La persévérance est le maître mot d’Hélène Dekhar. Celui qui lui a permis de ne jamais lâcher prise, et d’avancer, de rebondir et de conquérir les cieux. À présent directrice générale de la société Herbalife, elle a évoqué avec nous la difficulté d’être une femme dans un monde dirigé par les hommes. Une rencontre inspirante.
Quel parcours avez-vous suivi ?
Mon parcours est somme toute plutôt classique, puisque j’ai fait des études dans la finance : BTS, école de commerce, puis un MBA, aux États-Unis. J’ai travaillé dans plusieurs sociétés américaines en France, avant de venir au Luxembourg et d’intégrer Herbalife, il y a 12 ans.
Travailler dans une société dédiée à la santé et au bien-être était une envie particulière ?
Au départ, le milieu pharmaceutique m’attirait, l’idée de travailler dans la recherche et de sauver des vies. J’étais bien naïve. Au final, travailler pour Herbalife est bien plus épanouissant, c’est une double chance.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées au cours de votre carrière ?
Sans aller dans les clichés, celles que presque toutes les femmes rencontrent. On parle beaucoup d’égalité des sexes, mais la réalité reste la même et le plafond de verre existe bel et bien. Dans ces conditions, le facteur chance est primordial, mais si – soyons honnête – cela ne fait pas tout. Le travail, la persévérance et les compétences demeurent essentielles. Mais lorsque l’on tombe sur un homme ouvert d’esprit – les postes les plus hauts ne comportent toujours que des hommes –, cela facilite les choses.
Est-ce plus difficile de manager lorsque l’on est une femme ?
J’ai eu la chance de manager, pour la plupart, des hommes très compréhensifs. Les remarques venant d’une femme sont plus difficiles à entendre que celles d’un homme, et cela prévaut toujours en 2017 malgré tout ce que l’on entend. J’ai la chance de manager actuellement une équipe fort sympathique. Bien sûr, j’ai dû faire face à quelques jalousies, mais j’ai toujours mis un point d’honneur à essayer de développer la coopération entre les femmes et d’aller contre cette idée reçue selon laquelle travailler au sein d’une équipe féminine était plus difficile.
Quelle est votre plus belle réussite ?
D’occuper ce poste de directrice générale pour une grande firme américaine.
La maternité a-t-elle été un frein dans votre parcours ?
En effet, cela n’a pas été évident. J’occupais déjà un poste de directrice financière lorsque je suis devenue mère. Je travaillais alors en France, et j’ai réussi à trouve run accord avec mon patron pour revenir plus tard. J’ai donc bénéficié d’un congé de six mois contre les trois octroyés légalement. Le groupe a ensuite été racheté et je suis partie. Puis, j’ai perdu mon second enfant à la naissance. J’ai alors décidé de mettre ma carrière professionnelle entre parenthèses, trois ans durant pour m’occuper de mon fils. Je n’ai toutefois pas complètement raccroché puisque j’ai profité de cette période pour suivre des études.
Revenir dans le secteur de la finance après trois ans de relative inactivité a-t-il été difficile ?
En effet, j’ai rencontré des difficultés, d’autant que je n’ai bénéficié d’aucun soutien de la part de la gent masculine. Je n’ai pas pu réintégrer immédiatement un poste équivalent. J’ai donc fait le sacrifice d’accepter un poste de comptable, pour me remettre à jour. Il fallait bien commencer par quelque chose. Ce choix a été judicieux et a porté ses fruits. Finalement, j’ai été chassée par un cabinet de recrutement et ai intégré la société Herbalife.
Où puisez-vous votre force ?
J’ai une bonne hygiène de vie et suis très sportive, puisque je suis marathonienne de fond. Je fais également beaucoup de bénévolat. C’est une soupape nécessaire.
Quelle est votre principale qualité ? Votre plus gros défaut ?
La persévérance qui est une qualité ET un défaut. Lorsque j’ai un objectif, je mets tout en œuvre pour ‘atteindre. Avec le revers de la médaille de ne pas savoir lâcher prise, de courir après des causes perdues.
Avez-vous des rituels ?
Chaque matin, je prends le temps de serrer la main à chacun de mes collaborateurs pour le saluer. C’est humainement très important, et cela me permet de prendre la température lorsque j’arrive.
Y a-t-il une personne qui vous inspire, avez-vous un modèle ?
Oh, il y en a plein. Le premier qui me vient à l’esprit est Obama pour lequel j’ai toujours une admiration incroyable. Cela m’est d’autant plus sensible que je travaille pour une firme américaine, et lorsque je vois les ravages causés par Trump. Le pays est divisé, en recul sur des questions fondamentales comme le racisme ou le féminisme. J’admire également Mandela, et des femmes comme Simone de Beauvoir ou Simone Veil.
Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’aventure de l’entrepreunariat ?
Je viens justement de finir le coaching d’une cheffe d’entreprise. Elle a présenté son business plan hier. Tout au long de ce processus, je n’ai cessé de lui rappeler de croire en elle, et de ne se donner aucune limite. À compétences égales, les femmes sont bien supérieures, j’en suis convaincue. Je n’ai pas eu le courage, comme elle de me lancer.
L’entrepreneuriat ne vous a jamais attiré ?
Absolument pas, mais jusqu’alors, je n’ai jamais eu de projet qui m’incite à me lancer. Toutefois, je sais que j’ai les qualités pour le faire. De plus en plus, je songe au rachat d’entreprise. Je ne sais pas encore quand, mais je suis toute prête à saisir les opportunités qui s’offriront à moi !