La mode non genrée, unisexe, ou mixte, ne fait plus exception. Les marques se succèdent aujourd’hui pour présenter des collections de prêt-à-porter destinées à tous. Et si le secteur de la lingerie pouvait apparaître comme le dernier rempart empêchant de faire voler en éclats les stéréotypes de genre, il semble désormais prêt à embrasser une nouvelle ère où culottes, strings, caleçons, et autres brassières, sont l’affaire de tous les corps, sans distinction aucune.
Si certains la voient comme une ‘lubie’ ou un ‘phénomène’, force est de constater que la mode non genrée s’impose progressivement dans les rayons des grandes enseignes de mode, comme des plus grandes maisons de luxe, à l’instar de Gucci. La marque italienne en a fait une alliée de choix pour séduire la fameuse – et indomptable – Gen Z, proposant sur son e-shop une section entièrement consacrée à la mode non-binaire, Gucci MX. Les géants du prêt-à-porter – fast fashion, mode éthique, luxe, etc. – sont désormais nombreux à s’être lancés sur ce créneau qui bouscule des codes établis depuis… toujours.
Vers la fin des stéréotypes
Le secteur de la lingerie a mis plus de temps à s’émanciper des normes genrées, mais elle entame désormais – doucement mais sûrement – sa mue. Il n’est pas question de troquer ses collections ultra-féminines, si ce n’est sexy, contre des lignes mixtes essentiellement axées sur le confort, mais de les faire cohabiter. Après avoir fait voler en éclats certains diktats liés à la beauté, et plus particulièrement à la minceur, avec un (plus) large éventail de tailles, voire l’introduction de la ‘taille unique’, les marques de sous-vêtements ont progressivement introduit des pièces de lingerie non genrées dans leurs collections. Elles sont désormais nombreuses – bien que toujours pas la majorité – à proposer de l’underwear pour (absolument) toutes les expressions et identités de genre.
En France, la marque Undiz, qui cible avant tout la génération Z, compte parmi les premières à avoir sauté le pas. Dès l’été 2021, la griffe a dévoilé la capsule ‘No Gender’ composée de prêt-à-porter et de pièces plus intimes mixtes. Mais c’est Etam, avec la collection ‘I/ELLE/S’, qui semble s’être démarquée au printemps dernier. L’entreprise familiale centenaire dont la force de frappe dépasse nos frontières s’est affranchie des codes traditionnels pour concevoir une collection aux coupes neutres mettant à mal toute notion de genre. Axée autour du confort et de la liberté de mouvements, mais pas que, la collection comprend pour la première fois des boylegs, bodys, slips et brassières mixtes. Non contente de combler les attentes de celles et ceux qui ne souhaitent plus être enfermés dans des cases, la marque participe également à faire évoluer les mentalités.
Une lingerie résolument plus inclusive
Au-delà des frontières de l’Hexagone, certaines marques semblent avoir déjà un coup d’avance, si ce n’est plus, à l’image de Cantiq Los Angeles, ou Cantiq LA, qui décline ses bodys et sous-vêtements les plus sexy pour tout le monde. Jeux de transparence, dentelle, bralettes, et autres shortys ne sont plus (uniquement) réservés à la gent féminine. Et cerise sur le gâteau, il ne s’agit pas d’une collection spécifique, mais bel et bien d’une seule et même gamme destinée à l’ensemble de ses clients.
Même constat pour la marque Boy Smells, initialement connue pour ses bougies et ses parfums, qui a lancé la collection ‘Unmentionables’, pensée pour toutes les morphologies et toutes les identités de genre. Conçue dans un tissu confortable, elle fait elle aussi la part belle aux coupes neutres, pour s’adapter à tous les corps, et se compose de bralettes, de culottes, de shortys, et de caleçons.
Puisque la lingerie était jusqu’alors essentiellement une histoire de femmes – les collections étant bien plus diverses et variées pour la gent féminine – ce sont ces pièces dites féminines qui semblent aujourd’hui séduire ces messieurs. Mais pas seulement. Les caleçons et boxers, jusqu’alors réservés aux hommes, font également le bonheur de tous. Une chose parfaitement intégrée par la marque Lucky Skivvies, qui propose des boxers longs non genrés dans une large gamme de tailles, et des motifs qui ne devraient laisser personne indifférent.
Des exemples qui prouvent que la lingerie non genrée est tout sauf une utopie, et qu’elle tend à s’imposer comme un nouveau segment de choix dans les rayons de nombreuses marques et enseignes. Il ne s’agit pas de mettre un terme aux sous-vêtements dits traditionnels, mais de faire en sorte que la lingerie n’exclut personne de ses rangs.