De la ligne trapèze à l’assemblage des prismes colorés en passant par des jeux d’optique créés par l’opposition du noir et du blanc : la modernité d’Yves Saint Laurent s’illustre par les formes géométriques de ses créations dans une exposition à Paris.
L’exposition qui ouvre vendredi au musée Yves Saint Laurent est l’occasion de “montrer une facette moins connue du couturier qui nous est apparue très actuelle, contemporaine, graphique” à travers les pièces qui étaient peu exposées, déclare Elsa Janssen, directrice de l’établissement.
Dans la lignée des célébrations en 2022 des 60 ans de la maison, lorsque les tenues d’Yves Saint Laurent se sont incrustées dans les collections de six musées parisiens dont le centre Pompidou, le Louvre et Orsay, les silhouettes présentées dans l’exposition “Yves Saint Laurent-Formes” sont mises en scène dans le décor imaginé par la plasticienne allemande Claudia Wieser.
Ses panneaux céramiques, miroir et sculptures se trouvent en résonance avec les formes pures, graphiques et colorées des vêtements, chapeaux et chaussures. “On révélera d’autant plus son génie et la pérennité de son œuvre en invitant des artistes vivants contemporains à poser leur regard sur l’œuvre d’Yves Saint Laurent”, souligne Elsa Janssen.
Le travail sur les formes commence dès 1958, lorsque Saint Laurent, alors directeur artistique chez Christian Dior, signe la ligne “Trapèze”, une silhouette qui s’inscrit dans l’histoire de la mode. La recherche de la ligne et la verticalité se traduira dans le “jumpsuit” (combinaison) créé en 1968 et qu’on retrouvera dans plusieurs collections ultérieures. La couleur, dont le couturier fera un usage radical, contribue à perfectionner le travail sur les formes. “Dès la fin des années 60, il fait des assemblages qui sont presque contre-nature en haute couture”, souligne Serena Bucalo-Mussely, responsable des collections du musée.
Une tenue avec des “blocs” de couleurs bleu, bleu électrique, rouge est ainsi rehaussée avec une étole fuchsia. L’élément jaune vif vient souligner la coupe nette d’une veste noire. Quant à un manteau blanc avec des bandes noires de la collection Mondrian de 1965 “d’une intemporalité évidente”, seul le fait qu’il est en vraie fourrure ne le rend “pas complètement” moderne, ajoute Elsa Janssen.