Utilisé pour faire disparaître des tatouages, le détatouage au laser apparaît comme la technique de référence. Et il faut dire que la pratique est en plein boom ! Chaque année, bon nombre de nos concitoyens poussent la porte d’un cabinet pour se délaisser d’un dessin indélébile grâce à des lasers toujours plus performants.

Comme tous les matins, en relevant votre t-shirt sur votre épaule, vous découvrez, non sans regret, ce tatouage Hello Kitty fait après une soirée (un peu) arrosée. Et même si au fil du temps, vous vous êtes presque attaché à cette relique du passé, il serait peut-être temps de le faire disparaître. Technique de référence, le détatouage au laser permet d’effacer l’indélébile. Les (anciens) tatoués sont de plus en plus nombreux à sauter le pas, en effectuant plusieurs séances en cabinet pour retrouver leur peau d’avant. Selon un sondage IFOP, réalisé en 2017 dans l’Hexagone,  environ 25 % des Français de moins de 30 ans ont révélé avoir au moins un tatouage sur le corps et 1 français sur 4 regrette au moins l’un de ses tatouages. « Certes, la demande augmente, mais je défends l’idée que ce n’est pas forcément lié à une augmentation du nombre de regrets. Des solutions existent donc, de nombreuses personnes viennent consulter. La pression induite par l’indélébilité du tatouage s’efface chez certaines personnes, parce qu’ils savent qu’ils pourront se le faire retirer s’ils le souhaitent », constate Marie Jourdan, dermatologue spécialisée en intervention laser.

Qu’est-ce que le détatouage au laser ?

Parmi toutes les techniques mises au point, le détatouage au laser est la technique la plus fiable et efficiente. C’est surtout celle qui impacte le moins la peau. Les lasers pigmentaires, utilisés pour faire disparaître des dessins indélébiles, émettent un faisceau lumineux pour illuminer le tatouage.  Ces derniers ont une particularité, ils diffusent cette énergie sur un temps extrêmement court, ce qui permet de concentrer l’énergie. Cela permet d’éclater une cible qui est dans la peau, sans éclater la peau elle-même. « Cette lumière va être absorbée par l’encre et elle va être absorbée sur un temps tellement court et d’une manière si intense que cela va éclater l’encre dans la peau », note la dermatologue Marie Jourdan. Par la suite, le système immunitaire de la peau puis le courant sanguin et lymphatique vont venir éliminer les particules d’encre au fil des séances.

À quoi ressemble la première séance ?

Avant de se rendre en cabinet, il est conseillé d’appliquer une crème anesthésiante sur votre tatouage. Une fois installée, cette couche protectrice va être nettoyée. Puis, le tatouage va être photographié pour avoir une idée de l’évolution au fil des séances. À chaque rendez-vous, patient comme praticien, doivent impérativement mettre des lunettes pour protéger leurs yeux du laser. Une fois ces prérequis respectés, le dermatologue va illuminer avec des petits impacts l’encre du tatouage, à l’aide de l’énergie du laser. « Nous voyons disparaître le tatouage sous nos yeux, mais c’est en réalité un effet d’optique. Il y a un dégagement de gaz au moment de l’application. Il y a une sorte de décollement entre l’épiderme et le derme qui fait que nous avons une sensation de blanchiment », explique le docteur Marie Jourdan. Des compresses ainsi qu’une crème cicatrisante vont ensuite venir calmer la zone traitée. « Nous prévenons le patient qu’il y aura une inflammation, parfois un œdème qui peut entraîner des cloques ou des croûtes. Pendant toute la durée de la cicatrisation, la zone détatouée doit être protégée du soleil », souffle la dermatologue.

Le tatouage disparaît-il entièrement ?

Le nombre de séances varie selon l’ancienneté, la densité, la profondeur et la quantité d’encre utiliser pour réaliser le tatouage. Cela dépend aussi de la zone sur laquelle il a été dessiné. « Le tatouage est comme un caillou sous la peau, le laser va effriter ce dernier. Si c’est des petits graviers que l’on a sous la peau, cela va partir très vite. Au contraire, si c’est un énorme rocher, il va falloir taper dessus plusieurs fois pour en venir à bout », résume le docteur Marie Jourdan. Les couleurs vertes et jaunes sont les plus compliquées à enlever. Plus le tatouage sera coloré et imposant, plus il sera difficile à effacer. « Nous avons à disposition plusieurs types d’énergie qui sont plus ou moins absorbées selon la couleur du tatouage. Toutefois, il y a des couleurs, plus précisément des molécules, qui posent problème. Par exemple, le vert peut être fabriqué par plusieurs pigments et nous ne savons jamais vraiment lequel. Il y a donc des verts qui vont très bien partir, et d’autres qui vont davantage résister au laser », détaille la dermatologue. Des séances répétées dans un laps de temps très court peuvent venir abîmer le pigment de la peau et faire des marques blanches.

Est-ce douloureux ?

« Oui, cela fait mal », confirme Marie Jourdan, dermatologue spécialisée en intervention laser. La douleur ressentie est très différente de celle perçue pendant la séance de tatouage, puisque des aiguilles viennent piquer la peau pour y faire rentrer l’encre. Ici, c’est un éclatement, donc une douleur très fugace au moment de la séance que l’on peut contrôler en mettant de la crème anesthésiante. On peut compléter, en cas d’appréhension ou de zone très douloureuse telle que la cheville, en injectant un anesthésiant.

Un même résultat sur toutes les peaux ?

Il va sans dire que toutes les peaux ne réagissent pas de la même façon. L’endroit va également énormément influer sur le résultat. « Il existe des spécificités selon l’origine génétique du patient. Ainsi, les personnes ayant la peau mate vont parfois réagir différemment et développer des réactions pigmentaires sur la zone de l’inflammation », précise le docteur Marie Jourdan. Dans ce cas-là, les séances de détatouage vont être suivies d’un traitement esthétique. Le dermatologue va ainsi réparer la peau abîmée, afin de diminuer les hyperpigmentations, en utilisant un laser de remodelage. C’est donc un détatouage en deux temps. « Lorsque l’on détatoue sur une peau noire, il faut aussi adapter la longueur d’onde et espacer les séances. La prise en charge est un peu différente, mais le principe physique reste le même », poursuit la dermatologue.

Détatouage chimique : gare aux arnaques

Récemment, une toute nouvelle technique de détatouage est apparue dans les salons de beauté : le détatouage chimique. Vantée par des publicités peu scrupuleuses, la méthode, celle dite du « stylo magique », s’avère être très dangereuse pour la peau.  « Les techniques dites chimiques vont injecter directement de l’acide dans la peau dans le but de créer une croûte, une brûlure dermique, qui va faire partir le tatouage. Ces dernières sont complètement aveugles et ne font pas la différence entre le tatouage et la peau. Elles peuvent causer des dommages irréversibles », avertit la dermatologue. Ne vous laissez pas non plus tenter par les crèmes magiques ou autres techniques farfelues qui sont de véritables arnaques commerciales, elles ne feront pas disparaître votre tatouage. « Le laser est la technique de référence, car c’est la seule technique, sur le plan physique, qui permet de cibler le tatouage en évitant le plus possible de provoquer des dommages collatéraux dans la peau », conclut le docteur Marie Jourdan.