Depuis que l’assassinat de Mahsa Amini et que les premières manifestations de femmes ont amorcé un mouvement populaire, les ayatollahs, maîtres de l’Iran, répriment, torturent, tuent.

Par Cadfael

Les femmes contre une théocratie mortifère

En Iran, les condamnations à mort se suivent et se ressemblent : les juges de cette théocratie mortifère crachent leur venin. Pour pouvoir survivre, la dictature en place embastille, torture, viole. La mort de Mahsa Amini, une jeune femme iranienne d’origine kurde qui a été assassinée par la police des mœurs le 16 septembre dernier, a déclenché un vaste mouvement de contestation qui selon les observateurs couvait depuis longtemps. Mahsa était en visite avec sa famille à Téhéran lorsqu’elle a été arrêtée le 13 septembre pour « port inapproprié de vêtements ». Après deux jours dans le coma, elle décède. Des témoignages fuitent sur les réseaux avec des radiographies de son crâne. Ils accréditent la thèse du tabassage à mort. Aux premières manifestations de femmes dans diverses villes du pays, répond une répression disproportionnée, du moins aux yeux aux yeux des démocraties occidentales. La contestation s’étend à d’autres villes, et ce qui est nouveau, depuis 4 mois elle touche toutes les couches sociales de la population, féminines comme masculines.

Selon France info du 15 janvier, les manifestations continuent. « Dans les rues de Téhéran, une simple bataille de boules de neige est un geste de protestation, car des femmes sont dehors, sans voile, risquant la prison. […] On a décidé de changer notre façon de protester, car la répression était sauvage . On payait un trop lourd tribut. (…) On imprime des tracts, on les distribue dans la rue. Tout ce que le régime demande de faire, on fait l’inverse », témoigne une manifestante. 

Une répression à grande échelle

Depuis le début des protestations il y a quatre mois, les ONG de droits de l’homme estiment que plus de 19.000 personnes ont été arrêtées et au moins 525 personnes tuées comme Maryam Esmailzadeh abattue de trois balles dans la poitrine et la tête. Plus de 80 personnes ayant participé aux manifestations se retrouvent devant les tribunaux avec des procès truqués. Les chefs d’inculpation sont les fameux crimes de « moharebe » c’est-à-dire d’« inimitié envers Dieu » et de « corruption sur terre ». Ils sont généralement punis par la peine de mort. A cela se rajoute selon les cas, violence envers du personnel de maintien de l’ordre, espionnage et collusion avec une puissance étrangère. Le cas du coopérant belge de 28 ans travaillant pour une ONG et qui a été condamné à 40 ans d’emprisonnement, 74 coups de fouet et une amende pour espionnage et blanchiment est symptomatique. Selon la BBC il a été déclaré coupable de toutes les accusations sans même les connaître. Il s’agit d’un kidnapping d’état, la rançon demandée à la Belgique est la libération d’un diplomate iranien de 41 ans arrêté l’année dernière pour avoir planifié un attentat à la bombe contre un groupe d’opposants en exil. Selon le quotidien « la Libre » du 11 janvier, une vingtaine de ressortissants occidentaux dont 7 Français sont retenus en Iran, surtout des binationaux condamnés a de longues peines, suite à des procès secrets. Le 17 janvier, un ressortissant allemand non identifié a été arrêté par les forces de l’ordre sous prétexte d’avoir photographié des sites pétroliers.

Chaque jour apporte son lot d’arrestations et de condamnations : des bahaïs, des sculpteurs, des avocats, des médecins… avec une obsession quasi maladive visant les femmes, ces créatures de Satan qui ont osé protester publiquement et ne plus vouloir du hijab ce signe misogyne de soumission.

Pourquoi le hijab ?

Sur un site islamique ultraconservateur on peut lire issu de la plume d’un « lettré » : « Il est bien connu que la découverte des cheveux aggrave la tentation dont elle est l’objet de la part des hommes et suscite leur désir à son égard (et pousse) vers les turpitudes. L’Islam veut une société propre dans laquelle les plaisirs charnels ne débordent pas et il n’y a pas d’agressions. Or le fait que la femme exhibe ses atouts de beauté, dont sa chevelure – peut en faire une source de tentation et peut ouvrir la voie du mal à ceux qui veulent s’y engager. » Cela se passe de tout commentaire. Alors que dans nos démocraties il y a des femmes qui réclament haut et fort le droit de porter le hijab, en Iran, pour avoir goûté aux joies quotidiennes de la pureté religieuse, beaucoup de femmes n’en veulent plus.

La peine de mort comme outil de gouvernement

Le 8 décembre dernier, Mohsen Shekari a été pendu, la première victime de la justice expéditive des ayatollahs. Selon Amnesty International un haut gradé des forces de sécurité iraniennes a signé une demande exigeant dans un délai le plus court possible, l’exécution publique du prochain condamné comme « un acte de sympathie et de soutien envers les forces de sécurité ». Le 12 décembre on pendait en public, Majidreza Rahnavard à une grue. Sur le web on peut trouver la liste de dizaines de condamnés à mort, le plus jeune ayant 18 ans.Dans un pays qui possède 38 agences de sécurité et de police et où la brutalité est un outil de gouvernement au même titre que la peine de mort, le régime a peu de chances de changer dans un avenir proche. Selon “Radio Free Europe / Radio Liberty” les budgets à venir alloués aux polices politiques et aux prisons ont augmenté de 50%, celui des gardiens de la révolution de 28%, et celui de la propagande (radio et télévision) de 42 %, cela au détriment d’investissement économique ou social.