En mars 2008, le Luxembourg mettait en place un programme de vaccination gratuit contre le virus HPV pour les filles. Aujourd’hui, ce programme de vaccination systématique est étendu à tous les garçons et filles âgés entre 9 et 13 ans.

Le papillomavirus (HPV) est responsable de quasi tous les cancers du col de l’utérus, l’un des cancers les plus fréquents chez les femmes. Ce cancer est une des conséquences les plus connues du HPV. Une vaccination contre le papillomavirus protège contre 90% des cancers du col de l’utérus. Mais, pour que la femme soit protégée correctement contre le HPV, il faut que la vaccination soit pratiquée suffisamment tôt. Avant l’âge des premières relations sexuelles. Les garçons désormais protégés contre le papillomavirus.

Les garçons protégés contre le papillomavirus

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les hommes peuvent également contracter le virus. Vacciner les garçons aurait une double fonction. Premièrement les prémunir contre les maladies associées au HPV – comme les lésions pré-malignes et cancers du pénis, de l’anus, de la bouche et de la gorge. Deuxièmement protéger les jeunes filles qui ne sont pas vaccinées en permettant une « immunité de groupe ».

En effet, outre le cancer du col de l’utérus, le HPV peut être à l’origine des cancers de la vulve et du vagin. Il peut également être à l’origine des cancers de l’anus, du pénis, de la tête et du cou. Ainsi, les hommes contractent un tiers des cancers liés au HPV. Par ailleurs, un quart des cancers de la tête et cou (oropharyngés) sont liés au papillomavirus. Les cancers de la gorge liés à l’alcool ou au tabac sont en baisse, grâce aux campagnes de prévention. Mais le nombre de cancers de la gorge liés au HPV connait une progression inquiétante ces dernières années. En outre, le papillomavirus est également à l’origine de verrues génitales aussi bien chez les femmes que chez les hommes.

Les cancers oropharyngés en forte progression

« Si le lien entre papillomavirus et cancer du col de l’utérus est bien connu de la population, celui entre papillomavirus et cancer oropharyngé reste largement méconnu ou sous-estimé. Or nous constatons une véritable épidémie de ces cancers dus au HPV chez les hommes » indique le Docteur Remacle, Professeur à l’UCL et en charge des troubles de la voix et de la déglutition au sein du service ORL du CHL.

« A l’échelle mondiale, Les cancers ORL ne représentent que 5 à 6% de l’ensemble des cancers. Ceux causés par le HPV deviennent prédominants et représentent aujourd’hui 60% des cas. A ce rythme, le nombre de cancers de la bouche et de la gorge liés au papillomavirus risque même de dépasser celui des cancers du col de l’utérus d’ici 2020. Aux États-Unis, au Canada ou encore en Suède, le pourcentage de cancers oropharyngés dus à un papillomavirus est d’environ 80%. J’espère que nous n’atteindrons jamais ce pourcentage au Luxembourg. Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines puisque ce type de cancer ne se manifeste que 15 à 20 ans après la contraction du virus… » poursuit le Docteur Remacle.

La vaccination comme unique solution

Au Luxembourg, dans la population cible des femmes âgées de 20 à 60 ans, le taux de femmes ayant eu un frottis au moins une fois sur une période de 3 ans est de 71,5 %. Ce pourcentage n’est pas suffisant et une large proportion de femmes reste ainsi affectée par le virus sans suivi. Le dépistage du HPV étant infusant chez les femmes ; compliqué, voire inexistant pour les garçons. Le préservatif ne protégeant que partiellement contre ce virus, il reste la vaccination, complétée par le dépistage, qui constitue l’élément clé pour se protéger contre les conséquences d’une infection aux papillomavirus.

Faits marquants :

  • 80% des hommes et des femmes ayant une activité sexuelle seront infectés par un HPV au cours de leur vie
  • Au niveau mondial, le cancer du col de l’utérus représente 7,5 % des décès féminins par cancer
  • Les hommes contractent 1/3 des cancers liés au HPV
  • Les cancers du col de l’utérus ou de la gorge liés au virus HPV mettent 15 à 20 ans avant de se développer
  • La vaccination contre le papillomavirus prévient également le développement de verrues génitales chez les femmes et les hommes
  • Plus de 300 millions de doses du nouveau vaccin contre le HPV ont été administrées dans le monde. Le vaccin démontre donc un bon profil de tolérance

Avec cette décision de vacciner les garçons, le Luxembourg suit une tendance européenne. En Belgique, par exemple, la Flandre vaccinera les garçons à l’école à partir de septembre 2019 et la Ministre Wallonne de la Santé, Alda Greoli, a annoncé vouloir vacciner les garçons via le programme scolaire. En France, Agnez Buzyn a également confirmé être en faveur « d’une grande campagne de vaccination contre le HPV chez tous les jeunes ».

Le schéma de vaccination dépend de l’âge du patient : 2 doses espacées de 6 mois entre 9 et 14 ans et 3 doses après 15 ans. La vaccination peut se faire directement chez son médecin traitant.

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