La santé mentale des populations se dégrade à travers le monde, comme le démontrent plusieurs études ces dernières années. Les problèmes d’anxiété et de bien-être mental sont-ils pour autant des maux liés à l’époque que nous vivons ou bénéficient-ils d’un meilleur éclairage ?
Guerre en Ukraine, pandémie, éco-anxiété, … L’actualité de ces dernières années a fait surgir la question de la santé mentale. Selon l’enquête CoviPrev, créée suite à la pandémie de Covid-19 et mise en ligne par Santé Public France, un tiers des Français “présentaient un état anxieux ou dépressif” en 2021.
La santé mentale est-elle propre aux années 2020 ? “À partir du moment où il y a des humains se pose la question de la santé mentale”, explique Quentin Gicquel, interne en santé publique. Le mot “mental health” a d’ailleurs émergé au milieu du XXe siècle. Aux Etats-Unis, le National Mental Health Act (loi sur la santé mentale) entre en vigueur en 1946. L’objectif est d’améliorer les traitements et diagnostics des maladies mentales, mais aussi l’accompagnement des anciens combattants.
En Europe, l’Organisation Mondiale de la Santé crée l’Unité de Santé Mentale en 1949. Son rapport publié en 1961 pointe déjà les problèmes de santé mentale chez les jeunes adultes. “L’hygiène mentale revêt une importance particulière dans l’industrie puisqu’un quart au moins de l’absentéisme s’explique par des perturbations mentales diverses relevant habituellement de la névrose”, précisent-ils.
La question se pose aussi pour les enfants. Afin de ne pas perturber leur développement psychologique, les spécialistes suggèrent aux parents de “faire preuve de souplesse” dans l’éducation. Parmi leurs recommandations, ne pas être trop strictes au niveau de l’heure des repas et des contraintes pour l’activité physique. En revanche, ils préconisent aux mères d’entretenir des relations affectueuses avec leurs bambins.
Un sujet encore tabou
Les services publics se sont emparés de la question depuis plus de cinquante ans, mais jusqu’alors le terme de “santé mentale” restait encore peu connu du grand public. Pour Quentin Gicquel, président de l’association Imhotep, qui œuvre pour une communication bienveillante autour de la santé, “le terme ‘santé mentale’ est encore trop renvoyé aux pathologies psychiatriques”. Un constat partagé par une enquête Ifop pour la Fondation AÉSIO qui révèle que près de trois quarts des Français estiment que la parole autour de la santé mentale est toujours taboue.
Pourtant, la parole se glisse peu à peu dans le débat public et certains sportifs se placent en porte-étendard de ce combat. En 2021 la gymnaste Simone Biles avait déclaré forfait lors des Jeux Olympiques de Tokyo, en déclarant au monde qu’elle devait se recentrer sur sa santé mentale. Plus récemment, l’ex-nageur multimédaillé Michael Phelps abordait la dépression et l’anxiété qu’il combat “presque tous les jours” lors du festival “Demain le Sport”.
C’est dans ce sens que Quentin Gicquel, avec l’association Imothep veut profiter des JOJP de Paris pour ouvrir le dialogue autour de la santé mentale, en englobant le bien-être. Car, selon lui, “ce mal se soignera par la libération de la parole”. Ainsi, Quentin Gicquel espère que “chacun pourra avoir des ressources pour sortir du creux de la vague”.