Le label créatif Mosaert, composé de Paul Van Haver alias Stromae, de sa femme styliste Coralie Barbier, et du directeur artistique Luc Junior Tam, s’invite au Bon Marché Rive Gauche (Paris 7e), du 7 avril au 13 mai, dans le cadre de l’exposition “Mosaert Fabrique”.
L’occasion de découvrir le processus de production du label, mais aussi la Capsule n°5 et leur première ligne dédiée à la maison. Un défilé donnera le coup d’envoi des festivités, vendredi 6 avril. Rencontre avec le trio belge.
Comment est né ce projet avec Le Bon Marché ?
Coralie Barbier : Le Bon Marché a une équipe qui travaille sur l’aspect créatif du magasin, dont les expositions et les vitrines de Noël. Ils sont venus à Bruxelles et nous ont demandé si on voulait avoir une exposition permanente de six semaines pour représenter le label Mosaert. On a voulu faire quelque chose de global et de transversal, de la mode à la musique en passant par la vidéo, mais en partant de la collection mode puisque Le Bon Marché est avant tout un grand magasin.
Pourquoi avoir choisi le thème “Mosaert Fabrique” ?
Luc Junior Tam : C’est justement parce qu’on souhaitait légitimer cette idée de transversalité. Le concept de la “Fabrique” s’inscrit dans cette idée englobante, cet écrin, qui nous permet de réaliser une scénographie, un défilé, des installations visuelles, et de la vidéo qui répond à une bande sonore créée spécialement pour l’occasion. C’est une sorte d’usine fantastique façon “Charlie et la Chocolaterie”.
Ce sera également l’occasion de présenter votre première ligne de décoration. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans cet univers ?
Stromae : Au Bon Marché, il y a du lifestyle, de l’alimentaire et de la déco, on s’est donc dit que c’était l’occasion rêvée pour se lancer. On savait déjà que nos motifs, assez marqués, se prêtaient bien à ce style de produits, donc c’était l’occasion idéale pour les décliner sur du papier peint, des fauteuils, des housses de couette, des serviettes, et de la vaisselle. On voulait le faire depuis longtemps, et le projet avec Le Bon Marché a accéléré les choses.
Coralie Barbier : Ce qui nous amuse c’est de créer des motifs, et de les tester sur des supports différents, comme du velours ou de la maille. L’inspiration est d’ailleurs la même que pour la collection de prêt-à-porter. Il y a même des motifs similaires. Un T-shirt est par exemple assorti à un fauteuil et à une tapisserie.
Luc Junior Tam : Le fantasme de base c’était de rentrer dans Le Bon Marché et de voir ces motifs déclinés sur plein de supports différents, avec des processus de création un peu surréalistes.
Quelle est la source d’inspiration de la Capsule n°5 ?
Coralie Barbier : C’est l’Art Déco et l’Art Nouveau. On avait envie de travailler une autre technique d’impression que celle qu’on avait avec la wax. Avec l’Art Déco, on a aimé travailler tout ce qui est carrelage, brillance et dorures. C’est chouette, car ça colle très bien avec l’identité visuelle du Bon Marché, qui a ce côté un peu Art Déco, avec beaucoup de dorures, etc.
Quelle est votre pièce favorite ?
Coralie Barbier : J’affectionne la collection “home”, car c’était un challenge, mais j’aime aussi beaucoup les claquettes unisexes. Fruit d’une collaboration avec Notify, elles sont en velours, matière que j’adore. Avec nos chaussettes, je trouve que ça rend hyper bien.
Stromae : Moi, c’est plutôt un motif; celui qu’on retrouve sur le papier peint, le fauteuil et l’un des T-shirts. Il représente une fleur Art Nouveau, est hyper élégant et plus facile à porter que nos motifs habituels.
Luc Junior Tam : L’ensemble de jogging beige que je porte sur la photo de campagne, qui a une super coupe, mais aussi les claquettes roses.
Vous allez organiser votre premier défilé, quelle forme prendra-t-il ?
Coralie Barbier : On voulait un défilé assez basique, mais on a quand même travaillé avec la chorégraphe Marion Motin, qui a collaboré sur de nombreux clips de Paul, pour twister cette marche un peu classique.
Stromae : C’est une chorégraphie autour de la marche. L’idée était de la twister et de surprendre avec de la marche avant, arrière, et au ralenti.
Stromae, avez-vous écrit un nouveau morceau pour le défilé ?
Stromae : Oui, ce sera un morceau d’une dizaine de minutes. Il passera une première fois durant le défilé, le 6 avril, mais ne sera disponible que plus tard, aux alentours du 25 avril.
Est-ce que ça annonce un nouvel album ?
Stromae : Non, ça n’annonce rien du tout, ou peut-être juste une envie de refaire de la musique tout seul. Pendant “Racine carrée” (le deuxième album studio de Stromae, sorti en 2013, ndlr), c’était la musique qui dirigeait tout, et on faisait de la mode et de la vidéo autour. Aujourd’hui, au contraire, c’est la mode qui dirige tout, et la musique vient seulement l’accompagner.
Coralie Barbier : Ça aurait été dommage d’utiliser une autre musique que celle de Paul. Il avait envie de le faire, donc c’est bien. Par contre, c’est vrai que c’est la première fois qu’il revient avec des paroles, car il n’a jamais vraiment arrêté la musique.
Le label fêtera ses 10 ans l’an prochain. Vous faites déjà de la musique, de la mode, de la déco, du graphisme, quelle sera la prochaine étape ?
Stromae : L’architecture, peut-être. Mais on aimerait aussi faire du cinéma d’animation. Ce sont des projets dans un futur à moyen-long terme.
Et la Fashion Week de Paris ?
Coralie Barbier : Pourquoi pas un jour, mais il faut laisser le temps au temps.