Par Cadfael
Après une campagne intense de 107 jours, l’élection présidentielle américaine s’est conclue par la défaite de la candidate démocrate, Kamala Harris. Représentante des valeurs libérales et démocratiques chères aux Européens, elle s’oppose en tout point au futur président, Donald Trump.
Un discours d’acceptation porteur d’espoir
Bien que le cliché de la Belle et de la Bête soit souvent galvaudé, il trouve ici une résonance particulière. Le discours de Kamala Harris, reconnaissant sa défaite, mérite une attention particulière : « Le résultat de cette élection n’est pas celui que nous espérions, pour lequel nous nous sommes battus et avons voté. Mais écoutez-moi bien : la lumière des promesses faites à l’Amérique brillera tant que nous n’abandonnerons pas. Durant ces 107 jours de campagne, nous avons œuvré à la construction d’une communauté, rassemblant des citoyens de tous horizons, unis par l’amour de notre pays et notre engagement pour l’avenir de l’Amérique. Nous l’avons fait en étant conscients que ce qui nous unit est bien plus fort que ce qui nous divise. Notre loyauté ne va ni à un président ni à un parti, mais à la Constitution des États-Unis, à notre conscience et à notre Dieu. Je n’abandonnerai pas le combat pour la liberté, l’égalité des chances, le droit de choisir, l’équité et la dignité de chacun. Nous ne cesserons jamais de lutter pour notre démocratie, l’État de droit, une justice égale pour tous, et pour le principe sacré selon lequel chaque individu, sans distinction de qui il est ou d’où il vient, mérite des droits et libertés fondamentaux qui doivent être respectés et préservés. Nous poursuivrons ce combat par les urnes et devant les tribunaux. Je conclurai par un adage valable dans chaque société à travers les âges : ce n’est que lorsqu’il fait suffisamment sombre que l’on peut voir les étoiles. Je sais que beaucoup ressentent que nous entrons dans une période sombre, mais j’espère que ce n’est pas le cas. Les principes fondamentaux de l’Amérique demeurent ; alors, remplissons le ciel de la lumière de milliards d’étoiles brillantes, la lumière de l’optimisme, de la foi, de la vérité et de la volonté de servir. »
Un gourou autocrate
Le prochain occupant de la Maison-Blanche, Donald Trump, héritier d’immigrés allemands ayant prospéré dans l’immobilier, a grandi dans le quartier du Queens à New York. Historiquement, cette zone était le fief des patrons du crime organisé irlandais et italien. Certains analystes suggèrent que, même indirectement, Trump aurait assimilé certains de leurs codes de conduite. Récemment, le “New York Post” a rapporté les propos de Salvatore “Sammy the Bull” Gravano, ancien mafieux notoire, affirmant qu’il n’avait pas réussi à corrompre Trump par le passé, le qualifiant de “dur à cuire”. À 78 ans, Trump n’a que trois ans de moins que Joe Biden. Durant sa campagne, certains observateurs ont exprimé des doutes quant à sa stabilité mentale. La campagne électorale de Trump a été marquée par une brutalité et une gestuelle inhabituelles. Malgré ses multiples démêlés judiciaires et condamnations, il a assuré à plusieurs reprises aux chrétiens qui le soutiennent que ce serait la dernière fois qu’ils auraient à se rendre aux urnes. Selon “AP News”, 80 % des chrétiens évangéliques blancs lui sont restés fidèles. Promettant un “âge d’or” à ses partisans, Trump a cultivé une haine obsessionnelle des immigrés, affirmant qu’ils “empoisonnent le sang de notre pays”, et a exprimé la conviction que “quand on est président, on dispose de l’autorité totale”. Ces positions s’accompagnent d’un ego démesuré, d’un attrait pour les femmes, notamment celles offrant des services tarifés, et d’une fascination pour l’argent. Dans l’un de ses ouvrages, Hillary Clinton, ancienne candidate démocrate, souligne que certains attribuent à la pensée libérale — l’égalité des sexes, le mariage homosexuel, l’immigration — la responsabilité de la “mort de la vraie Amérique”, c’est-à-dire une Amérique blanche, anglo-saxonne et croyante. Dick Cheney, ancien vice-président républicain sous George W. Bush, a averti que Trump constituait la plus grande menace pour la démocratie américaine avant de rallier Kamala Harris avec son épouse. En réponse, Trump a menacé Cheney du peloton d’exécution.
Les leçons qu’on oublie
Malgré les promesses de Donald Trump concernant la plus grande déportation d’immigrants de l’histoire américaine, une majorité d’hommes latinos ont voté en sa faveur. Cette situation rappelle l’Allemagne de 1932, où Adolf Hitler est arrivé au pouvoir avec le soutien des blocs catholique et protestant, qui avaient négligé de prendre au sérieux les avertissements contenus dans “Mein Kampf” et pensaient pouvoir le contrôler. John Kelly, ancien chef de cabinet de Trump de 2017 à 2019 et général des Marines à la retraite, a récemment averti que Trump avait exprimé son admiration pour certaines actions de Hitler et avait déclaré avoir besoin de généraux similaires à ceux du dictateur nazi. Ces déclarations ont été immédiatement démenties par Trump. Cependant, elles suscitent des inquiétudes quant à une possible érosion systématique de la démocratie américaine de l’intérieur, sous couvert de la promesse d’un “âge d’or” qui, espérons-le, ne durera pas mille ans.
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