Amazon applique aux Etats-Unis une nouvelles stratégie de vente : la vente sur invitation. Le client s’inscrit en avance et sera peut-être invité à acheter un objet. Le groupe espère ainsi vendre ses dernières créations : un drone et un robot de surveillance.
Le drone
Amazon possède une société qui s’appelle RING domiciliée à Santa Monica en Californie. Elle s’occupe de maisons intelligentes, de sécurité et d’alarmes. Cette société discrète fondée en 2012 par Jamie Siminoff emploie actuellement 1700 personnes. Ce bricoleur a réussi à vendre sa société, qui développait des alarmes par wifi, à Amazon pour un montant estimé entre 1.2 et 1.8 milliards de dollars.
Vous pourrez acquérir un gadget appelé « Ring Always Home Cam » pour 249.99 dollars sur invitation. Il s’agit d’un mini-drone doté d’une camera qui vole à une hauteur entre un et deux mètres dans votre appartement. Sa caméra surveille tout, intrusion, machine à laver qui déborde, et probablement aussi votre poisson rouge qui a la migraine. Il démarre sa patrouille sur demande via un téléphone mobile par exemple. Au cas où le système d’alarme fourni par Ring se déclenche. Selon ses concepteurs, la caméra ne fonctionne pas lorsque l’oiseau est sur son socle, qu’il rejoint en fin de vol pour se recharger.
Le robot
Le petit oiseau peut être associé, chez vous à Astro, le nouveau robot d’Amazon, lancé en septembre. Pour la modique somme de 999 dollars vous pourrez l’acquérir, mais seulement sur invitation d’Amazon. Cette « stupide chose » comme l’appelait la « MIT Tech Review » du 4 octobre dernier, est essentiellement une caméra sur roues qui surveille tout et enregistre tout à votre insu. Elle se déplace sur 3 roues, transporte des objets de pièce à pièce, fait du vidéo chat, joue de la musique, surveille votre maison et bien sur votre poisson rouge et même vos enfants. Il peut être connecté à Alexa, l’assistant personnel intelligent développé par Lab 126, autre société d’Amazon. Il dispose plus ou moins des mêmes « logiciels » qu’Echo, l’enceinte intelligente d’Amazon, toujours à votre écoute et très invasive. Le robot, dès sa première mise en route, crée un plan de la maison et scanne vos visages, votre voix et vos profils. Selon le site vice.com qui se baserait sur certaines sources en interne du géant de la vente, il ne serait pas fiable et fragile, ce que les responsables d’Amazon démentent formellement.
Le fait est qu’Amazon a une longue histoire de « siphonnage » d’informations via des programmes qui fonctionnent en sous mains, ce qui constitue une réelle menace pour l’espace privé.
La vie privée menacée
Déjà en mai 2019, le site « lesnumériques.com » tirait la sonnette d’alarme au vu des inquiétudes des utilisateurs concernant leurs espace privé. Bloomberg révélait à l’époque que partout dans le monde, Amazon emploie des milliers de personnes pour écouter les enregistrements vocaux des discussions de certains utilisateurs avec leurs assistants Echo.
Pour se défendre, Amazon a déclaré que Google et Apple utilisaient les mêmes méthodes pour améliorer leurs assistants vocaux, à la différence près que la concurrence rend les enregistrements totalement anonymes, tandis qu’Amazon permet aux salariés d’accéder à des informations liées à l’utilisateur : numéro de compte, prénom et numéro de série du dispositif.Il est certain que les assistants vocaux comme, Alexa, Siri ou encore Google Home n’ont pas fini de faire parler d’eux. En sous main ils sont terriblement actifs, peuvent se faire hacker ou être soumis à d’autres vicissitudes du numérique.
On notera avec satisfaction que le 16 juillet dernier la Commission nationale pour la protection des données de notre payss a infligée une sanction record de 746 millions d’euros suite à une plainte collective adressée par l’ONG française « la quadrature du net » en association avec d’autres. La Commission Nationale de Protection des Données était compétente pour traiter la plainte car la société d’Amazon en cause « Amazon Europe Core» est établie sur son territoire. Les détails ne seront publiés que lorsque Amazon aura épuisé toutes les vois de recours. On dirait bien que le Lion rouge se sert de ses griffes. En France, en décembre dernier Amazon et Google ont été sanctionnés à hauteur respectivement de 35 millions d’euros et 100 millions d’euros pour le même genre de faits semble-t-il.