Les fourberies de Trump font oublier une réalité plus terre à terre. Les pays européens comme le Luxembourg souffrent d’une crise grave du logement. Héritage des générations précédentes de gouvernants, ce sont souvent les mêmes qui sont censés offrir des solutions.
Texte écrit par Cadfael
Le retour de la vache
Depuis juillet 2023 le droit au logement est devenu un objectif à valeur constitutionnelle au Luxembourg. Une absence chronique de vision politique sérieuse et un aménagement du territoire longtemps relégué au second plan produisant des plans d’aménagement de villes sans emprise sur les réalités économiques émergentes ainsi qu’un manque d’unité dans les législations locales ont créé une situation où se loger est devenu un casse-tête. Le jeu des spéculations immobilières et une porosité aux « lobbys » de développeurs constructeurs ayant fait des fortunes colossales ces dernières décennies finissent par étrangler toute dynamique immobilière sérieuse. Dans d’autres pays l’explosion de locations saisonnières avec un tourisme devenu hors contrôle poussent acheteurs et locataires, souvent des jeunes entrant dans la vie active, au désespoir. Les banques qui malgré leurs communications tapageuses sont d’une frilosité exemplaire étouffent les derniers espoirs. Quatre demandes de prêts hypothécaires sur cinq son rejetées selon le président de la Chambre immobilière luxembourgeoise. Quoi qu’il en soit «d’Kou ass um Äis » selon l’expression luxembourgeoise consacrée. « La vache est prise dans la glace », glace qui entretemps a eu le temps de fondre. Et la bonne bête se retrouve dans la « mouise » jusqu’au cou. Même avec des baisses de prix techniques sur des objets existants les jeunes actifs et les économiquement faibles en payent l’addition, au Luxembourg comme ailleurs en Europe.
Prendre note ne veut pas dire agir
Selon les derniers chiffres du Parlement Européen, les prix moyens des logements ont grimpé de 48% entre 2015 et 2023 au sein de l’Europe. Les loyers ont augmenté de 18% entre 2010 et 2022 tandis que les salaires n’ont pas suivi de la même manière. Dans beaucoup de pays un des facteurs clef de cette situation reste« les locations à court terme qui neutralisent des logements ».
La Commission a fait de belles promesse d’aides et un commissaire au logement a été nommé, le premier depuis sa création en 1958 ! Mais toutes les aides concrètes ont été repoussées à 2026. Les maires de grandes villes européennes ont décidé d’agir et de mettre leurs efforts en commun, d’échanger des expériences afin d’obtenir des soutiens de Bruxelles. Les villes de Rome, Bologne, Amsterdam, Athènes, Barcelone, Budapest, Paris, Varsovie, Lyon, Lisbonne, Gand et Leipzig se sont rassemblés, la ville de Luxembourg étant absente. Ils ont appelé à l’activation des clauses de sauvegarde du pacte de stabilité en matière d’investissement en logements. Le 20 février dernier les maires ont plaidé devant le Parlement Européen à l’occasion de la session plénière du comité des régions, un organe consultatif de l’UE composé de représentants élus au niveau local et régional provenant des 27 États membres. Etaient présents le vice-président italien de la Commission en charge du fonds de cohésion et la présidente du groupe de travail spécial du Parlement dédié a la crise du logement en Europe. Le vice-président en charge est un ancien démocrate-chrétien du nord de l’Italie ayant trouvé son salut chez les Fratelli d’Italia de la région de Bari. Selon les médias italiens il serait impliqué et condamné dans plusieurs affaires immobilières. Il a eu droit aux honneurs dans un ouvrage de 2008 intitulé « Se li conosci li eviti » (si vous les connaissez-vous les évitez). Sa contribution actuelle selon la presse est une promesse de doublement des aides de 7.5 à 15 milliards mais pas tout de suite. Se déchargeant élégamment sur le Parlement il a fait comprendre qu’il attendait les résultats des travaux du Comité spécial du Parlement avant de pouvoir agir. La voie est correcte mais le chemin est fastidieux. Les enjeux sont importants car le droit au logement est une pierre de taille dans la stabilité de nos démocraties libérales encore respectueuses de l’état de droit.
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