L’IA n’a pas de frontières. Elle a fait irruption dans nos cultures induisant un changement de paradigme. Elle est devenue un enjeu majeur dans la vie des nations avec une Europe à la traîne.
Par Cadfael
Un enjeu planétaire
Au-delà des discours apaisants de certains dirigeants, on s’aperçoit qu’il y a un profond malaise face à cette technologie tentaculaire. Sa maîtrise est devenue un enjeu de puissance politique, militaire et économique. L’Europe peine à appliquer une politique commune forte à cette source de pouvoir et de contrôle. Le défi est loin d’être gagné avec ses dirigeants actuels, que l’économiste Wolfgang Münchau, directeur d’Eurointelligence, a qualifié «de pions dans un jeu qui les dépasse».
Dallas chez les techno-seigneurs
Le 27 janvier les titres de NVIDIA, leader mondial du calcul informatique et de l’intelligence artificielle plongeaient de 18%, détruisant 560 milliards de capitalisation boursière en quelques heures. Ce sacro-saint producteur de super puces électroniques, rapatrié de Taiwan vers les Etats-Unis sous Biden, est essentiel au fonctionnement des algorithmes de l’IA. La cause : le chinois « DeepSeek » venait de lancer une IA beaucoup moins chère et selon son promoteur tout aussi efficace. Selon Apple Store « DeepSeek », dès le 27 janvier devenait l’application numéro un en téléchargements. L’agence Euroconsumers et les agences de protection des données irlandaises et italiennes ont introduit une plainte du fait que « DeepSeek » stockait les données personnelles des clients sur des serveurs chinois et que leur utilisation finale était inconnue. Quelques jours plus tard Ali Baba, l’Amazon chinois, annonçait le lancement de son propre modèle « le qualifiant d’encore plus performant que celui de DeepSeek». Cela s’est fait malgré les contrôles américains en matière d’exportations de super puces AI. Une enquête est lancée afin de déterminer si la Chine n’a pas acquis les briques technologiques et des algorithmes via des tiers.
Être ou ne pas être (très grand)
Une compétition féroce est enclenchée. Aux Etats-Unis le japonais Softbank, Open AI et Oracle ainsi qu’MGX, le fonds technologique des Emirats, projettent d’investir 500 milliards dans ce que Trump baptise Stargate. C’était le nom de code d’un programme de la CIA des années 70 destiné à tester des hallucinogènes. Zuckerberg y met 65 milliards pour un seul data center de la taille « d’une partie significative de Manhattan ». L’homme le plus riche d’Inde veut terminer dans le 24 prochains mois la construction d’un centre de calcul de 3 gigawatts, 5 fois la taille du plus gros centre de Microsoft aux États Unis. Musk le « génie », ennemi d’Open AI, fera bien-sûr mieux que tout le monde. A un degré plus modeste l’Espagne met sur le marché une application de type « chatgpt » destinée aux entreprises et structures publiques, adaptable à leurs besoins et indépendante des grandes multinationales.
Besoins olympiques en énergie
Qu’il n’en déplaise au dogmatisme régressif des verts, cette course exige des quantités astronomiques d’énergie. Selon l’université de Yale la consommation des seuls centres de calcul doublera par rapport à 2022 pour atteindre 1000 Terawatt en 2026 soit l’équivalent de la consommation du Japon. Les Etats-Unis ont recours au gaz bon marché ou à l’énergie atomique. La Chine booste sa production de charbon de 75 millions de tonnes pour 2025. L’agence Argus constate qu’en 2024, elle a atteint une consommation totale de 4.9 milliards de tonnes, 56% de la consommation mondiale, un quart des émissions à gaz de serre mondiales !
La consommation d’eau pour le refroidissement des réacteurs suit une courbe identique. Elle est pompée localement, doit être exempte d’impuretés et de bactéries ce qui en 2022 représentait pour Google 20 milliards de litres.
La solution serait-elle dans les sommets ?
Les 10 et 11 Février prochain aura lieu à Paris le « Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle » réunissant chefs d’état et dirigeants économiques, politiques et universitaires. La France veut se positionner comme « leader mondial » en la matière. Le 11 février, l’Agence française de cybersécurité organisera un exercice sur grande échelle de cybersécurité impliquant des centaines d’acteurs de divers pays. Un petit pas sur une voie tortueuse ?
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