Conte moderne ancré dans l’époque, celle où de jeunes femmes migrantes se voient obligées de fuir leur pays, Baby Doll suit l’épopée d’Hourria, une jeune Erythréenne de 19 ans, qui décide de quitter son pays pour gagner le continent européen. Au long de son périple, elle fera croire qu’elle porte un enfant en cachant sa poupée sous ses vêtements afin d’échapper aux violences que subissent ces femmes, souvent livrées à elles-mêmes.

Co-produite par la Cité Musicale-Metz, la Philharmonie de Paris, l’Orchestre de chambre de Paris, l’Orchestre national de Lyon, l’Opéra-Orchestre national de Montpellier et l’Opéra de Rouen, cette création symphonique et chorégraphique mêle danse, textes, vidéo et musique, illustrée par la 7e Symphonie de Beethoven.

A l’oeuvre derrière cette épopée ? Marie-Eve Signeyrole, réalisatrice et auteure-metteure en scène qui a notamment collaboré avec Peter Sellars, Laurent Pelly à l’Opéra national de Paris. Rencontre.

  • Comment avez-vous construit ce projet ?

Il s’agissait d’abord d’une proposition de l’Orchestre de chambre de Paris de travailler autour de la 7ème de Beethoven. J’ai proposé de travailler avec un second musicien pour créer un objet symphonique, qui ne serait pas seulement centré sur Beethoven, mais de créer un dialogue avec la musique d’aujourd’hui et de travailler sur le sujet de la migration féminine qui est peu abordé puisqu’on ne donne généralement pas la parole aux femmes. La musique de Beethoven, permettait selon moi, d’accompagner ce propos.

Il ne s’agit pas d’un objet seulement musical. J’ai eu carte blanche pour travailler avec les outils que je souhaitais : ici, du théâtre, de la danse et de la vidéo.

  • Quels sont les apports de ces différents médiums ?

Quand on ne peut plus exprimer les choses par la musique, quand on ne veut pas les exprimer par le corps, on les exprime par une image. Ils ont un rôle de relai. Ce sont des outils que j’utilise en tant que metteure en scène, sans que ce soit dans des lieux pouvant accueillir des grosses productions. Ici, c’était à moi de trouver une façon de raconter une histoire de façon assez minimaliste, d’un point de vue, scénique tout en étant capable d’immerger le spectateur dans un univers auquel il n’est pas habitué.

  • Pourquoi avoir précisément choisi le sujet des femmes migrantes ?

Après m’être intéressée à la question migratoire pour un précédent projet, j’ai découvert que les femmes avaient très très peu la parole, et que la plupart du temps, elles étaient traduites par des hommes, des passeurs, des maris, des frères. Elles ne parlent pas nécessairement anglais. De fait, très peu de récits sont narrés par les femmes elles-mêmes.  J’ai voulu leur donner la parole et faire un projet d’une femme à une autre. Je recueille leur parole et leur confiance. Elles m’ont permis d’écrire un spectacle à plusieurs voix. Je n’avais pas envie de prévilégier une parmi d’autres, elles méritent toutes notre attention.

  • Peut-on qualifier cette création de féministe ?

C’est un projet que je considère citoyen, tout simplement. Je ne sais pas si m’intéresser au drame féminin fait de cette oeuvre, une oeuvre féministe.

  • En tant que femme évoluant dans un univers masculin, quel regard portez-vous sur votre condition  et votre place dans la société ?

La femme a une place dans le monde artistique, et fort heureusement, elle l’a de plus en plus. La plupart des directeurs et directrices qui programment ce projet sont d’ailleurs des femmes. Cela montre que les institutions se féminisent de plus en plus, ce qui est une bonne chose pour les compositrices, les cheffes d’orchestre ou pour les metteures en scène.

On peut considérer que l’idée de ces programmatrices sera donc aussi, de se tourner vers des femmes. Ce qui était beaucoup moins, voire pas du tout le cas avant. Après, les premières personnes qui m’ont programmé ont été des hommes.

Je pense qu’en tant que femme, nous devons nous battre un peu plus pour faire connaître, car nous avions moins de visibilité. Heureusement, nous allons en avoir de plus en plus.

Baby Doll

Vendredi 13 mars 2020

L’Arsenal 

3, Avenue Ney 

57000 Metz

France

Plus d’infos : www.citemusicale-metz.fr

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FIN DU CONCOURS LE 12 MARS A 8h.