux scénographies d’opéra réalisées par des artistes, elle entendra explorer, en résonance, ou au contraire en tension avec l’héritage wagnérien, comment les arts visuels et le genre lyrique se sont nourris mutuellement, et parfois même influencés de manière radicale. Dans ce mouvement de va-et-vient, l’opéra sert ainsi de terrain fertile d’expérimentations et de ferment pour de nouvelles sensibilités esthétiques et politiques.
Mathieu Rosan.