Tous les deux ans, le Prix d’Art Robert Schuman donne un aperçu de la scène artistique actuelle des villes-membres du réseau QuattroPole, regroupant Luxembourg, Metz, Sarrebruck et Trèves et récompense un.e artiste émergent de la Grande Région. C’est la luxembourgeoise Lisa Kohl, récemment exposée à la galerie Reuter Bausch, qui en est la nouvelle lauréate.
Lisa Kohl a reçu ce dimanche 11 juin à Trèves le Prix d’Art Robert Schuman 2023. Le jury a salué l’œuvre de l’artiste, née en 1988, comme étant « une combinaison habile de formes d’expression photographiques et cinématographiques, plastiques et auditives ». Dans son œuvre, Kohl soulève des « questions pertinentes sur les problèmes urgents de notre époque », a ajouté le jury lors de la remise du prix.
Doté de 10 000 euros, le prix, qui porte le nom de l’homme politique français né au Luxembourg, Robert Schuman, est généralement considéré comme le plus important prix d’art contemporain de la Grande Région. Cette année, c’est donc la ville de Trèves qui accueille et organise le Prix d’Art Robert Schuman ainsi que l’exposition qui lui est associée au Stadtmuseum Simeonstift.
Pour cette série gagnante, Lisa a axé son travail sur l’analyse et l’exploration de contextes migratoires, de frontières et de non-lieux de vie et de survie. Sa démarche repose sur une vision politique et poétique du territoire et de la transition : mers, déserts, bases militaires, aéroports, autoroutes, installations portuaires, campements, lieux désaffectés ; telle une réflexion sur l’exile à travers la rencontre avec l’autre. « Nous sommes particulièrement heureux pour Lisa, dont les séries sont toujours le reflet de temps qu’elle passe à les concevoir, à appréhender ses sujets avec beaucoup de respect pour leur histoire personnelle. On sort largement de la simple prise du vue, et j’apprécie vraiment suivre son travail et son succès », nous confie ainsi Julie Reuter, fondatrice de la galerie Reuter Bausch à Luxembourg et qui exposait Lisa Kohl il y’a à peine quelques semaines.
L’équipe du prix Robert Schuman poursuit plus en détail sur le travail de Lisa : « L’expérience sur le terrain de Lisa invite à l’exploration d’une géographie de l’intime. L‘intention est d’interroger ses limites à propos des espaces imaginaires, qui habitent le sensible, le désir et le vécu. Comment se rapprocher de l‘inimaginable, construire une tension entre la réalité et sa représentation? Ouvrir des espaces d‘association et donc de rétro-éclairage du réel est au coeur de sa démarche d‘artiste. La base fondamentale est la question de savoir comment traiter le médium de l‘image comme un moyen de représentation et la responsabilité qu‘il implique à l‘égard de ce qui est représenté. A partir d‘un contexte, un espace d‘expérience s‘ouvre, à l‘écoute des personnes qu‘elle rencontre et du sujet à problématiser. Sa pratique actuelle se partage entre des séries photographiques, des installations sculpturales et des performances vidéos-sonores. Liées à des situations et à des lieux, ces interventions renvoient à notre mémoire collective, qui est questionnée poétiquement sur un plan dialogique dans ses œuvres. «
L’exposition est visible jusqu’au 20 août au Stadtmuseum Simeonstift Trier