Dans un contexte très tendu les élections aux Etats-Unis vont décider de l’avenir de cette démocratie et par ricochet des politiques européennes. Le pays qui se voyait comme une démocratie exemplaire est profondément fissuré.

Par Cadfael

Les enjeux vus par A. Blinken, le secrétaire d’État américain

Anthony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, souligne, dans une analyse parue dans la revue Foreign Affairspubliée le 1er octobre, le contexte des élections américaines comme « une compétition féroce en cours afin de définir une nouvelle ère en matière de relations internationales. Un petit groupe de pays — principalement la Russie en partenariat avec l’Iran et la Corée du Nord, ainsi que la Chine — est déterminé à altérer les fondements du système international. Bien que leurs formes de gouvernance, idéologies, intérêts et potentiels diffèrent, tous ces pouvoirs révisionnistes souhaitent instaurer des systèmes aux règles autocratiques chez eux et renforcer des sphères d’influence à l’étranger. Ils cherchent tous à régler leurs disputes territoriales par la coercition ou la force et à utiliser à des fins militaires les dépendances économiques et énergétiques d’autres pays. »

La Belle et la Bête

Lors d’un meeting la semaine dernière, Kamala Harris, que Trump qualifiait de « stupide » et d’autres noms d’oiseaux, était soutenue par Obama et Bruce Springsteen. Taylor Swift a été l’une des premières stars à la soutenir, suivie par une myriade de célébrités de premier plan, telles qu’Ariana Grande, Barbra Streisand, Beyoncé, Billie Eilish et Finneas, Cardi B, Carole King, Demi Lovato, Eminem, Foo Fighters, James Taylor, Jon Bon Jovi, Katy Perry, Kesha, Linda Ronstadt, Moby, Neil Young, Pink, Stevie Nicks ou Stevie Wonder. De son côté, Trump, avec le catcheur Hulk Hogan et Amber Rose, joue dans une toute autre gamme, comptant surtout des rappeurs tatoués comme Kanye West, Sexyy Red ou Waka Flocka. Comme le commentait avec ironie la rappeuse originaire de Harlem, Azealia Banks : « C’est un drôle d’enfoiré, il a maîtrisé combien de faillites, de shows télévisés, de divorces ? Sérieusement, rien ne peut le tuer. » Deux mondes aux valeurs totalement divergentes !

Des centaines de millions de dollars

Cette guerre par l’entremise de grands shows politiques nécessite une gestion financière digne d’une multinationale. Kamala Harris dispose d’une marge de manœuvre très confortable avec, selon le site Slate, une collecte globale de plus d’un milliard de dollars. Ses fonds proviennent en grande partie de petits donateurs, base de son assise politique, limités à 3 000 dollars par don. Une autre partie provient des comités d’action politique (PAC), où le plafond est de 900 000 dollars. Ensuite, il y a les super PAC, qui concentrent des donations sans limites de plafond, véritables machines à faire – et surtout à défaire – les concurrents. Les noms des donateurs, les montants ainsi que les dépenses sont publics et contrôlés. Harris concentre 81 milliardaires sur son nom et Trump, 51, selon Forbes

Trump et Cie : une menace pour la sécurité nationale américaine ?

Selon les médias, Trump aurait des problèmes de liquidités pour la gestion de sa campagne. Qualifié de raciste, de vulgaire et d’ennemi de la démocratie par des personnalités républicaines qui se sont tournées en soutien à la vice-présidente démocrate, il s’appuie sur de gros donateurs, comme la veuve d’un magnat des casinos à Las Vegas, qui a contribué à hauteur de 95 millions de dollars, ou Elon Musk, avec son super PAC « America », qui pèse 119 millions de dollars selon Forbes du 25 octobre. Ils mettent tout en œuvre pour que « Trump, Dieu et les armes » triomphent, en échange de promesses d’affaires et de postes.

Les révélations du Wall Street Journal indiquant que Trump aurait eu sept contacts avec Poutine depuis sa défaite en 2020, et qu’Elon Musk entretient régulièrement des entretiens confidentiels avec Poutine et son chef de cabinet depuis fin 2022, soulèvent des questions en matière de sécurité nationale. Ayant accès à des informations classifiées, le réseau satellite de Musk, Starlink, utilisé par le Pentagone et l’armée ukrainienne, n’est qu’un des aspects à risque. Selon des informations ayant fuité, Poutine aurait demandé, par faveur envers le président chinois, de ne pas activer ces terminaux au-dessus de Taïwan.

Au-delà des considérations économiques liées aux programmes des deux candidats, il est à noter que 23 prix Nobel américains en économie se sont prononcés en faveur des visions de Harris, les qualifiant de « largement supérieures ». Les enjeux dépassent de loin les États-Unis, touchant aux fondements de notre culture occidentale de la paix et de son système de droits démocratiques. Espérons donc que l’électeur américain prenne la meilleure décision et évite le pire. Que la meilleure gagne !