Il avait prévu d’offrir une nouvelle vie à son restaurant en six semaines à peine. Le pari était osé, et il a été relevé avec grand succès. Comme prévu, toute l’équipe de Ma Langue Sourit, très fière, a repris du service le 17 novembre au soir. Le chef, et désormais maître des lieux (il a en effet acheté le restaurant dans lequel il est établi depuis neuf ans, ndlr.), Cyril Molard nous a reçu en avant-première à l’heure du déjeuner pour nous faire un tour du propriétaire.
Qu’il est doux de revenir chez soi ! Après s’être expatrié six semaines à La Brimbelle – « une belle expérience, mais que je ne suis pas prêt de recommencer (sourire) ! » –, Cyril Molard était très heureux de pouvoir à nouveau investir sa cuisine. D’autant que celle-ci, au même titre que la salle, s’est offert un joli coup de frais et de modernité au passage. Il faut dire que Cyril Molard a tenu à s’entourer des meilleurs pour écrire le second chapitre de l’histoire de son restaurant. Non pas pour en mettre plein la vue – ce serait mal connaître l’homme –, mais pour être plus en adéquation avec sa philosophie, et sa façon de concevoir son métier.
Une mue qui débute bien sûr en cuisine. Grâce aux conseils avisés de Christian Ledur, consultant Horeca, elle a été revue et corrigée afin de faciliter la vie de la brigade : ils jouissent désormais de davantage de place – la plonge ayant été notamment délocalisée en lieu et place de l’ancien bureau – ainsi que de nouveaux appareils, issus de la dernière technologie, leur permettant de gagner toujours plus de temps.
Entre la cuisine et la salle, une grande porte vitrée a pris place afin de permettre aux clients de vivre en direct l’effervescence du coup du feu, ou, pourquoi pas, d’aller passer une tête en cuisine. « Nous aimerions également que les chefs viennent davantage devant. Pour annoncer le menu au moment de l’apéritif, et au dessert, par exemple. L’ambition première de ces travaux de rénovation était de fluidifier les échanges entre la cuisine et la salle. Nous voulons aller vers plus de proximité, plus d’interaction avec nos clients. »
Du côté de la salle, le parti pris a été de conserver l’atmosphère intimiste de cette bâtisse nichée au cœur de la forêt, tout en lui apportant davantage de luminosité. Une grande verrière a ainsi vu le jour en lieu et place de la terrasse, et sera destinée à accueillir les grandes tablées, que ce soit pour des événements privés ou professionnels.
À l’intérieur, le chef et son épouse Anne-Sophie, qui a largement supervisé ce pan du projet, ont choisi de se diriger vers des artisans et des designers, choisis au coup de cœur, afin d‘éviter de retrouver dans leur restaurant les mêmes standards que l’on peut voir un peu partout. La Belge Anne Dory a ainsi créé un service en argile cuit, avec ce petit détail que la matière a été passée à 1230°C, afin de faire ressortir de jolies nuances d’or. Des assiettes que l’on retrouve disposées à même la table cuivrée, signée du ferronnier Jacques Losserand, basé à Annecy. Du métal que l’on retrouve sur les luminaires, graphiques, que l’on doit à Nicolas Brevers chez Gobo Light, des chaises et des sets de table créés sur mesure chez Artiosi, achèvent de faire souffler un vent de modernité sur la salle. Seuls vestiges de l’ancienne décoration, les tableaux du peintre Stéphane Thomas qui égayent les murs clairs.
Enfin, fidèle à son caractère entier, la philosophie de Cyril Molard se retrouve jusque dans les bouquets de fleurs qui abondent dans la salle. L’art floral fait ainsi partie intégrante de son projet de rénovation. « C’est la même chose qu’en cuisine : rien n’est compliqué quand on a de bons produits. C’est également une manière de respecter les gens. Chaque semaine, de nouveaux bouquets de fleurs fraîches égayeront la salle. » Quelques grammes de poésie dans un monde de métal brut. Un délicat mélange de simplicité et de luxe, à l’image de la cuisine du chef étoilé et toqué.
Ma Langue Sourit, 1 route de Remich, Moutfort, Tél: +352 26 35 20 31