Texte par Cadfael
Dans quelques jours le monde fêtera Noël et Santa Claus fera rêver non seulement des millions de gamins, mais également les adultes, une fête planétaire qui a oublié ses racines. Cette incroyable machine à business paraissait sérieusement grippée cette année-ci, du moins en Europe.
Une situation particulière
Aux États-Unis malgré les dizaines de milliers de décès et des taux d’infection en progression, les ventes de Noël devraient progresser de quelques points et générer un chiffre d’affaires global de 465 milliards selon les évaluations faites par la Fédération nationale du commerce au détail, ce qui fait une dépense de 700 dollars par adulte. Chez nous cela ne se passera pas de cette manière, au contraire, le confinement décidé à juste titre, sera très probablement bénéfique sur le plan sanitaire, mais mortel sur le plan commercial. Avec un peu plus de proximité face aux commerçants, des règles de distanciation plus strictes et des contrôles intelligemment accrus, on pourrait arriver au même résultat espéré, mais avec moins de casse.
Un moment culturel et spirituel fort
Alors, faisons, de cette fête culturelle et religieuse profondément ancrée dans les rythmes saisonniers de cette Europe qui partage des valeurs communes même si certains politiques croient pouvoir les ignorer, un moment de lumière et de joie.
Cette fête de réflexion et de prière nous fait retrouver au-delà des religions et des peuples un symbole universel, celui de la lumière. Bien avant le Noël chrétien, dont on retrouve les premières traces autour du début du 4e siècle, il y avait les grandes fêtes solsticiales romaines qui elles-mêmes trouvent leur source dans les religions zoroastriennes perses.
Elles marquaient un arrêt du rythme de saisons ; le soleil arrête sa course « sol stat » avant la plus longue nuit de l’année. Il devient symbole de la fin et du renouveau du cycle de la vie annuel qui triomphe de la mort, la lumière a vaincu l’obscurité.
Dans la culture chrétienne ce jour qui est également celui de la fête de Saint l’évangéliste est le point culminant des rythmes saisonniers solaires. Après la nuit la plus longue de l’année, les ténèbres commencent à décroitre et les énergies solaires reprennent lentement leurs droits. La fête de Noël ouvre la phase ascendante du cycle annuel, la phase lumineuse, qui va jusqu’au solstice d’été avec qui, débute à nouveau, la phase descendante.
Le Noël chrétien correspond au solstice de l’ancien calendrier romain, remplacé aujourd’hui par le calendrier grégorien. Déjà Isaac Newton, né un 25 décembre, constatera que l’église au début du 4ème siècle a fixé cette date du 25 décembre de manière à la substituer au solstice d’hiver du calendrier romain.
L’« H’anoucca »
Dans la culture juive nous trouvons le fête de l’« H’anoucca » que le magazine Contrepoints, lancé par Raymond Aron, décrit ainsi en 2016: « H’anoucca tend, de plus en plus, à devenir la contrepartie juive des fêtes de fin d’année : une fête de la lumière (c’était d’ailleurs son nom originel sous les Hasmonéens), prenant place pas trop loin du solstice d’hiver, où les familles se réunissent dans la joie et de plus en plus pour s’offrir des présents. »
La nostalgie des Noëls d’antan
Les Noëls de notre jeunesse avaient un beau rythme : l’approche de ces fêtes sonnait les vacances de Noël, la fin d’un trimestre ; quelques cadeaux, le chocolat chaud à la cannelle et pour beaucoup les retrouvailles lors des messes de minuit, occasion de flirts et de vin chauds. Cette année-ci en dehors de manifestations d’amour sous forme de cadeaux, cela sera pour beaucoup un moment de confinement, de solitude, de deuil. L’éloignement de ceux qu’on aime et l’angoisse provoquée par cet ennemi invisible qui porte en lui les germes de la mort risquent de se faire sentir beaucoup trop souvent. Pour beaucoup d’entre nous, les incertitudes des perspectives d’avenir professionnel ne s’effaceront pas par les lumières des sapins.
Quel bilan ?
La grande politique n’était guère brillante cette année-ci, chez nous les responsables politiques s’en sont plutôt bien tirés dans la lutte contre la pandémie, mais ils oublient que leurs troupes au front, jour après jour, sont au bout du rouleau et qu’une solution urgente s’impose.
Quoi qu’il en soit, à tous les lecteurs de Femmes magazine, et à ceux qu’ils aiment, à leurs amis, rappelons que se battre fait partie de l’histoire de l’humanité qui s’en est toujours sortie. Alors, faisons comme nos grands ainés, ne perdons pas espoir, nos enfants, notre pays et l’Europe ont besoin de nous. Soyons-en sûr, la lumière qui est dans nos cœurs reviendra et le monde n’en sera que plus fort, plus beau et plus sage.