Pour les particuliers, les motorisations électriques et hybrides constituent désormais une option de mobilité viable et durable. Mais dans un contexte de morosité sectorielle, marqué par des incertitudes sur la fiabilité et les prix des véhicules, par la baisse des subventions et la hausse annoncée des prix de l’électricité, les particuliers y trouvent-ils toujours leur compte ?

Texte : Marc Auxenfants

La 61e édition du Festival de l’Auto, organisée par la Fédération des distributeurs automobiles et de la mobilité (FEDAMO), se tiendra du 25 janvier au 3 février 2025. Environ 80 concessionnaires exposeront leurs véhicules neufs au grand public, ouvrant également leurs quelque 170 showrooms les dimanches 26 janvier et 2 février. L’événement est en outre une opportunité pour les professionnels de réaliser une partie importante de leurs résultats annuels ; un tiers de leur chiffre d’affaires étant généré au cours des deux premiers mois de l’année. À l’achat d’un véhicule neuf, les particuliers pourront bénéficier d’une reprise intéressante sur leur ancienne voiture et d’une réduction pouvant atteindre 10 000 euros selon les modèles, précise Claire Marchi, directrice marketing et communication chez Autopolis. Mais les particuliers y trouvent-ils leur compte ?

L’ÉLECTRIQUE ET L’HYBRIDE : UNE OPTION VIABLE ET DURABLE

Alors que l’interdiction européenne des ventes de véhicules thermiques neufs, prévue pour 2035, approche, les acquisitions de véhicules électriques s’accélèrent. Les acheteurs se tournent de plus en plus vers les motorisations électriques et hybrides, au détriment notamment des motorisations diesel. Pour les particuliers, ces modèles apparaissent toujours plus comme une option viable et durable.

“La fabrication d’une batterie devrait atteindre en moyenne 113 $/kWh en 2025, puis passer à 80 $/kWh en 2030”

Bloomberg

Cette évolution repose sur plusieurs facteurs, à commencer par les progrès technologiques, notamment concernant la durée de vie des batteries de voiture : après 10 à 15 ans, leur capacité resterait à 70-80 % selon les constructeurs, soit un kilométrage de 200 000 à 250 000 km pour un véhicule correctement entretenu. Par ailleurs, la diminution des coûts de production des batteries continue d’entraîner une baisse des prix des véhicules. Ainsi, selon Bloomberg, le coût de fabrication d’une batterie devrait atteindre en moyenne 113 $/kWh en 2025, puis descendre à 80 $/kWh en 2030, contre environ 130 $/kWh en 2024.
Le développement des infrastructures de recharge est également un facteur clé : plus de 700 bornes de recharge publiques (Chargy) et 88 bornes ultra-rapides (SuperChargy) sont disponibles au Luxembourg. De plus, l’installation d’une borne de recharge à domicile semble accessible, avec un coût variant entre 1 700 et 2 800 euros pour une installation professionnelle, précise le site Luxtoday.lu.

DES INCERTITUDES QUI FREINENT LES CHOIX

Cependant, plusieurs éléments viennent tempérer ces bonnes nouvelles. D’abord, la baisse des aides étatiques « Klimabonus Mobilitéit » depuis le 1er octobre 2024 : pour l’achat d’une voiture 100 % électrique consommant moins de 16 kWh/100 km, la prime est passée de 8 000 à 6 000 euros. Pour les modèles consommant entre 16 et 18 kWh/100 km, l’aide est désormais limitée à 3 000 euros, et elle disparaît au-delà.

Par ailleurs, la hausse annoncée de 30 % des prix de l’électricité à compter de janvier 2025 pourrait ralentir la dynamique observée ces dernières années. Le Conjoncture Flash du STATEC, publié fin septembre 2024, indiquait que les immatriculations de véhicules électriques avaient augmenté de plus de 20 % sur les huit premiers mois de l’année, mais cette tendance pourrait être freinée.

La crise de l’industrie automobile aggrave encore la situation. Si les marques allemandes dominent les ventes (Volkswagen en tête, avec 63 300 véhicules immatriculés en 2024), l’Allemagne a vu sa production automobile reculer de 10 % en 2024. Volkswagen, par exemple, prévoit la fermeture de trois usines en Allemagne, avec des suppressions de milliers d’emplois.

L’OCCASION ET LE LEASING COMME ALTERNATIVES ?

Pour les véhicules d’occasion, une bonne nouvelle : une nouvelle aide financière de 1 500 euros est désormais disponible pour l’achat de voitures électriques d’occasion âgées d’au moins trois ans, sous réserve que le bénéficiaire conserve le véhicule pendant deux ans minimum et ne l’achète pas à un membre de son ménage.

Le leasing ou la location longue durée s’avère également une solution intermédiaire face aux incertitudes. Selon l’ACL, 61 % des nouvelles immatriculations en 2023 étaient en leasing. Des offres comme le « Private Lease » de la Spuerkeess en collaboration avec Leasys Luxembourg permettent d’envisager des locations à partir de 400 euros par mois (TVA incluse), bien que ces tarifs restent élevés pour les ménages à faible revenu.

Une pétition déposée à la Chambre des Députés en janvier 2024 propose d’introduire un leasing social pour les véhicules électriques au Luxembourg, avec des critères de revenus spécifiques et des incitations fiscales pour rendre cette option plus accessible.

TROIS QUESTIONS À CLAIRE MARCHI DIRECTRICE MARKETING ET COMMUNICATION CHEZ AUTOPOLIS

Quels changements avez-vous observés lors de l’Autofestival ces dernières années ?

Nous voyons de plus en plus de professionnels (artisans, chefs d’entreprise) cherchant des solutions adaptées à leurs besoins financiers. Chez les particuliers, deux profils se dessinent : les passionnés d’automobile, attachés à la puissance et à la vitesse, qui privilégient encore les motorisations thermiques, et les acheteurs plus rationnels, sensibles à une démarche durable.

Quelles sont les attentes des particuliers ?

Les clients ont besoin d’accompagnement face à un marché complexe (1 500 modèles électriques et hybrides en Europe). Beaucoup viennent avec des listes de besoins précis, mais sans idée arrêtée sur une marque ou un modèle.

Comment réagissent les professionnels ?

Les vendeurs sont mieux formés pour répondre aux questions sur l’électrification. Les essais routiers jouent un rôle clé pour rassurer les clients.

Article initialement publié dans Femmes Magazine n°262 édition de janvier 2025, à retrouver ici.