Jupes coréenenes et emballage japonais revisités: la plus internationale des Fashions weeks, a démarré lundi à Paris sur une note asiatique.
La collection poétique de la marque japonaise Mame Kurogouchi (photo) suivie d’une ironique de la coréenne Kimhekim, qui figurent pour la première fois sur le calendrier officiel de la semaine du prêt-à-porter femme à Paris ont ouvert dans la soirée le bal des défilés.
La Japonaise Maiko Kurogouchi qui avait fait ses armes chez Issey Miyake a conçu ses vêtements comme une “protection du corps” pour “emballer le coeur” en s’inspirant de l’histoire de l’emballage des confiseries wagashi. D’où les superpositions multiples pour des silhouettes enveloppantes et aériennes. Des sacs en PVC, marque de fabrique de la créatrice, sont translucides et couverts d’une multitudes de franges pour apporter une touche futuriste à ce vestiaire cool où domine le vert accessoirisé avec des chaussures plates ou à petit talon à bout pointu.
Ancien de Balenciaga, le Coréen Kiminte Kimhekim a dessiné une collection mélangeant le costume traditionnel coréen et l’uniforme, imposé aux lycéens dans son pays, au streetwear avec une touche de “provocation”. Dans sa collection le designer revisite également la longue jupe traditionnelle coréenne, chima, fabriquée par des artisans à Séoul, en la mixant avec des bodies sportswear ou chemises blanches, un clin d’oeil aux uniformes. Une partie de la collection est baptisée ironiquement “Buy it if you can” (achète ça si tu peux) comme une veste gigantesque associée à un pantalon deux fois plus long que d’habitude ou une cravate demesurée.
“Certains disent que ce n’est pas portable, mais je m’en fiche, si vous pouvez, achetez!”, a déclaréle à l’AFP le créateur qui revendique le plaisir d’expérimenter.
Il s’est retrouvé sous les feu des projecteurs lorsque l’actrice Elle Fanning avait porté en août une robe Kimhekim rose transparente ceinturée d’un noeud gigantesque. De tels noeuds se portaient au défilé comme couvre-chef ou une jupe ceinture sur un body. Une mini-robe, un ensemble ou des cuisards noirs ont été couverts de labels Kimhekim, cousus à la main, une façon de mélanger le côté industrie et couture, selon le créateur.
Le styliste coréen Rok Hwang a clôturé la journée de lundi avec sa marque Rokh basée à Londres et qui défile pour la deuxième fois à Paris avec le show intitulé “Field trip” (Promenade dans les champs) dont la pièce phare était le trench destructuré porté avec des baskets.
La mode se met au vert
Dans l’attente des défilés, les défenseurs des animaux ont profité lundi de la Fashion week pour demander aux marques de renoncer au cuir et fermer les élevages de visons.
Sur fond de la tout Eiffel, des militantes de la PETA se sont déversé sur la tête des seaux remplis de “boue toxique” noirâtre pour “rappeler aux acteurs de la mode du monde entier que +le cuir est une sale affaire+”.
L’association One Voice a de son côté lancé “en écho à la Fashion Week” une campagne contre les élevages de visons en France en dévoilant une vidéo sur les conditions de détention dans quatre des cinq fermes à vison de l’Hexagone avec des images d’animaux enfermés dans des cages exiguës et sales.
La réflexion écologiste devient de plus en plus incontournable pour les acteurs de la mode. Fin août, quelque 150 grandes maisons ont signé à l’occasion du G7 à Biarritz le “Fashion pact” en s’engageant à réduire leur impact environnemental, une initiative menée par le géant du luxe Kering qui possède notamment Saint Laurent et Balenciaga et à laquelle se sont joints Chanel et Hermès.
La holding LVMH à laquelle appartient Dior n’a pas signé le pacte, mais la réflexion sur l’environnement et la mode durable sera le thème central du défilé qui aura lieu mardi, d’après des informations dévoilées par la maison sur Instagram.
La scénographie du défilé conçue en collaboration avec l’atelier de paysage contemporain Coloco est pensée comme un “jardin inclusif” peuplé de 160 arbres qui seront ensuite replantés sur plusieurs espaces à Paris.