Texte par Cadfael
Pas très regardant en choisissant Trump comme candidat aux présidentielles le Grand Old Parti (Parti Républicain) se retrouve quatre ans après à renier encore une fois les principes d’une démocratie forte en soutenant leur ex-président « putschiste » face à des juges qui lui demandent des comptes.
Un second impeachment
Il n’y a que quelques jours de cela que le Sénat a voté en faveur de l’ouverture d’un second procès en impeachment en estimant que celui-ci était conforme à la constitution par 56 pour et 44 contre, vote comportant des voix républicaines. Donald Trump a fait savoir que ce procès constituait « la plus grosse chasse aux sorcières de l’histoire des États-Unis » et qu’il refusait d’endosser une quelconque responsabilité pour les faits du 6 janvier qui ont déclenché la prise du Capitole. Pour être jugé coupable, il aurait fallu une majorité des trois quarts de membres du Sénat composé de 100 élus. Malgré 7 sénateurs républicains ayant voté la culpabilité de Trump en se mettant en porte à faux par rapport à la position officielle de leur parti. Les 57 voix pour et 43 voix contre la culpabilité de Trump ne suffisaient pas. Une majorité aux trois quarts, ce qui faisait 67 votes, était nécessaire.
Des couards ?
On notera la déclaration aux justifications tarabiscotées de Mitch Mc Connell, leader du groupe républicain minoritaire au Senat disant qu’il a voté pour l’acquittement de Trump. Son argumentation reposait sur une interprétation constitutionnelle douteuse disant qu’elle n’autorisait pas le jugement d’un président qui n’est plus en fonction. En disant cela, il oubliait qu’il avait soigneusement orchestré la date de début du procès Trump après la prise de fonction de Biden. Pour sauver les apparences, il soulignait que Trump était « dans les faits et moralement responsable » des violences du 6 janvier. Il précisait que ceux qui avaient envahi le capitole l’avaient fait, car ils ont « été nourris de contrevérités par l’homme le plus puissant de la terre parce qu’il était en colère d’avoir perdu les élections ».
Il a souligné que Trump était toujours responsable pour les actes commis pendant son mandat et qu’on pouvait le poursuivre devant la justice criminelle. En effet, les sujets sont nombreux, en commençant par la collusion supposée de Trump et de la Russie, en passant par les divers business douteux de son clan pendant leur séjour à la Maison-Blanche, les déclarations fiscales de Trump ainsi que la prise du capitole considérée comme une atteinte aux principes d’intégrité de l’état américain pour ne citer que les plus importants. Il reste aussi les cas devant les justices de divers états américains. En renvoyant ainsi Trump devant la justice ordinaire, le leader républicain reporte misérablement sur des tiers le fardeau de nettoyer ses écuries d’Augias.
Nancy Pelosi, la femme leader du groupe démocrate et ennemie jurée de Trump et de ses dérives populistes a estimé que « le gros des républicains s’était comporté en couards » et que c’était probablement une « des journées les plus sombres de l’histoire » du Senat.
L’électeur américain désapprouve
Un sondage IPSOS publié le 13 février par l’agence Reuters montre que 76 % des Américains adultes incluant pratiquement la moitié de tous les républicains sont d’avis que le président Trump est au moins partiellement responsable des événements du capitole. 50% des personnes interrogées ont dit qu’ils auraient voté en faveur d’un impeachment s’ils avaient pu et 53% des sondés étaient d’avis qu’il devrait être interdit d’exercer une fonction publique. La base toxique, populiste et d’extrême droite reste fidèle à son guide.
Trump tient la base du parti Républicain. Ses élus ont peur de perdre leur job aux prochaines élections, car leurs électeurs et ceux de Trump sont souvent identiques. De plus, les médias et réseaux sociaux de l’extrême droite sont puissants et n’ont pas peur de passer à la menace. Ne chantaient-ils pas « qu’on pende Pence » lors de la prise du Capitole, Pence le traitre à leurs yeux qui aurait cautionné « le vol de la victoire » revenant au parti MAGA. Soulignons que malgré la soixantaine de recomptages faite sur base de plaintes de Trump pour trucage d’élections, aucune n’a donné de résultats. Les factures de ces recomptages sont en train de parvenir au parti.
Certains républicains sont d’avis que Trump ne pourra plus se représenter « car il est tombé trop bas ». Vu l’odeur de soufre qui le précède, il est pour l’instant peu probable que de grands groupes économiques le soutiennent de peur d’un boycott de leurs produits. C’est d’ailleurs ce qui arrive au groupe de supermarchés PUBLIX, comme le révèle le Wall Street Journal du 1er février. Occupant 225.000 personnes et ayant un réseau de 1200 magasins dans 7 états du sud, un boycott des magasins est lancé e.a. via Twitter. En cause est une donation 300.000 dollars faite au rallye de Trump quelques jours avant la prise du capitole. Trump est évidemment d’avis que « son beau mouvement historique et patriotique, MAGA vient juste de débuter ».
La démocratie est fragile
Pour Biden il est temps de refermer ce « triste chapitre de notre histoire ». La fin de ce procès permet aux élus de se consacrer au vote du paquet de soutien COVID de 1,9 trillion de dollars qui libère des montants conséquents d’aide alimentaire aux millions d’Américains qui souffrent. L’acquittement de Trump est selon lui « un rappel que la démocratie est fragile. Même si le vote final a été l’acquittement, la substance même de l’accusation n’est pas discutable. Il faut rester vigilant. La violence et l’extrémisme n’ont pas leur place aux États unis. Ce sont particulièrement les leaders de ce pays qui ont la responsabilité de défendre la vérité et de démolir les mensonges. »