Par Karine Sitarz
Nancy Braun, qui a grandi à la campagne et en a gardé l’amour de la nature, a côtoyé de nombreux secteurs, de la banque à la politique en passant par la culture. À la tête d’Esch2022, celle qui a été coordinatrice adjointe de l’année culturelle 2007, qui est engagée auprès des scouts, croit au pouvoir du collectif. Attentive aux autres, solitaire par moments, elle rêve d’un tour du monde. Rencontre estivale et décontractée autour d’un café dans un parc de la capitale.
La culture était-elle présente chez vous quand vous étiez enfant ? Quel est votre premier souvenir artistique ?
A la maison, pas plus que ça, mais enfant déjà j’aimais le théâtre. À l’école, chaque année l’instituteur montait une pièce, j’adorais y participer. Je me souviens du rôle d’une petite fille qui devait attraper les étoiles qui tombaient du ciel, je me sentais comme une princesse. C’était une découverte pour moi qui ai grandi dans un tout petit village de quatre maisons, Weyer, où mes compagnons étaient les animaux. C’est plus tard, étudiante à Paris puis à Barcelone, que j’ai découvert toute la diversité artistique et multiplié les activités culturelles.
Pourquoi avoir choisi d’étudier l’économie ?
J’étais tentée par l’art, mais il n’y avait pas de négociation possible avec mon père, il fallait étudier la gestion, car il était clair que j’allais devenir commerçante en bois en reprenant l’entreprise familiale. De retour au Luxembourg, j’ai compris que celle-ci n’avait plus d’avenir. Cette période a été un moment très dur, je venais de perdre mon père, je devais décider de liquider la société créée par mes parents et qui représentait mon avenir. J’étais perdue et n’avais aucune idée de ce que je voulais faire.
C’est comme ça que vous êtes arrivée à la banque ?
Oui, même si j’en avais jusque-là rejeté l’idée. J’ai commencé dans une banque anglaise, mais je ne m’y sentais pas bien, puis j’ai rejoint la Banque de Luxembourg, dans le département compliance. Il y avait là des gens formidables, mais je n’étais toujours pas satisfaite. Je m’imaginais 20 ans plus tard toujours en train de faire le même métier ! Il fallait que je change de secteur et c’est là que je suis tombée sur l’annonce pour 2007.
Vous faites donc un grand bond en rejoignant l’association du cerf bleu…
C’est assez marrant, il y avait deux postes à pourvoir, un de coordinateur général adjoint et un de directeur administratif et financier. J’ai postulé pour le premier, mais un concours de circonstances a fait qu’on m’a d’abord embauchée pour le second. C’est un peu plus tard, après plusieurs péripéties, que le CA a décidé de fusionner les deux postes et que j’en ai hérité.
Quelle est la grande différence entre 2007 et 2022 ?
Le niveau de responsabilité fait toute la différence. Et côté équipe, il y a une différence de générations et de façon de travailler. 2022 est axé sur la participation citoyenne, l’inclusion, l’accessibilité et on a la chance de pouvoir se reposer sur ce qui a été fait depuis 1995. C’est plutôt un projet qu’une année culturelle, on travaille sur sa première phase. On a une région de 19 communes, différentes, mais complémentaires, qu’il faut fédérer avec au centre Esch qui se transforme à toute vitesse. Il faut penser durabilité, ressources, réfléchir au partage… Je suis vraiment sous le charme de cette région du sud, il y a tellement de belles choses en train de se développer.
Parmi vos belles rencontres, y en a-t-il une que vous partageriez ?
Peut-être celle à venir (rires). Pour mes 50 ans, l’équipe d’Esch2022 m’a offert un séjour à Dublin dans l’hôtel Clarence qui appartient à Bono. Qui sait, je le rencontrerai peut-être. Je suis vraiment fan de U2.
Quels sont vos futurs projets ?
Me raser les cheveux (rires). Sérieusement, je n’ai pas d’idées précises pour l’instant, j’ai besoin de recul. Il y aura d’abord 2023 avec beaucoup de pain sur la planche ! Puis, avant de m’engager dans un nouveau défi professionnel, je veux me ressourcer. Depuis 2007, je rêve d’un voyage autour du monde, de méditation dans un temple… Je planifierai les choses l’année prochaine.