La collection d’albums illustrés Drôles de petites bêtes, créée par Antoon Krings s’est, depuis vingt ans, fait une place de choix sur les étagères et dans les bibliothèques des tout-petits.
À l’occasion de la sortie du premier long-métrage sur cet univers, nous sommes allés à la rencontre de Lilian Eche, co-producteur du film, qui dirige la société luxembourgeoise Bidibul Productions.
Pourquoi avoir choisi l’univers des albums illustrés des « Drôles de petites bêtes » pour votre nouvelle production ?
Lilian Eche : C’est quelque chose que je lisais à ma fille quand elle était toute petite. Après je ne suis pas le seul producteur sur ce film, il y a aussi un producteur français qui est Aton Soumache qui connaissait également très bien cet univers. En discutant, on s’est dit qu’il y avait quelque chose de bien à faire d’autant qu’il n’y a pas beaucoup d’offres pour les petits dans le cinéma d’animation. Du coup on a voulu faire quelque chose de qualité, ce que l’univers d’Antoon permettait et monter d’un niveau les films « preschool ». On a fait ce film comme un vrai film, et non pas un film pour les petits.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans cet univers ?
L’univers est très coloré, il y a beaucoup de personnages, de fleurs… Toutes les petites bêtes sont vraiment attachantes. Que ce soit Apollon, Loulou le pou ou encore Léon le bourdon, tout cela fait un ensemble vraiment intéressant au niveau artistique. Personnellement j’avais de très bons souvenirs de Loulou le pou, c’est celui que je lisais le plus à ma fille.
Le fait de travailler avec Arnaud Bouron et Antoon Krings ça a été quelque chose de naturel pour vous ?
e lAntoon était d’accord de céder les droits afin de permettre une adaptation en long-métrage de son univers, mais c’était sous la condition qu’il puisse gérer artistiquement le projet. C’est donc tout naturellement qu’on lui a proposé la co-réalisation. Et vu qu’il ne venait pas de l’univers de l’animation, on a monté un binôme de réalisation avec Arnaud afin qu’ils soient tous les deux complémentaires.
Ce n’est jamais évident d’adapter une oeuvre déjà existante au cinéma. Ça n’a pas été trop compliqué de retranscrire parfaitement l’univers des albums illustrés ?
C’est effectivement quelque chose d’assez complexe. On a essayé d’être le plus fidèle possible aux albums illustrés, mais le fait de travailler sur un autre support c’est délicat. Ce qui est fait sur papier ne rend pas forcément de la même manière à l’écran. Avec le temps l’univers a évolué et le fait d’avoir fait ce film d’animation ça le rend un peu plus mature même si ça reste un film pour les petits.
Globalement la trame du film est facilement compréhensible, notamment pour les enfants. Malgré tout on sent que le scénario offre un autre niveau de lecture pour les plus grands. Pourquoi ce choix de véhiculer un message politique et écologique aux plus grands ?
C’est quelque chose qu’on aime bien faire. C’est vrai qu’on pense également aux parents qui vont aller voir le film avec leurs enfants et qui auront une autre vision de l’histoire. On se dit qu’il y aura également une tranche d’âge d’enfants entre les deux qui vont peut-être faire le rapprochement avec les différents sous-entendus qu’on a pu insérer dans le scénario.
On sent d’ailleurs assez rapidement dans le film une volonté de montrer l’écosystème du mon des abeilles. C’est quelque chose d’important pour vous de sensibiliser les plus jeunes à ce sujet ?
Bien entendu. On essaye au maximum de les sensibiliser au rôle fondamental qu’elles peuvent jouer dans l’écosystème. Le scénario a été écrit au départ dans le but d’avoir une histoire qui tienne sur 80 minutes. Une fois que cette structure a été mise en place, on est venu greffer des doubles sens et un message un peu plus écologique.
On sent dans le film une volonté de rassembler toutes les générations. C’est quelque chose que vous souhaitiez avant la production ?
Il y a toujours un double aspect quand on fait un film. Le but est qu’il soit vu et aimé par le maximum de personnes. C’est pour cela qu’on fait en sorte d’élargir un peu la cible afin qu’on ne prenne pas ce film uniquement pour un film preschool mais bien pour un film familial. On l’a ouvert à toute la famille, avec la possibilité d’avoir une double et même une triple lecture du scénario. Franchement, il est vraiment agréable à regarder en tant qu’adulte.
Comment s’est fait le choix des voix ?
Pour le choix des voix, on a également fait en sorte d’élargir la cible. C’est pour cela qu’on a proposé à Kev Adams d’incarner Loulou le Pou. Ça nous permet de toucher de manière plus importante les ados et les jeunes adultes. Il nous aide également en termes d’image. On a eu un peu plus de mal à trouver pour Huguette la guêpe. On a longtemps cherché et on est heureux d’avoir convaincu Virginie Efira. C’est une pure actrice, elle pouvait vraiment modifier sa voix en fonction des personnages et jouer le rôle de la méchante même si elle ne l’est pas du tout (rires).
Vous pensez produire d’autres films issus de l’univers des Drôles de petites bêtes ?
C’est toujours délicat à annoncer, mais je peux avouer qu’on a cette idée dans un coin de la tête. Vu l’univers et le potentiel, c’est évident qu’il y a une possibilité de faire une suite. Ensuite, ce sera évidemment lié au succès du premier c’est évident.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Là on enchaine rapidement sur un gros gros film, avec l’adaptation de Croc blanc au cinéma qui a été réalisée par Alexandre Espigares, un réalisateur luxembourgeois. Le film sort le 28 mars 2018. Cela fait trois ans que l’on travaille dessus et on est très heureux du résultat, aussi bien au niveau de la qualité d’image que du scénario. Ce sera d’ailleurs l’un des premiers films réalisés par un Luxembourgeois qui va se vendre à l’international. Si je reste dans l’animation, on est également en train de développer Le Petit Nicolas en film d’animation de Goscinny et Sempé. On fait en sorte de retranscrire au maximum l’univers des auteurs. L’animation va être proche du trait de Sempé. C’est vraiment un film hommage.
Drôles de petites bêtes, le 13 décembre en salles