Nathalie Thunus a rejoint la société S.F.C. CONSEIL en 1998 et en est devenue l’un des trois associés en 2011. Une évolution qu’elle doit à son intégrité et, surtout, à sa pugnacité. Si elle n’a jamais faibli dans ses ambitions, elle n’a rien lâché non plus sur le plan familial et prouve que l’on peut évoluer en étant mère de trois enfants.
Elle nous raconte son parcours.
S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de votre parcours, ce serait…
Mon intégrité par rapport à l’entreprise. Même lorsque j’étais encore salariée chez S.F.C. CONSEIL, j’ai toujours travaillé comme si c’était pour mon propre compte, je me suis toujours investie corps et âme.
Avez-vous des regrets ?
Des remords, peut-être, mais aucun regret.
Qu’est-ce qui vous a motivée à devenir cheffe d’entreprise ?
C’était inné. J’ai toujours aimé diriger. Déjà petite, je dirigeais (sourire). Pour la petite histoire, je suis la cadette d’une grande fratrie et même si j’étais la plus petite, je mettais mes cousins sur les bancs de la classe et je devais être la maîtresse d’école, alors qu’ils étaient plus âgés que moi. Vous pensez bien que je n’avais rien à leur apprendre, mais le rôle de la maîtresse était pour moi (rires)…
Est-on vraiment plus libre lorsqu’on l’est son propre patron ?
Sir Winston Churchill disait : « on considère le chef d’entreprise comme un homme à abattre ou une vache à traire. Peu voient en lui le cheval qui tire le char »… Alors oui, c’est vrai, on est libre de son temps, de sa vision d’entreprise et de ses choix. Mais être patron, c’est également, et surtout avoir d’autres obligations : assurer la satisfaction de nos clients, se former continuellement – et notamment aux nouveautés fiscales et comptables qui sont nombreuses dans mon secteur d’activité –, développer le portefeuille client, garantir le paiement des salaires de tous les collaborateurs, être leur locomotive, etc.
Il faut surtout savoir déléguer et faire confiance à son équipe pour ne pas se retrouver prisonnier du temps.
Vous êtes gérante et associée d’un cabinet d’experts-comptables. Être une femme dans cette fonction, que l’on imagine plus masculine, n’a pas été un frein ?
Cela a été certainement difficile d’accorder une place d’associée à une femme qui a deux enfants, et qui en voulait encore à l’époque, et qui ne travaillait que quatre jours par semaine. Mais mon intégrité pour l’entreprise et mon investissement ont été plus forts et mes associés ont décidé de me faire confiance. Je leur en serai toujours très reconnaissante.
Le plafond de verre est-il une réalité également au Luxembourg ?
Oui, je crois. Nous les femmes, nous devons nous battre pour le percer et l’éliminer. Chaque femme qui dispose d’un poste à responsabilité doit y faire face et se battre afin de mettre une pierre à l’édifice pour l’éradiquer.
Les quotas sont-ils, selon vous la seule voie pour parvenir à l’égalité des sexes en politique ou dans le monde professionnel ?
J’en suis persuadée.
Trouvez-vous que le Grand-Duché facile l’entrepreunariat ?
Il suffit de rappeler l’introduction de la SARLS (Société à responsabilité limitée simplifiée dont le capital social est de 1 euro) pour répondre à votre question ! Celle-ci a été mise en place afin que la mise de fonds initiale ne soit plus un frein à l’entrepreneuriat. L’accès y est donc facilité, il suffit juste de disposer d’une sacrée dose de motivation.
Tout le monde est-il capable de manager ?
Non, et c’est ce qui est le plus difficile dans une entreprise. Mais on peut apprendre à manager, il y a toujours des possibilités pour progresser.
Qu’est-ce qu’un bon management ?
C’est surtout être équitable. Ensuite, c’est se remettre toujours en question, être à l’écoute et arriver, par son rayonnement, à motiver ses troupes.
L’arrivée des millenials sur le marché du travail a-t-elle bousculé ses codes ?
Non, pas du tout. Dans une entreprise qui a plus de 45 ans comme la nôtre, je trouve qu’ils apportent de la fraîcheur. C’est à l’entreprise de s’adapter, je dirais.
Sont-ils plus difficiles à manager ?
Non. Ils sont différents et le management qui va avec est différent, mais ce n’est pas plus difficile.
Est-il indispensable d’avoir recours à des réseaux professionnels pour booster sa carrière ?
Il faut surtout maintenir un cap pour booster sa carrière, car il n’y a pas de vent favorable à un voilier sans cap. Dès lors qu’il est défini, il vous suffit juste de cueillir les opportunités qui s’offrent à vous le long de votre chemin.
Avez-vous dû faire des sacrifices pour réussir ?
Oui, j’ai dû renoncer à mes trois congés parentaux. Ensuite, j’ai dû me battre pour obtenir mon 4/5etemps, enfin, être déterminée pour le conserver. Heureusement que mon ex-mari les a pris pour mes deux filles et que mon compagnon l’a pris pour notre petit dernier, cela m’a permis de reprendre plus paisiblement le chemin du travail.
Comment parvenez-vous à jongler entre vie perso et vie professionnelle ?
Je ne jongle pas, je vis pleinement chacune d’entre elles (sourire) ! Quand je suis au travail, je bosse ; et quand je suis à la maison je joue et j’essaye que l’une n’interfère pas sur l’autre, même si parfois ça arrive, mais je limite les cas.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat ?
D’abord, c’est important de s’assurer du soutien de sa famille qui sera votre plus grande source d’énergie et de motivation. Ensuite, entourez-vous de « stars » qui pourront vous épauler et vous guider dans l’aventure. Enfin, ne doutez jamais de vous et suivez toujours votre intuition féminine.