Le respect de la vie privée est un des piliers de la démocratie libérale. Il en allait de même de la prohibition de fausses informations ou de paroles racistes, du moins jusqu’à maintenant. Grâce au nouveau seigneur des Amériques le fake news pourra revivre.
Par Cadfael
L’appropriation de donnes privées
Tout le monde connaît ces phrases alambiquées que l’on nous demande d’accepter lorsque nous utilisons des applications numériques. Sur le site d’Apple en français, on peut lire : « Le respect de la vie privée est un droit fondamental, et c’est l’une de nos valeurs clés. C’est pourquoi nos produits et services sont conçus pour protéger la confidentialité de vos données. » /…/ « C’est dans ce modèle d’innovation que nous croyons. » Voilà un message rassurant venant d’une multinationale qui a généré un chiffre d’affaires de 391 milliards de dollars en 2024, et où le commerce des données personnelles est un pilier majeur des revenus. Pourtant, il est presque impossible de savoir précisément quelles données sont collectées, à qui elles sont vendues et quel type de profil est établi à partir de ces informations. Certaines applications enregistrent même vos frappes au clavier et les micro-mouvements de votre souris. C’est ainsi que fonctionne le marketing digital.
Il semble bien que l’angélisme prétendu d’Apple ait pris un coup le 4 janvier 2025. Ce jour-là, un tribunal américain a condamné l’entreprise à une amende de 95 millions de dollars. Aux États-Unis, des millions de propriétaires d’appareils Apple (téléphones, tablettes, ordinateurs) deviennent désormais éligibles à une part de cette somme, suite à un accord négocié avec la justice. Selon Reuters, ces 95 millions ne représentent que neuf heures de profits pour la firme. Sans cet accord, les amendes auraient sans doute été bien plus élevées. Le cabinet d’avocats qui a négocié l’accord percevra 30 % de cette somme, en plus des frais.
Le respect de la vie privée
Cette victoire a été obtenue grâce à une plainte collective introduite après un article du Guardian de 2019. Selon la plainte déposée la même année, l’application SIRI d’Apple peut être activée sans le consentement du propriétaire et enregistrer des conversations qui, ensuite, sont transmises à des tiers. SIRI est apparu pour la première fois en 2014. On la retrouve sur les Mac, les iPads et les téléphones d’Apple. Fonctionnant avec un moteur d’intelligence artificielle, cet assistant virtuel peut exécuter des demandes complexes. Selon Apple, SIRI possède aujourd’hui une « conscience, une capacité de perception via son écran et un algorithme de compréhension contextuelle ». La firme déclarait à la BBC la semaine dernière que « les données de SIRI n’ont jamais été utilisées afin de créer des profils marketing et n’ont jamais été vendues à qui que ce soit », en rajoutant que les données collectées ont juste été utilisées pour améliorer l’application. Tout utilisateur aura remarqué qu’en laissant ses appareils connectés allumés lors d’une discussion, par exemple, sur du chocolat, il se retrouvait envahi par des publicités chocolatées, à moins d’avoir sécurisé correctement l’accès à son appareil. Amazon avec Alexa ou Google avec « Hey Google » ont des applications similaires. Une plainte collective contre Google serait en cours, selon les médias internationaux. En mars 2024, Apple s’est vu condamner à une amende de 1,8 milliard d’euros par la Commission européenne pour pratiques discriminatoires. Dans la même veine, l’association Euroconsumers a introduit une plainte collective contre Apple en septembre 2024. Il s’agit de récupérer 62 millions d’euros indûment encaissés sur un demi-million d’utilisateurs dans quatre pays par la firme lors de l’utilisation d’autres plateformes musicales que celle d’Apple sur ses machines numériques.
Seuls les rapports d’allégeance compteront
Tim Cook le patron d’Apple vient de donner 1 million de dollars au fonds de Trump destiné à son inauguration. L’objectif de Trump est d’atteindre 150 millions. Il s’est aussitôt retrouvé invité dans la résidence aux opulentes dorures de Trump à Mar de Lago. Zuckerberg de Meta, y a également été de son obole d’un million, le prix à payer pour les faveurs éventuelles du futur CEO des Etats-Unis. Dans son admiration d’Elon Musk, Zuckerberg vient de s’aligner sur les nouvelles donnes d’un capitalisme numérique ultralibéral en démantelant son programme de « fact checking » sur Facebook et Meta. Selon le site « The Intercept » se basant sur des documents fuités on pourra de nouveau poster « je suis fier d’être raciste » et autres sornettes du même genre. Se plaignant de l’hyper-régulation de Bruxelles, Zuckerberg n’aura probablement aucun mal à s’intégrer dans le paysage d’une démocrature qui vient de resusciter la politique de la canonnière en revendiquant le Groenland, le Canal de Panama et qui veut faire du Canada le 51ème état américain. Les changements de paradigme à venir feront certainement la joie du Kremlin. Cela augure mal pour l’Europe et la souveraineté de son espace juridique. « Nous vous traiterons bien » c’est ce que selon la presse le fils de Trump a déclaré aux natifs du Groenland lors de sa visite début de la semaine dernière. Sera-ce pareil pour les Google, Apple et alii dont nous européens sommes lourdement dépendants.
Inscrivez-vous à notre newsletter pour découvrir tous les jeudis, des actus locales, des nouvelles tendances mode, des infos culture, business… C’est en un clic avec ce lien !